Affiches arrachées, campagne timide…

Partager

Dix jours après le lancement de la campagne électorale du 23 novembre prochain, les candidats peinent à convaincre. En effet, six listes sont en lice pour arracher les 19 sièges que compte l’APC de Tizi-Gheniff, une commune de près de quarante milles habitants. Il s’agit du FFS, du RCD, du FLN, du PT et du RND. Si pour les deux premiers partis, ils ont fixé leur choix sur leurs militants et les sympathisants, ce n’est pas le cas pour les deux derniers. Concernant le PT et le RND, ils ont respectivement parrainé deux maires ayant déjà eu l’occasion de gérer cette APC. Au PT, on retrouvera M. Said Mansour, maire sortant indépendant et ayant géré l’APC entre 1997- 2002 sous la casquette du FFS. Pour le RND, il présentera en tête de liste M. Mohamed Djidda, maire indépendant, entre 2007 et 2012, âgé aujourd’hui de 70 ans. Le fait anodin qu’on puisse remarquer dans les listes affichées, parfois de manière anarchiques, est que même les partis dits progressistes et démocrates à l’image du RCD, du FFS et du PT les photos des candidates sont cachées. Pour certaines, elles n’ont donné que leur nom en bas de la liste tandis que d’autres ont préféré écrire les noms sous des carrés blancs. «On ne sait pas pourquoi ces femmes sont candidates. Si elles ne veulent pas s’afficher publiquement, elles n’ont qu’à rester à la maison», constate une personne rencontrée devant les espaces conçus pour les affichages. Et un autre de lui rétorquer : «elles veulent seulement des places et de l’argent». Interrogé à ce propos, un membre de l’une de ces listes nous répondra : «écoutez, notre APC compte 19 sièges. Il faudra un tiers de femmes. C’est déjà un exploit de les trouver pour faire partie de la liste. Notre société est patriarcale. Le mari commande, le frère et le père font de même et parfois même les voisins s’impliquent». Concernant, leur participation à la campagne, elles sont quasiment absentes. Par ailleurs, on notera que même lors des sorties sur le terrain, on ne voit pas les candidates assister aux meetings et/ou aux rassemblements. D’ailleurs, même pour voter, ce serait le mari, le frère ou le père qui imposerait à la femme de choisir la liste qu’il désire. C’est dire que la démocratie est loin de gagner nos foyers. Ainsi, le nombre de bulletins nuls augmente d’élection en élection d’autant plus que nombreuses sont encore les femmes qui ne sauraient pas faire la différence entre les listes surtout lorsque celles-ci sont nombreuses.

Des photos de candidates du FFS, du RCD et du PT sans visages…

Tout comme les élections précédentes, les murs de la ville, les plaques directionnelles, les arbres et toutes les façades sont achalandées de listes si bien que les murs sont enlaidis. «En principe, les représentants de la Haute Instance Indépendante de la Surveillance des Elections (HIISE) doivent être sévères à ce sujet. «Pourquoi ne défalquerait-on pas de suffrages aux contrevenants. Par exemple, pour chaque liste affichée en dehors des cadres, celle-ci sera sanctionnée par un nombre de voix au parti n’ayant pas respecté les lois», propose un passant. Pour un autre, c’est la manière la plus plausible pour imposer la règle du jeu. D’autres ont remarqué que contrairement à la Radio chaîne trois et Canal Algérie qui ont été exclus des espaces médiatiques réservés aux candidats et à leurs représentants pour faire campagne, l’on avancera qu’à travers ces deux médias francophones, ils devraient s’exprimer en langue étrangère, interdite par la loi électorale, mais sur les listes affichées, généralement, les slogans de campagne sont donnés en langue française et bien sûr les noms des candidats en arabe et en français où parfois même en Tamazight, langue nationale et officielle, celle-ci était carrément absente. Concernant les affiches déchirées, ce qui est devenu presque une culture. «Nous sommes loin des pays démocrates. Sinon, pourquoi déchirer des affiches alors que celles-ci ont un objectif bien déterminé, à savoir toucher le maximum de personnes», se désole-t-on. «Et puis, une fois la campagne et les élections achevées, on aura droit à un environnement moche. Qui se chargera, à chaque fois, de repeindre les façades et les endroits enlaidis par ces affiches», remarquera un autre citoyen. Pour le moment, il n’y a pas eu encore de grand meeting. Les candidats sillonnent tous les villages pour « vendre » leurs programmes et leurs promesses. «C’est toujours le même langage qu’on a l’habitude d’entendre, depuis des années. Durant la campagne, les candidats ont tenté de nous soulager mais après cinq ans, ce sont les mêmes revendications et c’est le même constat que font les postulants à la magistrature communale. Y a-t-il vraiment un changement depuis 2012? Je parle notamment des grands projets. On ne doit pas encore évoquer l’assainissement, l’eau potable et les routes. Il est temps de passer à une étape qui consiste à créer des richesses afin de booster l’emploi et l’économie locale», estimera un habitant de la région. Indubitablement, la campagne prendra sa vitesse de croisière dès cette deuxième semaine. En définitif, en dépit de tout cela, les électeurs devront tout de même aller en masse pour élire les personnes qui s’occuperont le mieux de leur quotidien quand on sait que la collectivité locale est la base de tout développement local. Qui sera le prochain maire de Tizi-Gheniff ? On aura la réponse dans la nuit du 23 au 24 novembre prochain.

Amar Ouramdane

Partager