Cette affaire a été déjà traitée par ce même tribunal le 24 juin 2003 où le verdict qui a été rendu condamnant l’accusé principal, Omar M. et le policier impliqué à deux ans d’emprisonnement et une amende de 10 000 DA, tandis que les deux autres présumés auteurs ( R. B. et D. B.) ont été acquittés. Suite à un pourvoi en cassation introduit par le parquet de Tizi Ouzou, le 25 juin 2004 auprès de la Cour suprême, celle-ci a notifié le renvoi de l’affaire auprès du tribunal criminel de Tizi Ouzou pour le motif que le jury a fauté dans son jugement en se basant dans le verdict rendu sur le chef d’inculpation de participation à la vente de faux billets, alors qu’il s’agissait initialement, tel qu’indiqué par la chambre d’accusation de l’émission, distribution et vente de fausse monnaie. C’est ainsi que les deux auteurs principaux qui ont écopé de deux ans de prison ferme, et les deux autres présumés auteurs se sont retrouvés, lors de l’audience d’hier, une seconde fois, pour répondre du même crime commis il y a cinq ans. L’affaire, selon l’arrêt de renvoi, remonte au 7 du mois de novembre 2001, lorsque agissant sur informations, faisant état de la présence d’un individu dénommé Omar B. à l’hôtel Belloua de Tizi Ouzou ayant sur lui une somme d’argent falsifié. Les éléments de la police judiciaire qui ont agi rapidement ont arrêté l’auteur et saisi la somme de 56 000 DA qui était sur la table, où il était assis avec le policier « complice ».En perquisitionnant son domicile la police a trouvé une autre somme d’argent altérée de l’ordre de 50 000 DA, constituée de coupures de billets de 1000 DA. L’auteur principal qui a reconnu les faits portés contre lui a déclaré que l’argent en question lui a été remis par un certain Djafar B. »Le mois d’octobre, je suis parti rencontrer un dénommé Ammi Salah au village Takerboust, c’est là que j’ai connu Djafar B. accompagné de Rachid B. », dira l’auteur au jury. Et d’ajouter : »il m’a remis 60 000 DA et le reste c’est-à-dire 40 000, il devra me le donner deux jours plus tard, pour qu’à mon tour je les donne au policier ».Le rapport de la chambre d’accusation qui s’est appuyé sur les aveux de l’accusé principal a conclu que les personnes concernées se sont rencontrées dans un café, et c’est là, que se sont engagés les pourparlers.Il se base également sur les révélations de Djafar B. qui a déclaré durant toutes les phases de l’interrogatoire qu’il a effectivement rencontré deux personnes durant cette période. Une version qu’il a complètement réfutée, hier devant le jury, en déclarant qu’il n’a jamais vu l’accusé principal. Quant au policier impliqué dans cette affaire, il a déclaré que ses motivations étaient saines, et il avait uniquement l’intention de mettre au trou, les véritables instigateurs dont notamment le personnage dénommé Ammi Salah, qui demeure l’énigme dans cette affaire. « La saisine de l’argent retrouvé sur moi était inscrit dans cette logique M. le président », replique-t-il à une question posé par le représentant du ministère public. Ce à quoi, ce dernier a soutenu que le policier impliqué a effacé une preuve matérielle, en temporisant et en refusant d’informer sa hiérarchie. Une remarque qui a irrité l’accusé qui n’arrêtait pas de clamer que la hierarchie était au courant de cette affaire. Poursuivant l’interrogatoire, l’avocat général a mis en exergue les relations amicales existant entre le policier et l’auteur principal. Dans sa plaidoirie la défense du policier a souligné : « c’est mon client qui a piégé l’accusé principal ». L’avocate Haddeg a axé son intervention sur l’homme énigme dans cette affaire. « Nous sommes en position de nier les faits puisque les indices sont là, mais mon client a voulu pousser son enquête, mais finalement il n’a rien compris, puisque c’est lui qu’on juge maintenant ».M. Rahem de son côté a tenté de disculper son client Rachid Boucetta, en affirmant au jury qu’il n’a pas été cité par les autres inculpés durant toutes les phases. La même demande a été formulée au jury par les autres avocats.Le jury devra donc rendre son verdict dans cette affaire, en prenant en considération le renvoi de la Cour suprême, et bien évidemment les articles du code pénal qui punissent l’émission, la distribution et la vente de fausse monnaie à la perpétuité lorsque les sommes falsifiées dépassent les 50 000 DA.
M.Ait Frawsen
