La protection de l’environnement, crédo de certaines associations et comités de village semble se limiter au ramassage des ordures ménagères. Les animaux vivant dans les forêts, à quelques mètres seulement des agglomérations, continuent d’être considérés comme des ennemis à abattre. Chaque matin, les voyageurs qui prennent la route vers Tizi-Ouzou sont surpris de voir une multitude d’animaux abattus dans la nuit ou aux aurores par des automobilistes et surtout des camionneurs sans scrupules. Les chiens errants ne sont pas leur cible privilégiée. C’est surtout le chacal qui rôde à la recherche de sa pitance dans les sachets d’ordures abandonnés dans les fossés qui fait les frais de cette tuerie. Protégé pourtant par la loi, le chacal qui est un prédateur de poules et de jeunes agneaux a toujours représenté un ennemi à abattre. Il continue de représenter un trophée pour ceux qui lui ôtent la vie. Inutile d’expliquer aux tueurs le rôle que jouent ces animaux menacés de disparition, dans l’équilibre de l’écosystème. La chasse aux animaux sauvages ne semble pas avoir de limites dans le temps, aucune règle n’est suivie pour le début ou la clôture de la chasse saisonnière. Tout le monde s’improvise chasseur, plutôt tueur d’animaux, à temps perdu. Des bandes de jeunes oisifs se sont inventé un nouveau loisir. La chasse à «tout ce qui bouge» est ancrée chez les propriétaires de fusils qui ne sont même pas rebutés par l’économie des cartouches dont les prix (au marché informel) dépassent l’entendement, nous dit-on. Le sanglier semble être la cible privilégiée de ces prédateurs qui profitent du beau temps pour sillonner les champs et traquer la bête jusque dans ses moindres repaires. La laie et ses marcassins, parfois très jeunes ne sont à l’abri nulle part. «On tue pour le plaisir, même pas pour la consommation du gibier», nous rapportent les chasseurs. Le porc-épic ou tout autre animal habitant la forêt et se trouvant dans leur ligne de mire est abattu sans autre forme de procès. Il y a quelques années, de nombreux chacals ont été tués, par inadvertance, victimes collatérales de l’abattage des chiens errants par empoisonnement. Les chargés de l’opération n’avaient pas pris en compte que les appâts empoisonnés, posés dans les décharges et autres lieux attirant les chiens, allaient être mangés par des animaux sauvages. Ce n’est qu’après cette opération qu’on en est revenu à l’abattage avec munitions. Les opérations de sensibilisation, par le biais de la distribution de prospectus, en direction des habitants de la région, devraient être menées périodiquement afin de limiter la tuerie. Des conférences dans les villages ou les écoles réveilleraient certainement les consciences. La balle est dans le camp de tous. Les générations futures verront-elles un jour, des chacals, des porcs-épics, des chardonnerets et autres animaux sauvages se rapprocher de leur maison ou les verront-ils seulement à la télé?
A.O.T.
