«De Gaulle ne nous a pas donné l’indépendance»

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La salle de conférences de la faculté des sciences de l’université de Boumerdès a abrité, la semaine dernière, une conférence portant sur les manifestations du 11 décembre 1960. Organisée par des étudiants affiliés au club scientifique «Héritage», du département des langues étrangères de l’université M’Hamed Bougara, cette rencontre a été animée par Lounis Mehalla, ancien moudjahid et cadre supérieur à la retraité. «Les douloureux événements survenus le 11 décembre de l’année 1960 constituent une étape cruciale dans l’histoire de l’Algérie. Ils nous rappellent une répression terrible exercée sans état d’âme par les troupes de l’armée coloniale contre des civils innocents. On a dénombré à l’époque plus de 500 morts criblés de balles», dira l’orateur. Et d’ajouter : «Au début, il y a eu des affrontements entre les Français soutenant le général Charles de Gaulle et ceux qui étaient contre lui. De Gaulle avait tenté de faire un cessez-le-feu tout seul, ce qu’on appelle la trêve unilatérale, mais en vain. Et lors de son passage dans l’Oranais, le général français avait lancé «Algérie algérienne» dans son discours. Cela n’a pas laissé les Algériens indifférents. La formule a provoqué des remous et a joué un rôle important dans la prise de conscience générale. Elle avait aussi nourri les antagonismes entre les Français. Après des incidents spontanés notamment à Belcourt et un peu partout à Alger, la grogne a atteint plusieurs autres villes algériennes. Je me souviens très bien, j’étais à Alger ce jour-là (le 11 décembre 1960), les manifestants scandaient : «Algérie algérienne». Faisant face à la répression les mains nues, ils reprenaient «Algérie musulmane», «Vive le GPRA», «Abbas au pouvoir». L’intervenant soulignera l’apport remarquable de cette action spontanée à l’élan du mouvement insurrectionnel algérien menant à l’indépendance du pays. «Juste après les manifestations du 11 décembre 1960 commencèrent les tentatives de négociation entre la France et le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), représentant effectif du peuple algérien devant le gouvernement colonial français», indiquera-t-il. Et le combat diplomatique commença entre la France et l’Algérie. En mars 1962, ce nouveau mécanisme de lutte aboutira en effet à un accord de paix entre les deux pays. «Mais penser que le général De Gaulle nous a donné l’indépendance est un leurre. L’indépendance de l’Algérie a été arraché grâce à la lutte et la persévérance de grands hommes comme Didouche Mourad, Larbi Ben M’Hidi et tant d’autres valeureux combattants», a tenu à préciser M. Mehalla, appelant à la lecture de livres d’histoire, tels «Le chevalier de la foi» (1947) et «Décoloniser l’histoire» (1986).

Djemaa Timzouert

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