Le patrimoine forestier mutilé

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Une grave menace pèse sur le patrimoine forestier de la wilaya de Béjaïa, lequel occupe un ratio de près de 20% du territoire.

Ces parcours boisés sont en déclin constant, sous l’effet conjugué des facteurs naturels et de l’action anthropique. Pour la seule année 2017, les services des forêts ont comptabilisé 5 872 ha de couvert végétal ravagés par les incendies. Un bilan des plus désastreux, qui a couronné une saison estivale «tout feu tout flamme». Des essences forestières, mais aussi des étendues de maquis et de broussailles, ainsi que des parcours arboricoles, ont été réduits à néant par ce sinistre qui se fait chaque année plus dévastateur. À titre de comparaison, on note que durant l’année 2009, il a été enregistré 1 890 ha de forêts incendiés, contre 2 216 ha en 2010. Qu’ils soient d’origine naturelle, accidentelle ou criminelle, les départs de feu se font chaque année plus nombreux et plus difficile à juguler, donc plus destructeurs. Il faut relever que tous les ingrédients propices aux déclenchements des foyers d’incendies sont réunis : température caniculaire, faible apport pluviométrique, hygrométrie insignifiante. Nous sommes en présence des caractéristiques d’un climat de type aride, et qui plus est, inscrit dans la chronicité. Même en l’absence de ces incendies à répétition, il n’est pas malaisé de mesurer les effets pervers et les retombées négatives de ces changements climatiques sur le patrimoine sylvestre, dont la régénération est devenue problématique. Soumis à un échaudage intensif, certaines espèces floristiques parmi les lus vulnérables, se fanent par dessiccation, tandis que d’autres espèces meurent de soif. Des peuplements endémiques d’arbres et de buissons (frêne et laurier rose), ont déjà commencé à déserter leur biotope. Pour appréhender la gravité et les conséquences de ces dépérissements intempestifs, on devrait prendre conscience qu’à chaque fois qu’un arbre et fauché ou brulé, c’est le fragile et non moins vital équilibre de l’écosystème qui s’en trouve malmené, mis à rude épreuve, voire même menacé. Ressource économique, niche écologique, bouclier protecteur contre l’érosion et la désertification, usine à oxygène, purificateur de l’air, modérateur de chaleur&hellip,; l’arbre c’est tout cela à la fois. Autant de bienfaits qui devraient nous inciter à adopter un comportement plus responsable à son égard, en l’entourant d’un maximum de soins.

N. Maouche

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