La prochaine récolte de miel compromise ?

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La wilaya de Bouira se maintient parmi les wilayas leaders en production mellifère avec une production annuelle de 7 000 quintaux de miel, mais les déboires des apiculteurs font craindre le pire pour cette filière.

Selon les statistiques de la Chambre d’agriculture de la wilaya, quelque 1 300 apiculteurs sont recensés à l’échelle de la wilaya, mais le nombre est bien plus élevé puisque de nombreux agriculteurs disposent de ruchers sans être forcément recensés en tant qu’apiculteur car exerçant dans d’autres filières agricoles. Toutefois et officiellement, la wilaya de Bouira dispose d’un parc avoisinant les 138 100 ruchers pleins. Pour la dernière récolte du miel, il a été enregistré une production de 6 950 quintaux, soit l’équivalent de 5 kg de miel par ruche. Pour les adeptes des produits de la ruche, Bouira demeure une région des plus prisées avec plusieurs sortes de miel, tel le miel de Sedra, d’eucalyptus, de romarin et autres variétés de fleurs existant dans la wilaya. Les apiculteurs de Bouira éprouvent toujours de grandes difficultés à écouler leurs produits, notamment à cause de la cherté du miel, même si pour ces derniers, le prix n’est pas aussi exorbitant qu’il y parait. «Nous faisons face à un énorme problème pour écouler notre récolte, d’autant plus que cette année avec les incendies, la récolte de miel risque d’être compromise en raison des chaleurs hors normes qui ont sévi durant la période estivale», indique Amar, apiculteur d’El-Esnam. D’ailleurs, notre interlocuteur ne manque pas de souligner les prix cassés qui sont pratiqués ces dernières années. «Normalement, au vu des frais colossaux que nous subissons pour la main d’œuvre et l’entretien des ruches, sans parler des traitements onéreux contre la varoise ou la loque, maladies qui nous obligent parfois à incendier nos ruches pour éviter leurs propagations aux autres essaims, nous n’engendrons quasiment aucun bénéfice», soulignera-t-il. Il faut dire que de nombreux apiculteurs de Bouira pratiquent leur activité de manière traditionnelle et ne sont pas en mesure d’assurer la transhumance des ruchers. «Si nous voulons déplacer nos ruches vers Aïn Ouessara, par exemple, où le climat est plus clément durant l’hiver, il nous faut démarrer de Bouira vers 23h00 en plus du trajet risqué, les vents de sable… Tout ça est dangereux pour les abeilles», affirme notre interlocuteur. Cet apiculteur, propriétaire d’un modeste rucher de 70 ruches sur les hauteurs de Tikjda, affirme qu’au cours de la saison écoulée, il n’a réussi à récolter que 70 kg de miel. Une récolte qui en temps normal et si la saison est propice, dépasserait les deux quintaux pour le même nombre de ruches à exploiter. Le miel en Kabylie est toujours considéré comme un remède contre de nombreux maux. Aujourd’hui, il semble que ce produit est victime de sa popularité, alors que dans d’autres pays, le miel est juste un aliment nutritif consommé au quotidien.

Hafidh Bessaoudi

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