Le spectre de la «sécheresse» pèse-t-il sur les ressources halieutiques issues du milieu marin ? D’aucuns rétorqueraient qu’il est prématuré d’y répondre de manière péremptoire.
En revanche, ce dont on est à peu près certain, c’est que les poissons peuplant les latitudes de nos eaux territoriales, ne meurent plus de vieillesse. Mieux (c’est-à-dire pire !), les stocks de poisson, toutes espèces confondues, s’amenuisent inéluctablement au fil des ans. Du coup, le mythe de l’invulnérabilité de ce vivier nourricier vole en éclats. «C’est une tendance mondiale, qui n’épargne aucune région du globe. Bgayet, à l’image des autres wilayas côtières du pays et, plus largement, du bassin méditerranéen, est aussi affectée par cette fluctuation à la baisse des ressources de poisson», atteste un armateur, propriétaire d’un sardinier. Le réchauffement climatique, la pollution sous toutes ses formes et la pêche intensive sont identifiés comme étant les principaux facteurs à l’origine de ce déclin des réserves halieutiques. À Bgayet, la flottille de pêche mouillant aux différents ports est forte de 300 embarcations. Elle est composée aux trois quarts de petits métiers, nous informe-t-on. «En dépit de son caractère artisanal, l’activité a enregistré une hausse significative des prises en 2017. À la mi-octobre, il a été péché 2300 tonnes de poissons, soit une hausse de près de 10% par rapport à l’année 2016», relève un mareyeur. Un bilan partiel, recouvrant les captures réalisées par la pêche côtière (plateau continental) et les prises découlant de l’activité hauturière. «L’augmentation du nombre de marins pêcheurs et l’entrée en activité de nouveaux bateaux ont contribué à booster les prises. Il y a aussi le perfectionnement des techniques de pêche et l’amélioration des équipements, dont l’incidence positive ne s’est pas faite attendre», souligne un autre armateur, réfutant au passage, les soupçons qui pèsent sur les gens de la mer, quant à l’usage de la dynamite. Ce qui est patent et qui n’a sans doute pas échappé au commun des consommateurs, c’est la taille des spécimens mis en vente : du poisson au stade d’alevin ! On est très loin des 11 cm de taille minimale marchande, requise par la réglementation. «Les pêcheurs sont autorisés à commercialiser du poisson de moins de 11 cm, mais à concurrence de 20% seulement de la cargaison. Dans la pratique, il est impossible de vérifier et de faire respecter ce pourcentage», confesse un professionnel. Le non respect de la période de fraie et du repos biologique du poisson, signe indubitablement une rupture d’équilibre entre les prélèvements qui arrivent dans nos assiettes et l’indispensable reconstitution des réserves. Il va sans dire que cela n’augure rien de bon. À ce stade, et bien des experts vous le diront, le risque d’épuisement est loin d’être une vue de l’esprit.
N. Maouche

