La colline oubliée, du roman au cinéma

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En parallèle à la projection de films en compétition, prévue hier à la Maison de la culture Mouloud Mammeri, une conférence sous le thème «La colline oubliée, du roman au cinéma» a été donnée au petit théâtre par le Dr Saïd Chemakh, enseignant-chercheur à l’université de Tizi-Ouzou et Mme Latifa Lafer, spécialiste du cinéma amazigh et consultante pour l’union éuropéenne.

Dans son intervention, Saïd Chemakh avertit, dès le début, que «l’adaptation recompose une œuvre dans un mode d’expression différent de celui qui l’a vue naître. Dans le cas présent, le roman de Mammeri «La colline oubliée», composée de 26 parties bien délimitées, va donner naissance à un film découpé en cinq parties, séparées par un noir. Plusieurs passages ont été supprimés dans le film. Des événements qui n’ont pas été également traités comme, entre autres, la participation de la Kabylie à la guerre mondiale. Néanmoins, l’intervenant admet qu’en «passant du livre au film, le réalisateur doit faire des choix, en essayant de ne pas trahir l’auteur qu’il adapte. L’adaptation est à la fois valorisante, puisqu’elle est censée bénéficier des qualités de l’œuvre source et lui rendre hommage, et dévalorisante parce qu’elle ne constitue pas une œuvre originale et fait un usage utilitaire d’une œuvre qui lui préexiste, pour paraphraser Francis Vanoy», estime Dr Chemakh. Pour sa part, Mme Latifa Lafer s’est interrogée sur le genre au cinéma : «Y a-t-il un genre dans le cinéma amazigh ? Ou bien, y a-t-il un genre amazigh au cinéma ? Une manière pour moi d’ouvrir le débat en ce qui concerne la construction esthétique et la construction du genre dans la colline oubliée», dira-t-elle. Pour elle, le manque de possibilités et le contexte sécuritaire de l’époque (la décennie noire) ont impacté négativement sur la réalisation du film la colline oubliée. «Le manque de moyens et le terrorisme l’ont empêché (Bouguermouh) de le terminer comme il le voulait», soutient-elle. En abordant le phénomène de censure qui s’opère dans l’adaptation de roman en film, la conférencière remarquera que «les réalisateurs craignent beaucoup plus la censure sociale que la censure politique». Pour elle, la qualité de la production filmique passe inéluctablement par une bonne formation et un lieu d’échange entre les réalisateurs. Par ailleurs, le premier film à être diffusé pour cette manifestation était le documentaire «Taqbilt» (Histoire et mythologie de Berbérie) d’Ali Hadjaz. Réalisé en 2017, ce document de 63 mn traite des vestiges d’une lointaine période. «Taqbilt est le nom antique du village Tarihant, dans la commune de Boudjima. L’homme s’y installé depuis la préhistoire. Les vestiges de cette lointaine période retrouvée sur place attestent de l’existence de plusieurs civilisations préhistoriques et historiques. Des ruines et des industries lithiques très riches situées au nord du village, ainsi que des écritures libyques dans le rocher d’Azru Imeyazen. Ali Derdar, chercheur, tente d’en percer les mystères en partant de ce village antique jusqu’au fond de l’histoire et mythologie de la Berbérie», lit-on dans le synopsis du film.

Farida Elharani

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