Quand les visites tournent à l’anarchie

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Les horaires de visite des malades hospitalisés à l’Établissement Public Hospitalier (EPH) de Sidi-Aïch, sont-elles une pure formalité ? À voir le flux de personnes qui y déferlent, de jour comme de nuit, on est tenté de répondre par l’affirmative.

Pourtant, en vertu d’une instruction du ministère de tutelle, les horaires de visite sont fixées, chaque jour de 13h30 à 15 heures. L’information est rappelée par des affiches placardées dans divers points de l’hôpital. Sauf que sur le terrain, a-t-on vérifié, c’est un tout autre scenario qui se donne à voir. «Nous avons de la connaissance parmi le personnel de l’hôpital. Cela nous permet de rendre visite à nos malades, quand bon nous semble», confesse un visiteur, qui s’invite à l’intérieur de l’hôpital, non pas aux horaires indiquées, mais en fin de journée. «Grâce à la mansuétude de certains fonctionnaires de l’hôpital, nous pouvons vaquer tranquillement à nos occupations quotidiennes, et faire une virée à l’hôpital à la nuit tombée», ajoute son compagnon. Des malades rapportent que dès les premières heures de la journée, des bruits de pas se font entendre dans les couloirs. Des silhouettes défilent dans les chambres, de manière ininterrompue. «Les entrées et les sorties ne s’arrêtent pratiquement jamais. Nous avons tout le temps de la visite, y compris au moment de la prise de médicaments, du changement de pansements et pendant les heures de repas», témoigne un sexagénaire, qui vient de se faire opéré pour une hernie hiatale. Ce ballet incessant est confirmé par un garde-malade, qui a eu à séjourner pendant quelques jours à l’hôpital. «Les malades sont assaillis et surpris par des visites inopinées, même à des heures indues. J’ai eu à veiller sur mon rejeton opéré pour une appendicite, et je peux vous dire que jamais je n’aurais imaginé un spectacle aussi désolant», témoigne-t-il, atterré. Cette permissivité sélective fait naturellement clore un sentiment d’injustice et donne souvent lieu à des prises de bec. Les agents de sécurité, qui veillent sur l’entrée des services intra-hospitaliers en prennent pour leur grade. «Vous faites dans le favoritisme, en créant une caste de privilégiés. C’est indigne de votre part», vitupère un visiteur refoulé, à l’adresse d’un gardien impassible. «Avec ce genre de mentalité, on n’avancera jamais. On se demande ce qu’attendent les responsables de l’hôpital pour sévir contre de tels comportements, qui discréditent le service public et portent préjudice aux malades», lance à la cantonade un quadragénaire.

N. Maouche

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