Sur les 67 communes que compte la wilaya de Tizi-Ouzou, une cinquantaine risquent de connaître des blocages dans la gestion de leurs APC. Les nouveaux maires élus se doivent de concéder sur bien des attributions au profit de leurs alliés pour pouvoir mener leur mandat dans la sérénité.
Le foisonnement des listes de candidats à chaque rendez-vous électoral, notamment municipal, a toujours comporté un risque plus qu’il n’est l’expression du multipartisme. Les résultats des élections de jeudi dernier ont fait ressortir des assemblées mosaïques où l’écart entre le gagnant et son poursuivant ne tient parfois qu’en quelques dizaines de voix d’écart. Les prémices des blocages n’ont d’ailleurs pas tardé à surgir. Et c’est déjà le cas dans deux communes, à savoir celle de Draâ El-Mizan où les nouveaux élus du FLN arrivés à ex-æquo en nombre de sièges avec le FFS qui prend la tête de l’Exécutif, ont signé dans la nuit de samedi dernier, un mémorandum d’entente avec le RCD (5 sièges) et les Indépendants (2 sièges) dans lequel ils s’engagent à ne pas contracter d’alliance avec le maire issu donc du parti d’Aït Ahmed (voir notre édition d’hier). Le même scénario est perçu également dans la commune d’Aït Mahmoud, dans la daïra de Béni Douala, où le RCD arrivé en tête avec 5 sièges sur les 13 que compte l’APC, est dores et déjà mis à mal par une déclaration commune signée par 7 élus qui annoncent se démarquer de la gestion (avant l’heure !) du nouveau maire RCD et «nous ne ferons aucune alliance ni concession lors des assemblées populaires». Impliquant juste leurs noms, prénoms et signatures, les élus réfractaires n’ont pas jugé utile de mentionner leur appartenance politique. Ce qui laisse penser que cette coalition précoce contre le maire ait été décidée au niveau local et à l’échelle individuelle. À signaler que les résultats des élections de jeudi dernier ont offert 5 sièges au RCD, 4 pour l’Alliance TAJ, 3 pour le FFS et enfin, deux sièges pour les Indépendants. La commune d’Azazga risque aussi de vivre une situation identique, puisque la répartition des sièges par les électeurs est, on ne peut plus, arc-en-ciel. Le retour de l’ancien maire qui succède donc à son successeur de 2012, dans un jeu très serré au dépouillement, est en soi une excitation aux guéguerres de positionnement et d’intérêts qui mineront le mandat à venir. Sans avoir une majorité relative, soit-elle, Mohand-Amokrane Benadji divorcé de son ancien parti, le FLN, est élu maire grâce à moins de 200 voix supplémentaires sur son poursuivant, l’ancien président de cette commune sous la bannière RCD. Leur poursuivant direct n’est autre que Mustpaha Bouadi, dont le nom est intimement associé à une longue série de blocage de la mairie en 2015. Les trois personnages ont eu chacun quatre sièges, contre deux sièges pour le RCD et deux autres sièges pour le FLN et autant pour le PT, alors que l’Alliance TAJ obtient un seul siège. Tout porte à croire que pour cette municipalité, les tractations pour les alliances ne seront pas du tout faciles, et elles risqueraient même de s’étaler dans le temps, mettant ainsi la gestion des affaires de la commune au calendrier des reports. La résurgence des situations de statu quo dans cette commune n’est pas à exclure. Certaines communes où les équations politiques peintes d’affinités au sommet de la hiérarchie partisane ont, par contre, toutes les chances d’être gérées dans la cohabitation. C’est le cas notamment des APC où le partage des sièges est dominé par les formations formant la majorité présidentielle. Larbâa Nath Irathene, par exemple, où le FLN est sortie vainqueur avec 5 sièges sur les 19 que compte l’assemblée municipale, ne risque pas d’être gêné dans la gestion, étant donné qu’il devance le RND avec 4 sièges et le MPA avec 3 sièges. Une répartition qui domine celle des RCD, HMS et FFS qui totalisent eux, 7 sièges. À Aït Chaffa où le MPA est sorti vainqueur avec 6 sièges sur 13 ne risque pas, non plus, d’être trahi par le RND (3 sièges) au profit du RCD qui en possède 4 sièges. Mais la majeure partie des APC n’ont pas cette aubaine d’être partagées entre des entités ayant des affinités politiques, ce qui les met dans des situations délicates nourries parfois par des calcules et considérations individuelles.
Mohand-Arezki Temm