Incidents nocturnes et conférence annulée

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La conférence que devait animer Mouloud Lounaouci, dans la soirée d’avant-hier mardi à l’auditorium du campus Hansaoua, a été annulée dans la confusion à quelques instants de son ouverture.

Le rendez-vous ne pouvait être maintenu après la tournure prise par les événements suite à l’opposition de certains étudiants à la tenue de la conférence. Une opposition qui virera vite à une bagarre physique et les choses ont fini par dégénérer entre les étudiants présents dans la salle. On en est même arrivés aux mains et à l’utilisation d’une bombe lacrymogène.

Revenant sur ces incidents, le Dr Mouloud Lounaouci affirmait, hier, que «les échanges verbaux violents avaient commencé bien avant qu’il ne pénètre dans la salle des conférences». Un témoignage qui concorde avec les récits des étudiants présents à l’auditorium de Hasnaoua ce soir-là. En effet, selon eux, «les tensions ont commencé bien avant que le conférencier ne fasse son apparition dans la salle». «Des accrochages verbaux avaient débuté au moment où j’étais encore dans le salon d’honneur de l’auditorium de l’université en compagnie du vice-recteur, en attendant qu’on me fasse appel afin de monter à la tribune et prendre la parole», explique pour sa part Mouloud Lounaouci.

Invité par la Coordination locale des étudiants (CLE) pour animer une conférence dans le cadre du cycle des rencontres initiées dans le sillage du mouvement populaire, Lounaouci explique que les choses ont commencé à s’envenimer et à prendre une tournure inattendue au moment où il s’apprêtait à donner le coup d’envoi de la conférence : «Un jeune a pris la parole longuement pour dire qu’il n’est plus question qu’il y ait des conférences à l’université de Tizi-Ouzou», précise notre interlocuteur, l’un des plus anciens militants de la cause amazighe et un des prisonniers politiques du printemps berbère de 1980. «Je n’ai même pas eu le temps de dire Azul», regrette-t-il.

D’autres témoignages révèlent aussi que l’étudiant dont l’intervention a viré au désordre leur avait affirmé qu’il n’était plus question «de se laisser manipuler par des conférenciers qui touchent 40 millions de centimes par mois (allusion faite aux députés) alors que les étudiants n’ont qu’une modique bourse de 4 000 DA par trimestre». Se disant «surpris» par cette intervention, Lounaouci assure avoir patienté dans l’espoir que les choses finissent par rentrer dans l’ordre et commencer la conférence pour laquelle il s’était déplacé. «Mais, poursuit-il, quelqu’un a recouru à la violence en s’en prenant à un étudiant près de lui, sans doute un des organisateurs, qu’il a mis à terre et roué de coups. Une bagarre générale s’en est alors suivie».

Mouloud Louaouci a confirmé, en outre, qu’il y a eu usage de bombe lacrymogène. Ce qui a d’ailleurs poussé la majorité des étudiantes et des étudiants présents ainsi que le conférencier à quitter la salle, les yeux larmoyants. Ahmed Tessa, recteur de l’université Mouloud Mammeri, a également réagi, hier, aux incidents de la veille, en les condamnant «avec la plus grande fermeté». Le même responsable a confirmé que les fauteurs de troubles, ayant ciblé la conférence de Mouloud Lounaouci, sont bel et bien des étudiants de la même université, mettant ainsi un terme à la rumeur selon laquelle c’étaient des extras qui auraient été à l’origine des incidents. Le recteur dément, par ailleurs, l’information selon laquelle des étudiants aient été blessés durant les altercations.

Il y a lieu de rappeler que ces incidents surviennent trois jours après l’agression à l’arme blanche d’un étudiant par un autre au niveau du même campus universitaire.

Aomar Mohellebi

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