«C’est la victoire des gens honnêtes»

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Réélu à la tête de sa commune avec 15 sièges, le P/APC de Tizi-Ouzou, M. Ouahab Aït Menguellet, commente dans cet entretien le résultat, revient sur la campagne et évoque les perspectives.

La Dépêche de la Kabylie : Vous venez d’être réélu avec un résultat historique pour l’APC de Tizi-Ouzou, 15 sièges, alors qu’en 2012 vous n’aviez eu que 7 sièges. Quel commentaire faites-vous de ce résultat ?

Ouahab Aït Menguellet : C’est la victoire des gens honnêtes. Oui, à l’époque on avait eu 7 sièges et pour être P/APC, il fallait nouer des alliances. Heureusement, aujourd’hui, le code a changé et les résultats sont meilleurs, on joint l’utile à l’agréable. Pour cela, je remercie toute la population de Tizi-Ouzou, tous les citoyennes et citoyens de cette commune qui m’ont donné une confiance aussi large que possible. À ceux qui ont voté pour moi, je dirai merci. Ceux qui n’ont pas voté pour moi, je leur dirai que, moi, je ne ferai jamais de différence. Je serai le maire de cette commune, le maire de tout le monde et ce ne serait que justice de ma part.

Justement, toujours à propos du résultat, comment l’expliquez-vous ?

C’est aussi une question de travail, de bilan. Certains disent que le peuple est aveugle, sourd est absent ! Je leur dis, c’est faux ! Le peuple est là c’est une force silencieuse qui observe et voit ce qui se passe. Il est au courant de tout. On ne peut pas lui mentir, peut-être une fois oui, mais pas pour toujours. Ceci pour dire qu’il a constaté le travail gigantesque qu’on a fait mon équipe et moi. En arrivant à la tête de cette mairie en 2012, il n’y avait rien. Que des murs. C’était le néant. Il fallait reconstruire et combler le vide de 35 ans d’absence. Moi, avec certains de mes camarades avec qui j’ai travaillé durant le mandat écoulé, on a essayé au moins de rétablir la confiance des citoyens, c’était le plus important. J’ai essayé pour cela de rétablir le lien entre l’élu et le citoyen, c’était un combat énorme et difficile. Certes, on n’a pas fait des miracles, mais on a réussi sur ce volet. Pour revenir au bilan, les promesses du premier mandat ont été tenues. Les citoyens ont demandé l’amélioration de l’état civile et l’hygiène publique. L’objectif est atteint, du moins pour notre part. Maintenant, je demande le civisme du citoyen. Il faudrait qu’il nous accompagne. J’ai promis encore de recevoir le citoyen au rez-de-chaussée par respect pour lui et non au 7e étage, chose qui a été faite.

Revenant à votre campagne électorale, avez-vous douté à un moment donné ? Ou avez-vous mené cette campagne avec le sentiment de devoir prouver votre intégrité ? Sachant qu’en 2012 vous avez été élu sous la houlette d’un parti politique et cette fois-ci vous êtes indépendant…

Je n’ai jamais douté. Aujourd’hui, la population a prouvé et approuvé à travers cette consécration ma gestion durant les cinq années passées. Les citoyens ont encore décidé de me faire confiance. Cela me suffit amplement, le passé est passé pour moi. Je ne dirai pas que je suis un champion, le seul juge est le peuple et sa réponse, il l’a donnée et c’est l’essentiel.

Comment s’est déroulée la campagne électorale ? Dans quel esprit ? Votre cheval de bataille, votre message…

J’ai essayé de faire passer mon message, j’étais à l’écoute de cette population. Je n’ai pas fait de meetings, j’ai préféré la proximité pour être plus en contact avec les citoyens. Je n’ai jamais dit que j’étais le meilleur, j’ai demandé à la population de choisir l’Homme qu’il faut pour cette APC. J’ai été attaqué par mes adversaires, mais je n’ai jamais répondu.

À ce propos, la veille des élections, vos adversaires vous ont accusé de trafic dans le registre des électeurs. Qu’en est-il vraiment ?

Je ne suis pas l’administration. La question ne devrait pas être posée à moi qui suis en congé d’office depuis un mois. Je n’ai pas remis les pieds à l’APC depuis. Au contraire, ma liste devait sortir avec 19 sièges, d’ailleurs, on a annoncé 18 au départ.

Que s’est-il passé alors ? Pourquoi ne pas introduire un recours ?

Je ne sais pas grand chose. Je n’ai pas introduit de recours. Pour moi, le fait d’avoir 15 sièges est une réussite. C’est du jamais vu à l’APC de Tizi-Ouzou. La confiance du peuple me suffit. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de servir la population, apporter un plus.

On vous a vu pleurer sur la vidéo que vous avez postée sur votre page…

C’est l’émotion. J’ai été récompensé par le peuple. Je suis élu à une forte majorité, pour moi je suis majoritaire. Ce peuple s’est porté témoin de ce que j’ai fait. C’est mon objectif, mon trésor.

Restons toujours dans la campagne, le dossier de la gestion du foncier de la commune a été vivement évoqué et beaucoup de citriques vous ont été adressées à ce propos. Des explications ?

Ah ! Oui, on m’a critiqué et sur ce sujet, je vais être un peu déplacé en disant que la caravane passe, les chiens aboient. Tout le monde sait que le foncier est géré par l’agence foncière. Je ne peux ni donner ni enlever. Au contraire, j’ai réglé des problèmes qui datent de 35 ans, notamment El Bordj, Annar Amellal. J’ai essayé de panser des plaies. On a pu gérer les problèmes des années 1980, en plus de gérer les problèmes d’aujourd’hui. Il y a des gens qui sont attributaires de terrains, ils sont morts avant de jouir de leurs biens, et cela est terrible. Pour les critiques, je citerai aussi l’exemple d’un élu, voleur corrompu que j’ai mis à la porte. Il m’a accusé d’avoir volé des climatiseurs, c’est une bassesse. Il faut le dire, il a essayé d’en voler, lui, 25. Le chef de sécurité avait refusé de les charger et j’ai des preuves.

Concernant le sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, la forêt de Herouza. Comment comptez-vous gérer ce dossier ?

L’une des raisons qui m’ont poussé à revenir, c’est la forêt de Herouza. On attendait mon départ pour concrétiser leur projet. Tant que je serai maire de cette commune, je ne vais pas approuver ce projet. J’ai été menacé, j’ai été sous pression, mais je dis non et non. C’est le poumon qui nous reste dans cette ville. Si l’on donne des autorisations pour les commerçants, on ne tardera pas à voir des bâtiments là-bas. Il suffit de céder 10 m² et dès qu’on a le dos tourné, on se retrouve avec 100 m² de pris, aussitôt. Si on était vraiment correct, on donnerait des places pour faire un kiosque en bois. Il faut respecter la close. Je ne suis pas contre les baraques en bois, mais une fois installées, je sais que ce sera incontrôlable. Moi, je dis faisons des chemins pédestres, de l’électricité, des tables, des bancs, des jeux… Mais pas de constructions. Autrefois, l’APC avait donné l’autorisation pour la plantation d’arbres qui serviront de barrière entre la forêt et la ville, ils ont construit des bâtiments sans autorisations. Mon objectif est de protéger la forêt.

L’investissement dans la commune de Tizi-Ouzou, un défi à relever pour votre deuxième mandat. Quelle est votre vision concernant ce domaine ?

Ce secteur, justement, nécessite des prérogatives que je n’ai malheureusement pas en tant que P/APC. C’est pour cela que nous demandons l’élargissement des prérogatives du maire en changeant le code communal. Je citerai un exemple, un investisseur à qui on a attribué un terrain à la zone de Oued Aïssi, je ne cache rien, il s’agit de l’unité de montage des tracteurs Mahindra. Cet investisseur là s’est retrouvé à l’époque devant le fait accompli. Soit, on lui octroie le permis de construire ou les Hindous partent ailleurs. Là j’ai décidé de donner le permis en 48 heures. J’ai osé et pris le risque de le faire. Car, quand on est responsable d’une aussi importante commune que Tizi-Ouzou, on doit prendre des décisions sinon on est cuit. Une commission d’enquête a été vite envoyée sur place. On m’a appelé pour m’avertir, j’ai été voir le wali de l’époque qui m’a signifié qu’il n’était pas au courant de la situation. Je lui ai alors expliqué que ces procédures ne font que faire fuir les investisseurs de notre région, et que j’ai agi dans le seul intérêt de la région qui risquait de perdre un investisseur. J’étais prêt à démissionner à ce moment-là par principe. Pour revenir à cette histoire de prérogative, c’est l’administration qui décide. Le P/APC doit reprendre les prérogatives, c’est lui qui connait le foncier de sa commune, les besoins de sa population… Si le foncier ne reviendrait pas au service de la population, il y aura toujours des blocages. On ne peut pas parler d’investissements pour le moment.

Pour les cinq ans à venir, quelle est votre feuille de route ? Quels sont les chapitres qui constituent vos priorités ?

Ils sont plusieurs. D’abords, je vais me concentrer sur l’apport des citoyens. Cette ville doit devenir propre. Ensuite, travailler sur l’élargissement de certaines ruelles, pour cela, il faudrait que le pouvoir central m’aide. Voilà le problème des prérogatives là aussi. On a le volet de la jeunesse, il faut construire et créer des espaces, ce sera mon objectif, on a par exemple le stade de Redjaouna. On veut aussi agrandir les écoles et les classes, construire des cantines, le bitume…

Un dernier message pour la population…

Merci beaucoup, tout ce que je dirai sera peu. On ne vaut rien sans la confiance des gens. Mille mercis à cette population qui a trop enduré dans cette commune. Elle a vu que cette commune prend de l’essore, elle a constaté le progrès et m’a remercié. Les citoyens m’ont donné plus que j’ai espéré et je ne l’oublierai pas.

Si vous avez une promesse à faire à cette population, ce serait laquelle ?

Ma promesse, c’est de ne rien promettre. Je vais être à l’écoute, je suis sensible à leurs doléances. Quand on peut satisfaire, on le fait. Les portes leur sont ouvertes. Je leur dis, ensemble ce sera possible et on pourra travailler. Pour terminer, juste une pensée pour mes deux amis qui ont été élus et qui sont partis pour un monde meilleur, Si Salah Mustapha et Dr Aouam, paix à leurs âmes.

Entretien réalisé par H. K.

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