Cap sur la modernisation

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L’Assemblée populaire communale de la troisième ville de Kabylie a tenu sa première session de délibérations publiques dans l’après-midi du lundi 20 mars, quatre mois après les élections partielles du mois de novembre qui ont vu le FFS l’emporter de justesse, sur ses concurrents des listes de candidats indépendants avec une majorité relative de 5 sièges sur les onze en jeu.Abderrahmane Benseba, le P/APC qui en est à son troisième mandat, encadré par ses fidèles techniciens, Medboua et Hemmam ouvre la séance à 13 h30 après avoir attendu l’arrivée des élus de l’opposition qui ont tenu à marquer leur différence en se faisant quelque peu désirer.“Cette réunion promet d’être houleuse”, avertit un connaisseur des équilibres politiques précaires révélés par l’élection partielle.Nous avons cru, un moment à ce mauvais présage, quand Rachid Hamidouche, l’ex-maire, campant le rôle du chef de l’opposition locale, a demandé un point d’ordre, interrompant la lecture de l’ordre du jour du président : “Nous voulons débattre à huis clos certains points conformément à l’article 19 du code communal !”.Sachant que cet article traite de l’ordre public et des cas d’indiscipline, nous avons craint que le P/APC ne fasse évacuer la salle, où une centaine de personnes, des représentants d’associations et des notables de villages, très intéressés par cette délibération, attendaient sans doute des informations vitales pour leurs quartiers et villages respectifs. Mme Tansaouti, élue du FLN et M. Benanoune élu du FNA, bien sages, n’ont pas cautionné cette tentative de blocage, ce qui a poussé M. Hamidouche, mis en minorité, à accepter la poursuite de la session publique et une réunion des onze élus à huis clos, après l’épuisement des quinze points prévus à l’ordre du jour.Contacté en fin de séance sur le sens de ce huis clos M. Hamidouche dira : “Il y a des vérités que l’on doit se dire entre élus”.S’agit-il d’un certain linge sale à laver en famille ? Auquel cas, l’opposition se considère de la famille et demande une meilleure appréciation de son rôle ou alors d’une tentative de putch mal négociée ?L’avenir nous le dira.

“Le vrai travail va commencer”C’est finalement dans une atmosphère bon enfant, que les travaux se sont poursuivis, émaillés des récriminations de Tifraoui, des doctes rectifications que Hamidouche apportait volontiers à l’étalage de la culture administrative de Medboua, qui s’enorgueillit de sa maîtrise des dossiers, malgré sa longue absence de l’exécutif.Les élus, à l’intérieur de l’exécutif comme dans l’opposition, ne sont visiblement pas au même niveau d’information, sur tous les dossiers.C’est l’information qui circule mal entre élus et qui n’arrive à la population, que par le canal de la rumeur, qui poserait problème à l’opposition incarnée par les 4 élus de la liste indépendante conduite par Hamidouche.“C’est maintenant que le vrai travail va commencer”, affirme Bahmane, conciliant avec son opposition et visiblement désireux d’impliquer avec lui, les dix autres élus, dans le chantier de modernisation de la ville et l’amélioration du cadre de vie des citoyens, véritable cheval de bataille de sa campagne électorale. L’adoption des quinze points à l’ordre du jour n’a pas posé problème :S’agissant de l’adjudication du marché de véhicules pour plus de 3 milliards, de l’ouverture de certains crédits, des bilans des CCS, du transport urbain, des plans d’occupation des sols (POS), de la liste des personnes âgées, du soutien aux démunis, de l’emploi des jeunes, de la reconduite des contrats d’assistance judiciaire, de la fixation des indemnités des élus locaux, de l’aide à l’alimentation en gaz naturel, de l’AEP de certains quartiers et d’autres préoccupations de l’heure.Un consensus s’est établi en cours de réunion sur l’installation d’une commission pour chaque dossier nécessitant une étude plus approfondie ou une expertise technique.La réouverture des dossiers très délicats a été décidée.Le quartier Sidi Ali où les citoyens sont coincés par l’absence d’actes de propriété, due à la bureaucratie des agences foncières, la cité GMS où les habitations réformées par les services techniques menacent à tout moment de s’effondrer sur leurs occupants, la Cité du stade et son habitat précaire, la crèche communale “cette institution ne profite pas à tous les enfants de la commune” selon l’élu Said Tifraoui, où le conseil d’administration ne s’est pas réuni depuis son installation et qui fonctionne “à la baraka de Dieu” sans règlement intérieur, ni programme approuvé, constituent entre autres des urgences qui ne peuvent être éludées.L’opposition rebondit sur le dossier de l’enseignement primaire, relevant que “certaines écoles souffrent d’un sous-équipement en tables et en chauffage” propose la désignation “d’une commission d’évaluation de la situation de toutes les écoles”.Le P/APC réfute l’existence d’écoles négligées et avance l’idée d’une commission responsable de la gestion des écoles primaires dans tous les volets qui concernent la mairie.Le dossier des personnels de la commune, celui des subventions aux clubs sportifs et aux associations agréées feront également chacun l’objet d’une commission spéciale, alors que la liste des personnes âgées sera revue par la commission des finances élargie aux élus.En fin de séance le problème de la cité GMS où se joue un véritable drame humain est remis sur le tapis par les représentants de ses habitants.L’assemblée opte alors pour une motion d’urgence à adresser au wali sous forme de télégramme.Il y va de la vie de 18 familles qui habitent un bâtiment récemment construit mais réformé par plusieurs expertises des services techniques parce que le béton n’est pas conforme aux règles minimales de construction.“Quand les techniciens ont procédé au “carottage” dans les piliers de béton ils n’ont trouvé que du sable, c’est pire qu’à Boumerdès, un jour tout va s’effondrer sur nos têtes”,explique Amar Boudjerou. “Nous avons payé et l’Etat a versé des aides pour ces logement. La réalisation de ces appartements piégés est une entreprise criminelle”, ajoute un autre locataire marqué par les dernières inondations.C’est vers 17 heures que cette première réunion publique des élus s’est achevée, pour que les citoyens laissent place à la rencontre à huis clos proposée par des élus de l’opposition conformément à l’article 19 du code communal. “Nous nous dirons des choses qui ne concernent que les élus”, dira Hamidouche Rachid.

Rachid Oulebsir

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