Aimée Gestelle, l’infirmière martiniquaise de l’ALN

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63 ans après le déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale, des chahids et des chahidas, ayant payé de leur vie le recouvrement de la souveraineté nationale, demeurent anonymes.

Personne ne pourra nier les grands sacrifices consentis par tous ces étrangers et ces étrangères, d’origines différentes, qui épousèrent la cause du peuple algérien, dès le déclenchement de la guerre. «Qui se souvient de la Martiniquaise Aimée Gestelle, infirmière de l’ALN, tombée au champ d’honneur à Tafoughalt dans l’actuelle commune d’Aït Yahia Moussa, durant l’opération jumelles ?». C’est là une question qui attend des réponses. C’est le frère de l’époux de cette héroïne, dont le mari, le chahid Ahmed Améziane Lounnas, était tombé arme à la main dans le même village la même année, qui revient sur le cas de cette combattante de première heure. A rappeler que le chahid Ahmed Améziane Lounnas est né le 26 novembre 1938 à Draâ El-Mizan. Après l’obtention d’un CEPE avec mention (premier de la circonscription), à l’âge de 14 ans, il intégra un lycée à Tizi-Ouzou. Mais il abandonna ses études comme beaucoup de ses camarades, faute de moyens. A l’âge de 17 ans, il s’exila en France où il fut hébergé par son frère Ahcène, qui deviendra, plus tard, officié de l’ALN. Il fut ensuite employé dans une blanchisserie à Malakoff (Paris). Et c’était là qu’il fut contacté par les éléments de la Fédération de France, en lui confiant de nombreuses missions, dont la distribution de tracts et la collecte de fonds… Tombé malade, il fut envoyé dans une maison de repos, dans le département des Landes. Après sa sortie de ladite maison de repos, il rentra au pays en compagnie de son épouse, une Martiniquaise, Aimée Gestelle, infirmière de profession. Dès son arrivée à Draâ El-Mizan, il prit contact avec Ouhada Arezki n’Rabah, Ouhada Mohamed et Yakoubi Ali, avec lesquels il activa en se chargeant du ravitaillement, des médicaments… Il s’exerça même sur une machine à écrire portative, en tapant des documents que lui donnaient les membres de l’ALN. Ses activités clandestines, au sein de l’organisation, se déroulèrent dans le restaurant de son père à la Rue d’Isly, aujourd’hui, rue Aïssat Idir. En 1958, il rejoint l’ALN à Sanana, son village natal, sous les ordres de Hocine Hikem, connu sous le sobriquet «Hocine Le Noir». Il tomba au champ d’honneur à Tafoughalt en 1959. Pour revenir à l’histoire de son épouse, celle-ci ne voulut pas rester cloîtrée dans la maison de ses beaux-parents. A vrai dire, elle était prête à se sacrifier pour le pays, tout comme son mari. Elle décida, alors, de rejoindre son époux au maquis. «J’avais à peu près sept ans. Je gardais toujours son image. C’étaient ma mère et ma sœur qui lui mirent un haïk et l’accompagnèrent jusqu’au maquis. Elle se chargea, alors, de soigner les blessés de l’ALN. On m’a raconté, par la suite, qu’elle avait même soigné le capitaine Si Moh Nachid (Oudni Aomar)», témoigne M. Mohamed Lounnas, dit Mokrane Lahchaichi, frère d’Ahmed Améziane Lounnas, époux de la Martiniquaise. «Par devoir de mémoire, je lance un appel à tous les moudjahidine ou les moudjahidate qui l’avaient connue ou côtoyée de m’appeler au numéro de téléphone 0772 12 77 14, ou me contacter au Lotissement Aïd Slimane Draâ El-Mizan. Eu égard à son sacrifice pour la patrie, nous aimerions qu’elle soit reconnu en tant que chahida», déclare notre interlocuteur avant d’ajouter que sa belle-sœur «mat de peau» avait été tuée par l’aviation coloniale à Tafoughalt en 1959, lors de l’opération Jumelles.

Amar Ouramdane

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