«Il est urgent d’aller vers un congrès extraordinaire»

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Dr. Rachid Halet, exclu l’année dernière par ses pairs du présidium du FFS, estime que la démission d’Ali Laskri de l’instance du parti était prévisible, vu la profondeur de la crise que vit la formation de feu Hocine Aït Ahmed.

La Dépêche de Kabylie : La démission d’Ali Laskri du directoire du FFS ne traduit-elle pas la profondeur de la crise que vit le parti ces derniers temps ?

Rachid Halet : Cela fait un an que le FFS est rongé par une véritable et profonde crise. Une crise politique, mais aussi une crise du directoire. Je dois rappeler, rien que pour rafraîchir la mémoire, que ce que j’ai subi au sein du parti est un véritable coup de force orchestré à mon encontre. Les prémices de cette crise ont été étalées dans la lettre que j’ai écrite pour dénoncer certains comportements qui, un an après, continuent d’exister. En est la preuve cette démission, somme toute prévisible, d’un membre du directoire. Cet évènement appelle d’urgence la tenue d’un congrès extraordinaire du parti pour sauver ce qui reste à sauver. Deux facteurs font que la crise au sein du FFS soit profonde. Il y a d’abord le facteur intrinsèque créé et nourri par le fonctionnement qui suit la logique d’appareil, un fonctionnement, osons le dire, quasi-stalinien. Ensuite, il y a ce facteur exogène d’une crise démocratique dans le pays. La gestion du FFS est malheureusement influencée par le climat de la politique générale du pays qui renie la démocratie. Une crise permanente et un environnement autoritaire dans lesquels il est très difficile de créer des structures démocratiques. La disparition de Si El-Hocine a négativement influé sur les structures du parti, mais surtout sur sa direction. Ce sont des éléments qui ont accéléré et aggravé la crise, et les problèmes qui couvaient ne se font que reporter au lieu d’avoir le courage de les discuter pour les résoudre.

Sauver le parti ? Cela sous-entend-il que le FFS est à la dérive ?

C’est plutôt sa direction qui le mène à la dérive. Il ne faut pas perdre de vue que le FFS est un parti très bien ancré au sein de la société. Le FFS est et restera le plus ancien parti algérien, fondé sur des principes démocratiques, que nul ne pourra le dévier de sa trajectoire. Néanmoins, en ces temps précis, il est urgent d’aller vers un congrès extraordinaire pour empêcher ceux qui mènent le FFS à la dérive d’arriver à leur fin. Le FFS a besoin de renouveau et d’une profonde refondation que seule la participation de tous les militants, y compris ceux qui étaient exclus, le sauvera et restituera ses vrais fondements sur lesquels il a été créé et construit. Il faut surtout un langage de vérité et dire les choses telles qu’elles sont. Il est indispensable de se remettre en cause, si réellement nous aimons le parti et croyons en ses principes fondateurs. Au risque de me répéter, le FFS est terrassé par une crise politique et une crise de direction. Notre lancée quant à la reconstruction du Consensus national a connu un échec, faut-il l’avouer. Si le Consensus national n’a pas avancé, c’est parce qu’il y a de l’adversité, non seulement à l’extérieur du parti, mais aussi au sein du FFS où il y a eu des adversaires acharnés sur la stratégie du Consensus, parce qu’ils n’ont rien compris à cette politique. Ajouté à cela l’absence totale de cohésion parmi les dirigeants du parti. Au prochain congrès, tout le monde devra être présent, surtout l’ensemble des membres du directoire. L’instance est une responsabilité collective, mais les responsabilités individuelles doivent aussi être assumées.

Propos recueillis par M. A. Temmar

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