Grève des ouvriers d’özgün

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Mercredi dernier, les 231 ouvriers algériens de l’entreprise turque Özgün, chargée des travaux de modernisation des gorges de Kherrata, ont entamé une grève illimitée pour dénoncer le plan de licenciement que l’entreprise a l’intention d’entreprendre courant de ce mois.

En effet, ce plan établi par la direction d’Özgün prévoit, d’ici la fin de ce mois de janvier, le licenciement définitif de 70 ouvriers et projette de faire travailler les 161 autres ouvriers par alternance, un mois sur deux. C’est ce que les ouvriers dénoncent, qualifiant le plan d’«inacceptable». Rencontrés sur place, les ouvriers grévistes ont affirmé, par l’intermédiaire de leur représentant syndical, M. Lachouri, qu’ils «rejettent» catégoriquement ce plan et qu’ils demandent «l’intervention du ministre des Travaux publics» pour clarifier la situation. «Ce projet est le rêve de centaines de familles de toute notre région. C’est d’ailleurs le seul dans les environs. Nous n’avons pas de problèmes avec l’entreprise Özgün, mais nous demandons aux hautes autorités de notre pays d’intervenir pour clarifier les choses. Actuellement, ce projet est entouré de trop de flou. Nous avons peur pour nos postes de travail, nos seuls gagne-pain», nous diront-ils. «Licencier 70 ouvriers pourrait engendrer une émeute ! En outre, accepter de travailler un mois sur deux est inimaginable ! Avec un salaire complet, nous avons déjà du mal à subsister, que dire alors de vivre avec la moitié d’un salaire ?», diront-ils encore. Les ouvriers disent être déterminés à aller jusqu’au bout pour protéger leurs postes de travail. De son côté, la direction d’Özgün affirme comprendre le sentiment de ses salariés, «mais il est aussi inconcevable à une entreprise qui veut faire des bénéfices de garder des ouvriers et de les payer quand il n’y a rien à faire», nous diront les responsables. Avec la fin des travaux dans le premier tunnel, l’entreprise s’est retrouvée dans «l’obligation de dégraisser ses effectifs». En plus des difficultés de trésorerie auxquelles elle fait face, le manque d’acier constitue un autre problème qui retarde les travaux. Özgün fait face déjà au problème de non payement de quatre situations concernant les ouvrages d’art. Pour le tunnel achevé, l’entreprise n’a perçu, pour le moment, que «la moitié de ce qui a été convenu». Le problème du manque d’acier est toujours posé. L’État refuse de remettre une licence à l’entreprise pour importer l’acier nécessaire à ce projet. Mais le grand problème réside dans le projet concernant le creusement de trois nouveaux tunnels d’une longueur globale de 1300 m. Après un premier appel d’offres qui s’est avéré infructueux, un deuxième appel a été lancé au mois de novembre passé ; mais, trois jours avant l’ouverture des plis, une instruction du ministère a demandé de surseoir à cet appel d’offres. C’est ce qui a porté un coup de massue au moral des travailleurs ainsi qu’à l’entreprise. Maintenant, les travailleurs demandent la désignation d’une entreprise pour commencer les travaux de creusement des trois tunnels et veulent des garanties qu’ils garderont leurs postes peu importe l’entreprise affectée. De son côté, Özgün espère bien décrocher le projet, promettant que «tout le projet sera livré courant 2018». Le creusement des trois tunnels ne commencera qu’après livraison du chantier actuel, c’est-à-dire courant 2018. D’ici la venue du wali de Béjaïa, M. Mohamed Hattab, prévue pour demain dimanche, les autorités locales de Kherrata tentent de calmer les esprits afin d’éviter tout débordement. Le P/APC, M. Kasdi, a exhorté les grévistes à tout faire pour préserver ce projet et a promis de faire de son mieux pour régler leur problème rapidement. Mais, les choses évoluent vite, car, avant-hier, jeudi, les grévistes ont durci le ton et bloqué carrément l’accès à la base de vie de la société.

Saïd M.

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