«Les langues sont une richesse de l’humanité»

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La salle de conférence de la bibliothèque principale de lecture publique de Tizi-Ouzou a abrité une table ronde autour de la production littéraire et scientifique, dans l’après-midi de samedi dernier, en hommage à Mouloud Mammeri.

La table ronde a été animée par trois hommes de lettres, en l’occurrence Hacène Halouane, Hamid Bilek et Abdenour Abdeslam. L’ouverture est assurée par M. Halouane qui, en parlant de Mouloud Mammeri, déclare: «Il a consacré toute sa vie à la recherche et à la linguistique. Il nous a donné la clé, en créant la grammaire berbère». Étant polyvalent, Mammeri touche à tout ce qui «a trait à la culture et à la langue amazighe», il poursuit. Le conférencier dira également que «nos aïeux ont laissé un trésor et c’est à nous de le préserver et de l’enrichir». Hamid Bilek, quant à lui, traite le sujet de «Boulifa à Mammeri». Ces deux hommes, qui ont vécu chacun sa période, se complètent, car ils ont plusieurs points qui les unissent. «Ils ont sacrifié leur vie pour la langue amazighe, et dans un contexte aussi difficile et douloureux que celui de la colonisation». Il est à relever que ces deux hommes étaient des enseignants de la langue française. Bien qu’ils aient étudié cette langue, ils n’avaient pas renié leur identité. En effet, ils ont déterré ce qui était enfoui dans les sous-sols, pour le mettre au service du peuple et éveiller les consciences. «Traduire les poèmes de Si Mohand n’est pas donné à tout le monde», nous disent les trois animateurs. Mammeri apporte une cinglante contradiction aux propos d’Hanotaux qui qualifiait la femme kabyle «d’objet et d’esclave». Mammeri rétorque, en affirmant que la femme kabyle «est très avancée par rapport à son époque et à celle de la femme occidentale. Elle est au four et au moulin. Elle veille à l’éducation de ses enfants, tout en étant gardienne des traditions berbères». Abdenour Abdeslam, à son tour, fit une rétrospective des œuvres de Mouloud Mammeri. «Depuis son enfance, il écoutait beaucoup les vieux du village, pour apprendre et emmagasiner le savoir et la sagesse», nous dit M. Abdeslam. Les voyages de Mouloud Mammeri à travers le pays, notamment à Timimount Tamanrasset ainsi qu’au Maroc, n’ont pas été de complaisance, bien au contraire. Mouloud Mammeri a déterré des vérités, pour les mettre à la disposition du peuple et contribuer au développement de la langue amazighe, sa grammaire et ses caractères. «Est-ce normale qu’un enfant étudie sa langue maternelle après avoir étudié l’arabe et le français en premier?», s’interroge M. Abdeslam.

M. A. Tadjer

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