Un style qui fait fureur à Alger

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La société algérienne marque actuellement le retour d’un phénomène culturel remarquable : on n’entend presque plus parler, ces deux dernières années, dans l’Algérois, de la musique raï. Cela devient même exceptionnel, uniquement en été, lors des fêtes de mariages.Les gens sont attirés, aujourd’hui, beaucoup plus par les traditions sahariennes. Dans la rue, des jeunes et moins jeunes circulent en tenue moderno-traditionnelle: en jean et burnous, jean et tee-shirt et tête coiffée de chèche (écharpe du Sud algérien), et autres. Chose qui n’était pas faite auparavant, dans la capitale. L’on peut dire, présentement, que le gnawi ou le style saharien est le plus en vogue dans l’Algérois.Il a réapparu et s’est présenté, au début, à travers un genre musical mais visiblement le gnawi ne se limite pas uniquement dans la musique puisqu’ il devient tout un mode de vie.Nous avons eu des images vivantes d’une masse considérable des « gnawiens » qui se sont donné rendez-vous les 21, 22 et 23 mars à la salle Ibn Khaldoun pour assister aux « Nuits du Gnawi », organisées par l’établissement Arts et Culture. Durant les trois soirées, la bande d’annonce de la salle était comble. Les portes étaient fermées bien avant l’heure. Ceux qui n’ont pas pu assister aux spectacles se sont fait rembourser, le lendemain, leurs tickets d’entrée. Les chanceux, rassurés par le « OK » d’accès à la salle, attendaient leurs idoles, lesquelles arrivaient sur scène avec leurs instruments musicaux traditionnels dont el Kerkabou (castagnettes du Sahara) et el Goumbri (instrument traditionnel à cordes). « Les nuits du gnawi » ont été inaugurées par deux groupes : Zahret El Rimal de Bechar et Djmawi Africa.Zahret El Rimal est constituée de sept formations. Ce groupe gnawi se caractérise par la danse appelée « Diwan ». Une danse folklorique populaire du sud algérien.Djmawi Africa se présente dans un genre particulier, qui est un métissage de notes sahariennes, algérienne et occidentales. Ce groupe nous fait déguster du gnawi assemblé à quelques compositions de rock, parfois d’andalou, de reggae et bien d’autres styles musicaux.Gnawa Sidi Blal nous transporte, lors de la deuxième soirée, à Aïn Essefra pour nous présenter le « Bordj », un rythme de « Diwan », accompagné de nombreuses chansons dont le nombre est exactement de 365 titres animés dans un style appelé « lâalaoui ». Noujoum Essaoura, ce deuxième groupe venu également de Béchar, réunit des instruments modernes et traditionnels dans son exécution musicale dont le goumbri, le luth, le violon, la basse, la contrebasse, le mondole, le synthétiseur, el bendir, el karkabou et autres.Sous des mélodies du tbel (tambourin), ôud (luth), derbouka et el guellal (instrument de percussion) qui étaient exécutées par le groupe El Ferda, les “Nuits du Gnawi” ont pris fin. El Ferda est le nom d’un très ancien groupe de Gnawi de Kenadsa et qui a été repris par des jeunes artistes de Béchar.

Fazila Boulahbal

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