»Alger a besoin de grands remèdes »

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La Dépêche de Kabylie : L’avis d’appel d’offres lancé pour la réalisation de la Grande mosquée d’Alger semble exclure les bureaux d’études algériens, au vu des conditions requises dans le cahier des charges, qu’en dites-vous ?ll M’hamed Saharaoui : L’avis lancé n’était qu’international puisque le national n’est qu’une boutade. Les exigences contenues dans le cahier des charges sont exorbitantes de sorte qu’aucun bureau d’études algérien ne peut y prétendre.De même, il n’a pas été compris par les journaux, on a fait confusion entre un appel d’offres censé désigner un maître d’ouvrage délégué en quelque sorte pour l’assistance de la commission de suivi et de réalisation de la mosquée et une maîtrise d’œuvre qui concerne la conception elle-même.En réalité, cet avis a été lancé pour retenir l’entreprise qui pourra assister la commission de suivi et de réalisation de la mosquée du début jusqu’à la fin de l’opération, par toutes sortes de contributions, peut-être même qu’il définira le mode d’attribution de la maîtrise d’œuvre. Ecarter la contribution des nationaux dans la réalisation de cet ouvrage est une humiliation de plus,après un ouvrage de souveraineté à la mémoire de nos martyrs réalisé par des étrangers, il serait heureux qu’ils soient associés en tant qu’acteurs. Il faut les mettre dans le bain. Pourquoi se tourner systématiquement vers l’étranger quand il s’agit de construire un monument aussi attaché à nos valeurs, nous restons toujours avec une sorte de complexe d’infériorité même chez nous. Après avoir profondément travaillé sur ce projet, j’espère que les autorités feront appel à nous. Vous avez contribué à la maturation de ce projet. Quelle en était votre part ?ll Le projet de la mosquée est d’une sensibilité extrêmement importante,il s’agit d’unmonument novateur et représentatif d’une démarche.il a rassemblé des gens de la religion à l’instar de l’ex-ministre des Affaires religieuses, Abderrahmane chibane, ainsi que d’autres personnalités. Ils étaient à l’origine d’une association qui a travaillé sur ce sujet avec mon concours et ma participation. On voulait faire un ouvrage d’exception, vu que l’Algérie ne possède pas une mosquée digne d’elle. On a beaucoup travaillé pour que ce projet resplendisse, de part sa position sur la baie d’Alger et la hauteur qu’on lui avait attribué,il allait être le monument le plus élevé de la capitale.Ce projet est un nouveau concept qui sort complètement de l’ancienne typologie, je voulais y intégrer les technologies modernes. Ainsi, la grande salle des prières, d’un diamètre de 120 m, sera débarrassée de tout obstacle visuel, et sa couverture était des éléments en béton qui montaient jusqu’à 225 m pour se terminer par un minaret. Une architecture authentique qui s’inscrit dans le 21° siècle, un élément qui a tout à fait convaincu le président de la République qui a dit qu’à travers cet édifice on pourra faire renaître les anciens métiers actuellement disparus. Depuis cette période, on m’a clairement expliqué qu’on attendait la pose de la première pierre, j’ai tout de même plus ou moins donné rendez-vous pour lancer les terrassements et les études que je me proposais de faire gratuitement, cela est loin d’être une ambition de décrocher un marché.Pendant 4 ans, le dossier était mis sous le coude car il était question de faire sortir des indus occupants du terrain à construire.En apprenant cela, le président de la République a remis le projet sur le tapis, en constituant une commission de suivi et de réalisation de la mosquée. Elle a été installée par le chef du gouvernement l’été dernier.

Revenons au sujet de la réhabilitation de la capitale, quel est votre point de vue ?ll C’est une entreprise louable mais insuffisante, car la seule solution pour qu’Alger redevienne une capitale digne de ce nom est la démolition des vieux quartiers. D’une part, le bâti a vieilli, donc ne résiste pas à un fort séisme, d’autre part, comme dans toutes les capitales du monde, des opérations similaires ont eu lieu, où de vieux quartiers ont été reconstruits selon la demande de l’époque. Donc, la moitié d’Alger doit disparaître pour un bâti plus conforme aux temps modernes. Il est temps de le faire, pour qu’elle ressemble aux autres capitales du monde. Les nouvelles villes, comme Sidi Abdallah, peuvent servir de villes tiroirs où les populations seront relogées. Il y a des blocages certes où les gens n’acceptent pas de voir leurs immeubles démolis, mais cela va dans l’évolution des villes. On va ainsi régler le problème de centralité et de la circulation. Les opérations intermédiaires qui ne concernent que des parties de la capitale ne peuvent pas régler le problème dans son ensemble, elles vont peut-être apporter une microzone qui sera peut-être de qualité, mais ne réglera pas le problème de la physionomie de la capitale. La ville a besoin de grands remèdes.Il y a beaucoup à faire à Alger ainsi que dans les autres grandes villes : Oran, Constantine, Annaba, en l’occurrence des opérations de restructuration.La reconstruction sera faite d’une manière moderne, où de nouvelles formes émergeront comme les immeubles intelligents ou des infrastructures et institutions y seront même à plusieurs étages.

Entretien réalisé par Naïma B.

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