Macron, la restitution des crânes et le reste…

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S. Ait Hamouda

La dernière visite de Macron, aussi rapide fut-elle, ou laissera les Algériens sur leur faim ou les satisfera. Cela dépend de la position qui nous semble la plus proche du débat. Cela dit, il advient dans les relations algéro-françaises, depuis l’élection de Macron, comme une sorte de rapport schizophrénique : là où l’on croit que tout a été réglé, tout peut dérailler et la où l’on croit que tout est bloqué, tout peut repartir de plus belle. Certes la restitution des crânes de martyrs exposés au musée de l’homme à Paris et de copies des archives de la colonisation, comme promis par le président de la République Française, sont de nature à apaiser les esprits, de part et d’autre de la méditerranée. Mais pas totalement, tant que la France ne présente pas son mea culpa à l’Algérie et à son peuple, aussi explicitement que celui qu’elle a présenté au peuple juif pour son implication dans la déportation des israélites durant la dernière guerre mondiale. Et de plus, lorsque l’on évoque les massacres, les déportations, les tueries, les tortures, les privations de libertés d’Algériens, rien ne permet de se suffire d’excuses, même les plus plates. Que le dossier mémoriel satisfasse le ministre des Moudjahidine, ceci ne peut être qu’une réaction diplomatique à un problème d’envergure qui interpelle la France, pour lui rappeler son devoir de mémoire envers son passé colonial, totalement et dans le détail. C’est un pas important, dans le sens de la reconnaissance des crimes du colonialisme, mais pas assez. C’est vrai que le premier homme de France a promis une visite d’Etat en 2018, qu’à cela ne tienne, mais qu’est-ce qui garantit à cet égard qu’il tiendra ses promesses. L’Algérie en a vu des vertes et des pas mûres dans ses relations avec l’ex-occupant, pour croire sur parole M. Macron. Mais il a le bénéfice du doute. Il n’était pas encore né lorsque l’Algérie recouvrit son indépendance, est-ce une raison pour s’exonérer des ses responsabilités envers l’histoire des deux pays ? Certainement non !

S. A. H.

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