Le maire FFS de Souk El-Tenine, M. Slimane Khermous, dans la daïra de Maâtkas au sud de Tizi-Ouzou, parle dans cet entretien de l’état des lieux qui prévaut dans sa commune. Une commune totalisant 17 000 habitants répartis sur 14 villages et hameaux.
La Dépêche de Kabylie : Quel constat faites-vous sur l’état des lieux de votre commune ?
M. Slimane Khermous : Disons que l’état financier dont je viens d’hériter est encourageant, puisque 10 milliards de centimes, attribués dans les cadres des PCD et de subventions de wilaya, ne sont pas encore consommés. Des projets remontant à 2015 non encore lancés, certains boiteux et d’autres en attente d’achèvement. À titre d’exemple, l’APC a reçu une subvention de l’ordre de 150 millions de centimes depuis 2015, destinée à l’achat de matériel au bénéfice de la polyclinique, mais à cause d’un changement d’intitulé, la subvention attend toujours d’être dépensée. Il y a lieu de constater que même le peu d’argent que l’État nous a attribués, on trouve le luxe de ne pas le consommer. Nous avons, dès notre installation, commencé à assainir toutes les situations. L’autre volet qui est catastrophique, c’est le manque de structures. Une commune sans stade, sans maison de jeunes, sans salle polyvalente aux normes, la crise de logement, l’anarchie au chef-lieu, le marché couvert en attente d’exploitation, un parc roulant tellement vieux qu’il faut à chaque fois le réparer, l’engin communal disparu pendant trois ans refait surface à la veille de notre installation mais en panne… C’est vous dire que les problèmes et les manques sont énormes. C’est à se poser des questions sur ce qui a été fait lors du mandat précédent.
Parlez-nous du fonctionnement administratif de l’APC ?
Nous avons hérité d’une situation instable et de dysfonctionnements multiples. Nous avons trouvé des affectations aléatoires, des ouvriers payés pour rester à la maison alors que l’APC fait face à un manque terrible en matière de personnel. Nous avons, donc, établi un listing de l’ensemble des ouvriers et des fonctionnaires de la mairie. Nous avons, du coup, réorganisé l’ensemble de nos services tout en tenant compte des profils. L’assainissement se poursuivra pour une rentabilité optimale. Toujours est-il que nous avons encore besoin de plus de personnel pour assurer l’ensemble des tâches imparties à la commune.
Qu’en est-il du secteur de la santé publique ?
L’état des lieux n’est pas satisfaisant. La polyclinique du chef-lieu n’est pas au mieux. Dès notre arrivée, nous avons été sollicités pour intervenir sur de petites opérations que nous avons d’ailleurs réalisées. Les trois unités de soins fermées à Agouni Bouffal, Tighilt Mahmoud et Taghlit sont fermées. Nous ferons de notre mieux pour les rouvrir dans les meilleurs délais. La solution définitive à l’amélioration du secteur de la santé dans notre commune réside en la concrétisation du projet d’EPH inscrit au profit de notre circonscription. Nous multiplions les démarches avec nos députés pour le lancement effectif des travaux. C’est une de nos priorités.
Sans stade communal, sans maison de jeunes, sans véritable salle polyvalente…, que feriez-vous pour améliorer la situation ?
Hélas, c’est l’amère réalité. Ces secteurs sont les points noirs de notre commune. Nos jeunes n’ont pas d’espace pour s’occuper à bon escient. Nous allons multiplier les démarches et saisir toutes les opportunités pour avancer. Les directions concernées seront interpellées sans cesse. D’ailleurs, nous faisons des prospections de terrains pour les proposer aux directions concernées qui doivent prévoir aussi des indemnisations pour les propriétaires, puisque le foncier de l’État, au niveau de notre commune, brille par son indisponibilité. Dans tous les cas de figure, nous ne baisserons pas les bras.
Qu’en est-il du projet de réalisation d’une agence postale et de la restructuration du chef-lieu ?
Le projet de l’agence postale, qui a coûté 1,5 milliard de centimes entrant dans le cadre des PCD, est en voie de travaux de finition. Il reste deux tranches pour l’achever complètement avant de le réceptionner. Ce bien communal ne sera attribué que pour renflouer les caisses de la commune en vue de contribuer à son développement. Concernant la restructuration du chef-lieu, heureusement que la convention n’est pas signée et que les travaux ne sont pas lancés. Cette convention est à revoir dans le fond et dans la forme. L’accord initial est une catastrophe pour notre commune. Nous ferons en sorte que notre commune en tire tous les dividendes.
L’habitat rural a beaucoup fait parler de lui à Souk El-Tenine. Pouvez-vous donner plus de précisions ?
En effet, le dossier de l’habitat rural n’est pas reluisant. Un quota de 100 unités a été accordé à l’APC, mais les normes d’attribution n’ont pas été respectées. Les gens aisés en ont bénéficié alors que les démunis sont toujours en attente. Le suivi du dossier n’a pas été assuré comme il se doit. Du coup, la commune a été privée d’autres quotas puisqu’elle n’a pas avancé. Nous sommes sur le dossier pour l’assainir. Actuellement, nous avons enregistré 600 dossiers ficelés en attente de satisfaction. Nous demandons, donc, à la direction concernée de nous octroyer un quota important pour diminuer la pression qui s’exerce sur nous.
Le gaz naturel et l’AEP ne sont pas non plus au beau fixe…
Concernant le taux de raccordement au gaz naturel, il est insuffisant. Le chef-lieu n’est pas encore alimenté en plus de nombreux villages et foyers omis ou éparses. Toutefois, les travaux se poursuivent et nous suivrons et accompagnerons les entreprises réalisatrices pour faire parvenir cette énergie à l’ensemble des foyers de la commune et ainsi, améliorer significativement le taux de raccordement qui doit automatiquement se rapprocher au moins du taux de wilaya. Au sujet de l’alimentation en eau potable, il y a un vrai problème de gestion. Certains villages ont de l’eau et d’autres en souffrent, notamment durant la saison estivale. Nous avons actuellement un grand projet qui consiste en la réalisation d’une nouvelle chaîne. L’entreprise est retenue et les travaux ne sauront tarder pour régler définitivement le problème de la rareté de l’eau potable. Ce sera une véritable bouffée d’oxygène.
Que préconisez-vous pour améliorer l’état de l’environnement et endiguer l’anarchie qui sévit au chef-lieu ?
Au sujet de l’environnement, c’est une autre catastrophe à laquelle nous devons trouver des solutions. Nos ordures ménagères sont acheminées à Oued Falli alors que nous avons un CET à Boghni, tout près de chez nous. À ce titre, j’invite la Direction de l’environnement à nous accorder un créneau pour les déposer à Boghni. Je rappelle que notre benne-tasseuse est, elle aussi, en panne, nous n’avons que trois camions en état d’usure qui tombent souvent en panne. Il nous faut au moins une benne-tasseuse. Malgré cela, nous avons deux villages lauréats au concours Aissat Rabah, de 2017, à savoir Izaouiyene et Tighilt Mahmoud. Pour avancer dans ce domaine, nous avons déjà tenu une réunion avec l’ensemble des comités de villages pour les sensibiliser à participer au concours. Pour revenir à l’anarchie qui règne au chef-lieu, c’est une équation à plusieurs inconnues. Nous allons essayer de mettre en place un plan de circulation. Les services de la sûreté urbaine seront sollicités pour veiller à son application et à améliorer la sécurité au niveau du chef-lieu. Pour terminer, j’aimerai lancer un appel à l’ensemble des habitants de Souk El Tenine pour un travail collégial et concerté via le conseil consultatif que nous allons bientôt installer. L’enjeu en vaut tous les sacrifices, il y va de l’intérêt et du développement de notre commune.
Entretien réalisé par Hocine T.