Le directeur de la chambre de l’artisanat et des métiers des la wilaya de Tizi-Ouzou, M. Abdelkrim Berki, parle dans cet entretien du son secteur, du manque de la matière première, de la lutte contre les produits contrefaits, des problèmes auxquels ils font face…
La Dépêche de Kabylie : Comment se porte le secteur du bijou à Tizi-Ouzou ?
Berki Abdelkrim : Disons qu’il y a du bon et du moins bon. Pour le bon, les artisans commencent à s’organiser en associations. D’ailleurs, nous en avons déjà deux : l’une concerne les artisans d’Ath Yenni et l’autre les artisans de la wilaya de Tizi-Ouzou. L’effort se poursuit pour plus d’organisation. Malgré le manque de matière première chez AGENOR (Agence nationale pour la distribution et la transformation de l’or et autres métaux), les artisans arrivent à se la procurer chez le privé. Toujours dans le positif, la formation en design des artisans a débuté pour l’introduction de touches de modernité, chose qui aidera à l’exportation du bijou en argent de Kabylie, ce qui fera sûrement les affaires des 742 artisans bijoutiers inscrits. Quant au moins bon, c’est en effet l’indisponibilité de la matière première et l’envahissement du marché par les produits contrefaits, hautement toxiques et qui sont parfois à l’origine d’allergies et de différentes maladies de la peau.
Et que fait-on pour approvisionner le marché en matière première et lutter contre ces produits contrefaits ?
Des efforts sont faits avec Agénor que ce soit sur le plan local que national. Le problème n’est pas dans la distribution, mais dans la disponibilité de la matière. À présent, on encourage l’importateur privé pour pallier à ce problème. D’ailleurs, un d’entre eux, originaire d’Ath Yenni, a déjà commencé à importer de la matière première (Corail et argent). Pour le corail, nous avons un espoir que la situation s’améliore d’ici le début de l’année 2018. Au sujet de la lutte contre les produits bon marché mais contrefaits, nous avons saisi notre tutelle pour prendre les mesures qui s’imposent, mais la meilleure solution réside dans la sensibilisation des artisans et des consommateurs. L’artisan ne doit jamais faire la promotion de ces produits toxiques et les clients doivent savoir ce qu’ils achètent. Il ne faut pas se focaliser sur le prix et le regretter pour longtemps, car ces produits sont souvent à l’origine de maladies graves.
Certains bijoutiers parlent de la sévérité des contrôleurs de la qualité. Pouvez-vous donner des explications ?
Les contrôleurs de la qualité n’harcèlent personne. Nous n’exigeons même pas de factures. Un produit poinçonné revient à 40 DA. Lorsque le produit est de bonne qualité, il passe, mais lorsqu’il n’est pas conforme, il est cassé. Voilà ce qui empêche certains, pas tous heureusement, de poinçonner leurs produits. Certains artisans doutent de la qualité de leurs produits, alors ils se cachent derrière des explications étranges et non fondées.
Qu’en est-il de la maison de l’artisanat ?
La maison de l’artisanat est fin prête, il ne reste que quelques retouches de finition. Son ouverture se fera incessamment. Elle abritera le siège de la CAM et servira à 37 artisans des différents arts et des différentes régions de la wilaya. Nous veillerons à ce que cet espace soit celui d’activité permanente et bien animé, au bonheur des artisans, des clients et des métiers artisanaux de toute la wilaya. C’est notre réjouissance au milieu des tas de frustrations.
Entretien réalisé par Hocine T
