Lounis Aït Menguellet s’est produit, avant-hier, sur la prestigieuse scène de l’Opéra d’Alger, devant un public chaleureux et assoiffé de ses chansons. Ce fut un concert mémorable, dans la communion et la chaleur fraternelle.
Le début du spectacle était annoncé pour 16 heures, et à 15h à peine l’Opéra affichait complet. Dans les coulisses, le sage avait l’air un peu fatigué et stressé. L’ayant sollicité pour avoir ses impressions avant le début du spectacle, il nous fera part de son besoin de concentration au moins pendant deux heures avant son entrée en scène. Il était entouré de sa famille. Dans la salle, la venue du ministre de la Culture était annoncée, des places lui étaient réservées. Dans le carré VIP, on voyait un fidèle spectateur du grand maître Lounis Aït Menguellet, M. Ramtane Lamamra, ex-ministre des Affaires étrangères. Ce dernier ne rate jamais les concerts de son chanteur «préféré» à Alger, il était d’ailleurs présent à la Coupole au mois de mars dernier. La directrice de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, Mme Nabila Goumeziane, était aussi présente. On voyait également à ses côtés un grand artiste qui a fait les beaux jours du cinéma kabyle, le comédien Saïd Hilmi, qui a fait le déplacement en famille depuis Azeffoun. Il est 16h30, le ministre ne viendra finalement pas. L’on apprendra que cette défection était due à la coïncidence du gala avec la clôture de la 8ème édition du Festival international du cinéma qui se tenait à Alger. Le public trépignait d’impatience, des familles entières étaient venues de partout, même de l’étranger. C’est le cas de cette dame, venue spécialement de Nante. «Je ne pouvais pas rater ce moment, je suis en vacances et c’était l’occasion ou jamais. J’ai grandi avec ses chansons. Aujourd’hui, j’ai 51 ans et elles me touchent toujours autant», dira-t-elle émue. Cet autre spectateur nous confiera être venu en autostop de Sétif… ça en dit long sur la place qu’occupe l’artiste dans les cœurs. Tout le monde s’installe pour enfin savourer le grand show. L’animatrice annonce l’entrée du chantre, accueilli par un tonnerre d’applaudissements et de youyous. Après avoir salué son public et remercié les organisateurs, Aït Menguellet dira : «Avant d’arriver ici, il faut savoir qu’on a répété à Tizi-Ouzou pendant trois jours… Et je tiens ici à remercier la directrice locale de la culture, Mme Nabila Gouméziane, ainsi que Mme la directrice de la Maison de la culture Mouloud Mammeri, pour nous avoir ouvert les portes de l’établissement». «Aujourd’hui, je ne vous ai pas apporté de nouveautés, mais de très anciennes chansons. Si ça ne vous plait pas, vous pouvez toujours le dire !», dira le chanteur avec le sourire. «Non», cria son public d’une seule voix, lui signifiant son accord et l’appréciation de son choix. Le show commença donc avec un cocktail de chansons des années 80. «Daghriv», «Thafath Nedounithiw», «Achhal I hedragh fellam»… feront chavirer la salle, le public répondait en chœur, reprenant les paroles et dansant au rythme des titres qui s’enchaînaient. Quant à l’artiste, les signes de fatigue et de stress avaient disparu, il était au sommet de sa forme. Il entonnera ensuite sa célèbre chanson qu’il avait interprétée en duo avec la défunte chanteuse Dahbia «Anida Thedjid Mmi», cette fois-ci chantée avec la jeune chanteuse à la voix d’or Nouria. Le duo acheva d’enivrer l’assistance. Puis s’ensuivra «AthaQvaylith» et d’autres chansons, sur la cause et le combat identitaires, qui feront fuser, de chaque coin de la salle, des «Imazighen», «Imazighen»… qui résonneront longtemps dans l’Opéra d’Alger. Le chanteur rendra ensuite hommage à la femme et à la JSK, durant toute la seconde partie du gala. Celle-ci sera entamée par un duo avec son fils Djaffar, interprétant la chanson «Akka Ammi». Lounis Aït Menguellet, qui célèbre cette année, pour rappel, ses 50 ans de carrière, n’oubliera pas de sitôt son passage à l’Opéra. Il se souviendra longtemps de ces jeunes brandissant une banderole où l’on pouvait lire «Sur les traces de Lounis Aït Menguellet, toujours fidèle à notre grand poète, le sage, le philosophe. Merci notre docteur».
Kamela Haddoum

