La commémoration du 63e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale à Melbou, à 40 km à l’Est de la wilaya de Béjaïa, a été marquée par l'exhumation des ossements de trois martyrs, en l’occurrence Laâkab Mohand, Khelifa Abdelkader et Ayachi Amar.
Il a été procédé, par la suite, à leur ré-inhumation au cimetière des martyrs dit ‘’Ras El bghal’’, situé sur les hauteurs du mont surplombant la ville balnéaire de Melbou. Cette opération a été initiée par l’Organisation nationale des enfants de Chouhada (ONEC) de la section de Melbou, en collaboration avec l’APC et les membres de familles des trois martyrs précités. C’est en présence des autorités locales, le chef de daïra de souk El-Tenine, la gendarmerie nationale et la sûreté urbaine de Melbou, la protection civile et la famille révolutionnaire et une foule nombreuse de citoyens qu’a eu lieu cette opération. Une opération, signalons-le, qui a débuté lundi 30 octobre au lieu-dit ‘’El Annab’’, au village d’Ahrik, où les dits chouhada ont été enterrés durant la guerre. Les participants à cette opération ont trouvé beaucoup de difficultés à déterrer les ossements, les obligeant à utiliser un rétro-chargeur pour débarrasser la quantité considérable de terre qui couvrait les tombes. «On a beaucoup creusé en utilisant des pioches et des pelles, mais on n’a pas pu les déterrer (les ossements, ndlr) à cause de la profondeur des tombes qui dépasse 1.5 m. C’est pourquoi on a fait appel à l’engin», déclare Karim, l’un des participants. Dans la matinée de mercredi dernier, et après une minute de silence, le dépôt d’une gerbe de fleurs et la récitation de la Fatiha devant la stèle commémorative des chouhada, sise à Melbou-centre, devant la mairie, les présents se sont dirigés vers le cimetière national ‘’dit Ras el Bghal’’, situé à environ quinze kilomètres du chef-lieu de la ladite commune, pour procéder à la ré-inhumation des ossements des trois chouhada déterrés. A signaler que les deux martyrs Khelifa Abdelkader, né le 5 janvier 1912, et Ayachi Amar, né le 06 juin 1934, sont tombés au champ d’honneur un certain 12 juin 1960 au lieu-dit ‘’El Annab’’, dans la localité d’Ahrik. «À cette époque-là j’avais 14 ans, on était un groupe de 12 personnes quand l’ennemi français nous a encerclés à El-Annab. J’étais aux côtés de mon père (Abdelkader ndlr), paix à son âme, quand l’armée française l’a tué : il a reçu une balle assassine au niveau de la tête. Les soldats français ont, aussi, tué le chahid Ayachi Amar. Cette scène restera gravée dans ma mémoire», raconte, les larmes aux yeux, son fils Salah. Et d’ajouter : «Maintenant, je suis en paix, puisque on a pu délocaliser leurs ossements au cimetière des chouhada». Pour sa part, Amer, fils du chahid Ayachi Amar, a remercié tout les participants à cette opération : «Je suis très ému par cette foule venue prendre part à la ré-inhumation de mon père et des deux autres martyrs ; je remercie l’ONEC de Melbou, l’association Awal Issawal, l’APC, ainsi que tous ceux qui ont assisté et contribué à cette action», déclare-t-il. A noter que le chahid Lakab Mohand, né en 1923, a succombé à ses blessures le 1 août 1961 à l’hôpital militaire dit Ighil Lefhel, dans le douar de Medjounès. Il a été enterré, lui aussi, à El Annab par sa mère qui était aussi moudjahida et chef de refuge à cette époque-là. «On avait eu l’idée de lui construire une tombe sur place à El Annab, et après la proposition de l’ONEC de Melbou, on a pris la décision de le délocaliser au cimetière des chouhada à Ras El Beghal. Le chahid Ahmed a laissé une fille et un fils unique, qui est mon père», a confie le petit-fils du martyr, Aïssa Lakab. Après l’enterrement et la lecture de la Fatiha, les organisateurs ont remis des drapeaux d’Algérie aux membres de la famille des trois martyrs. Un membre de l’ONEC de Melbou, Bouzid Boufadène en l’occurrence, a pris la parole pour remercier tout les participants et rappeler les sacrifices des valeureux chouhada. Il faut rappeler qu’une opération similaire avait été organisée dernièrement par l’ONEC de Melbou et l’association Awal Issawal pour délocaliser les ossements de deux chahids, en l’occurrence Laâkab Saâdi et Laâkab Bachir, deux vaillants soldats de l’ALN qui ont trouvé la mort après un accrochage avec l’armée française un certain 16 novembre 1961, alors qu’ils venaient d’abattre un avion français à l’intérieur duquel se trouvaient le pilote et son copilote. Dans cette région historique, les tombes de chouhada improvisées et faites à la hâte par des moudjahidine, durant la guerre de libération nationale, sont nombreuses. «Ce ne sera que reconnaissance légitime de les déplacer et les enterrer convenablement tant que subsistent encore des témoins oculaires. Ces déplacements auront, pour effet, de transmettre le message des martyrs pour les générations future ; un message de paix et de liberté qui doit demeurer vivace dans l’esprit de tout un chacun», estime-t-on.
Aziz Khentous