La générale de Le Foehn présentée

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«Magnifique !» Tel est le qualificatif qui revient à chaque fois sur les lèvres des spectateurs, quittant les lieux très satisfaits de la prestation des jeunes comédiens, qui sont venus très nombreux assister à la générale de la pièce «Le Foehn» (Adjabbani- La preuve par neuf). La salle de spectacles était pleine à craquer. Ils sont venus nombreux, notamment les familles, pour voir et apprécier le travail de toute une équipe pour redonner au théâtre ses lettres de noblesse. C’est une production du théâtre régional Kateb Yacine. Onze comédiens dont quatre filles ont capté, d’un bout à l’autre, l’attention de toute la salle par la langue employée d’un niveau sans équivoque (le kabyle – langue maternelle), leurs gestes, leurs costumes, entre autres décor et musique. La pièce relate une page de notre glorieuse Révolution armée. Elle traite du conflit opposant Abane (non visible sur scène) et Brudieu. Abane, l’architecte du Congrès de la Soummam et donc de la Révolution armée préparant les jalons d’un futur Etat Algérien indépendant. La justesse de la cause et les convictions qui le guidaient le conduisirent à avoir raison de l’occupant français représenté par Brudieu (rôle joué par Hocine Aït Gueni Saïd). Maire de son Etat mais aussi militaire et «propriétaire» d’immenses superficies de vignes de la Mitidja. Il était le chef suprême de la région, tout le monde lui obéissait au doigt et à l’œil. Il est secondé et suivi dans tous ses déplacements par Baldachi -un mercenaire- rôle joué par Nourredine Krim. Dans la pièce au décor authentique d’une maison berbère, la maîtresse de maison, Zohra, (vêtue d’habits traditionnels) -rôle attribué à Hayat Tadjer- et sa fille Aïnsi (Kenza Talbi) conversaient tout en balayant la pièce, puis la maman mit son haïk blanc (comme dans le temps) et s’apprêtait à sortir, le couffin à la main, faire ses emplettes. Le fils Tarik (rôle tenu par Fellag Malik) annonce à sa sœur, sa confidente, qu’il fut chargé d’une mission importante celle de partir, peut-être pour ne plus revenir. Ce jeune est le bras droit d’Abane qui le chargea d’exécuter le maire. Sentant le danger, le maire contre-attaque et Tarik fut piégé par l’armée. Il fut arrêté. Il passe les plus pénibles moments de sa courte vie : interrogatoire et tortures. Le visage enflé, les yeux ecchymosés et cernés, la chemise déchirée et maculée de sang, mains liées. Assis sur une chaise dans le bureau du maire (décor changé), il se tenait droit et fier. Il narguait ses tortionnaires et riait d’un rire moqueur. Ni les interrogatoires, ni les menaces, ni même les tortures ne sont parvenus à lui soustraire la moindre information sur la mission qui venait d’échouer. «Je suis venu te descendre», disait-il. Le colon change de méthodes et agit autrement en comptant sur la sympathie de Brigitte (fille de Brudieu et avocate), rôle tenu par Nacéra Benyoucef. Tarik résiste même à la séduction de Giovana, épouse Baldachi (rôle assuré par Amouri Dihia). Le moudjahid Omar (Norredine Ali Hamdani) rend visite à la famille de Tarik et la met au courant de ce qui s’est passé. Salem Imin, jouant le rôle de l’aveugle mais aussi du présager, avertit que quelque malheur arrivera. Keroui Yazid dans le rôle de l’ouvrier (Khemas Lounis), contribue à menacer et à terroriser le prisonnier. L’enfant, Hamoum Younès, accompagne dans ses déplacements le devin. Excédé par le silence du prisonnier, le maire fit venir sa mère et sa sœur pour tenter de l’attendrir mais peine perdue : le fils est encouragé par la présence de sa mère et de sa sœur qui, visiblement, montrent leur inquiétude et leur peur. Dans un moment de colère, le maire dégaine son pistolet et lui tire une balle dans la tête. La mère et la sœur poussèrent des youyous, suivies d’applaudissements du public. Le maire et ses complices ne comprenant rien à l’attitude de ces femmes, perdirent l’esprit. Une séquence qui rappelle la fin du film L’Opium et le bâton (roman du même auteur). L’adaptation et la réécriture ont été réalisées par Nourredine Aït Slimane et Rabah Boucetta. La scénographie proposée par Mourad Bouchehir. La musique d’Idir Mohia. Le metteur en scène est Ahmed Bénaissa. Cette pièce sera représentée samedi 4 novembre vers 14 heures au théâtre régional Kateb Yacine. Une tournée à travers le pays et des participations aux différents festivals ne sont pas à exclure.

M. A. Tadjer

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