C’est la cacophonie !

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Depuis la mise en application de la décision prise par les boulangers d’augmenter le prix de la baguette de pain à 15 dinars, le premier décembre, c’est la cacophonie. Après avoir réduit la quantité de pain préparée quotidiennement, ces artisans sont passés à une action radicale à savoir une grève illimitée. Cela a provoqué une pénurie de cet aliment essentiel pour le consommateur d’une part et d’autres désagréments inhérents à d’autres activités d’autre part. Aussi, les restaurateurs n’ont pas eu leur quota si bien qu’ils se sont rabattus sur la galette maison afin d’éviter l’arrêt de leur commerce. «C’est cher. Mais on ne va quand pas même pénaliser nos clients», fait savoir un restaurateur. Ce mouvement de grève a eu des répercussions sur le fonctionnement des cantines notamment en cette période de compositions de fin de trimestre. On a contacté un boulanger du centre-ville de Draâ El-Mizan pour avoir plus de précisions. «D’abord, je mets à votre disposition le PV rédigé le 28 novembre dernier en présence des membres du bureau national de l’ANCA et les délégués des 67 communes représentées au sein de l’union des boulangers de la wilaya», a-t-il commencé. Dans ce PV, il est mentionné que le prix de la baguette allait passer à 15 dinars. Ce document a précisé aussi que les revendications portaient non seulement sur l’augmentation du prix de la baguette mais aussi sur la diminution de son poids à 200 grammes. Ainsi, son prix à la livraison sera fixé à 14 dinars, selon le même rapport. Une copie de ce PV a été transmise à la DCP, au chef de cabinet du wali et à la sûreté de wilaya, précisera notre source. «Notre décision a été bien réfléchie», ajoutera le même interlocuteur. Avant d’énumérer toutes les raisons qui ont mené à cette augmentation. «Il est vrai que le prix de la farine n’a pas augmenté. Mais jusqu’à présent personne ne parle de nos charges. Je vous dirais sincèrement que nous travaillons à la perte», avouera-t-il. Et d’ajouter : «Avant, on nous livrait la farine sans débourser aucun sous de nos caisses. Aujourd’hui, nous sommes contraints de louer un camion à raison de 15000 dinars et on doit payer les déchargeurs à raison de 5000 dinars. En plus, le prix de la levure a flambé. Nous payons 1200 dinars de plus pour 10 kg de levure. L’améliorant n’est pas en reste. Il est à 850 dinars le kilo. N’oubliez pas les charges. L’électricité et le gaz ont subi des augmentations. Et nous réglons toujours la troisième tranche. Donc, si on fait les calculs, on perd plus de 30 millions de centimes par mois. Si cela continue, il vaut mieux fermer boutique». Pour cet interlocuteur, les consommateurs devraient les soutenir. «Si l’Etat prenait des engagements séreux, pas seulement la subvention de la farine, dans le sens de partager les charges avec nous, nous serions prêts à baisser le prix jusqu’à 8,50 dinars pour une baguette de 250 grammes. Mais, dans de pareilles conditions, même à 15 dinars, c’est peu demandé», conclura le même gérant. De leur côté, les commerçants ont dès le premier jour refusé de prendre leur quota chez leurs fournisseurs. «L’inspection du commerce est à cheval. Je ne vais quand même pas payer pour les autres. Eux (les boulangers) ont leurs raisons et leur association qui les défendra, par contre moi, je n’aurais personne pour me défendre. Une fois les choses mis au clair, je serais prêt à prendre mon quota», confiera un commerçant de la région. En tout cas, à entendre les boulangers qui ont avancé les mêmes raisons, ce bras de fer est loin de s’estomper même si des voix s’élèvent ici et là comme celle du président de la fédération nationale des boulangers qui a déclaré à la presse que le prix du pain ne va pas augmenter en annonçant même que de nombreux boulangers sont revenus sur leur décision en vendant la baguette à 10 dinars au lieu de 15 dinars.

Amar Ouramdane

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