Les autorités grecques s’alarment du pillage d’antiquités et d’icônes byzantines, qui continue de faire rage dans un pays qui regorge toujours de splendeurs archéologiques. « C’est la vraie pagaille, la situation est difficilement contrôlable, dans certaines régions les fouilles clandestines explosent », affirme le directeur de la brigade de lutte contre le pillage d’antiquités, Georges Gligoris, à la tête de 19 hommes pour tout le pays. »La première chose à laquelle pense un Grec qui trouve une antiquité dans son champ ou quand il creuse son terrain, c’est de la vendre à l’extérieur du pays », assure-t-il.Les antiquités partent ainsi pour la majeure partie à l’étranger et vont enrichir les collections privées et parfois les musées européens et américains, à travers les réseaux complexes du marché de l’art.Pour la première fois, et dans la foulée de l’exemple fourni par l’Italie, la Grèce a récemment porté plainte contre le musée Getty de Los Angeles, réclamant quatre antiquités exportées illégalement du pays.Dans une autre affaire, le prestigieux musée a annoncé qu’il allait rendre quatre vestiges à Rome, laissant Athènes espérer une issue semblable.Le ministre de la Culture grec, Georges Voulgarakis, a par ailleurs annoncé qu’il voulait rencontrer le directeur du Metropolitan de New-York Philippe de Montebello, qui vient aussi de restituer à Rome plusieurs œuvres acquises de façon douteuse.Au trafic d’antiquités qui perdure, un casse-tête supplémentaire s’est ajouté ces dernières années aux préoccupations de l’équipe de M. Gligoris. Depuis cinq ans qu’il dirige son service, il a constaté une « grande augmentation » des vols d’icônes dans les monastères et églises, où « il très facile de pénétrer ». »Nous retrouvons, à la suite d’informations, des icônes byzantines de grande valeur chez des particuliers que nous saisissons et déposons au musée byzantin d’Athènes », indique-t-il. Il estime que ces icônes « aux prix très élevés » ne devraient pas rester dans les monastères. »Les pilleurs n’hésitent pas à démonter les iconostases sculptées (cloisons décorées d’icônes) et à les vendre sur le marché, c’est une catastrophe », affirme-t-il, relevant que « l’icône est passée d’un statut d’objet pieu au statut d’objet d’art que les particuliers collectionnent ».M. Gligoris est convaincu que tout ce trafic qui brasse des millions d’euros sert notamment « au blanchiment d’argent ». Un objet antique « ne perd jamais sa valeur, au contraire, celle-ci augmente année après année ».Mais le responsable de la brigade estime que les conditions de la répression se sont améliorées avec la publicité donnée par les médias aux affaires de pillage d’antiquités, qui ont forcé les Etats à collaborer en signant des accords bilatéraux et internationaux. « Ces accords nous délient les mains et on peut maintenant commencer à rapatrier les objets ».La Grèce s’est par ailleurs lancée dans une étroite collaboration avec l’Italie, et M. Voulgarakis a demandé à voir son homologue Rocco Buttiglione. »Nous enquêtons actuellement en commun avec les Italiens pour pas mal d’objets », indique M. Gligoris, qui s’est rendu a plusieurs reprises ces derniers mois à Rome en compagnie du procureur Ioannis Diotis, magistrat célèbre en Grèce pour s’être illustré dans l’antiterrorisme.Les Italiens ont « pris les choses à bras le corps, le procureur Paolo Ferri avec qui nous coopérons se bat depuis dix ans dans ce domaine et récolte maintenant les fruits d’un excellent travail », affirme M. Gligoris. Pour lui, un exemple à suivre.