L’Olivier d’or du meilleur long métrage n’a pas été attribué, à l’issue de la 16e édition du Festival culturel national du film amazigh, clôturée avant-hier, dans la grande salle de la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.
«Aucun film ne méritait cette distinction. Nous ne pouvons pas cautionner des productions qui ne répondent pas aux critères universels d’un film digne de ce nom. J’ai le regret de dire que quelques productions sont de véritables OVNI (Objets vidéo non identifiés). Le film doit représenter dignement Mouloud Mammeri à qui on a dédié ce festival», a estimé M. Boukella, président du jury du Festival. Les membres du jury se sont néanmoins félicités de la qualité et du professionnalisme des autres productions, à savoir les films documentaires et les courts métrages. D’ailleurs, un prix spécial du jury a été décerné au court métrage «Taâekkemt n tudert», de Omar Amroun. Quant à l’olivier d’or, il a été décerné au court métrage «Lmuja», d’Omar Belkacemi. Le film «Amendil», de Hakim Rahim a raflé, quant à lui, les deux prix des meilleurs rôles féminin et masculin, qui ont été attribués, respectivement, à Djedjiga Makhloukhène et Salah Ouamar pour leur «excellente interprétation», a-t-on jugé. Enfin, le film documentaire «Izmulen n Igraren», d’Oussama Rai, a remporté l’olivier d’or. «Une super production qui mérite sa place dans des grandes chaînes de télévision de par le monde, comme Arte, par exemple», estimera le président du jury. Le film est un document sur les traditions anciennes de la vallée du Mzab. Menacées par la technologie, ces traditions risquent de disparaitre, heureusement que des métiers artisanaux résistent au développement et à la modernisation. Le Mzab sauvegarde ce segment de l’histoire par l’entretien du palmier jusqu’à la fabrication du cuir, en passant par l’industrie artisanale. L’autre production distinguée par l’olivier d’or «Lmuja» raconte un tournant dans la vie d’un journaliste et écrivain algérien. Bouleversé par le phénomène du suicide, celui-ci abandonne son projet de livre et vire vers un sujet qui devient douloureux. Vivant en Europe, ce journaliste décide de rentrer dans son pays d’origine afin d’écrire sur plusieurs suicides engendrés par le licenciement massif des travailleurs durant la décennie 1990. Il réside à Béjaïa, chez sa sœur Latifa, la femme de Mokrane (chômeur) et son fils Meziane. Il y vit le quotidien dépressif de son beau-frère qui finit par se suicider. Par ailleurs, le jury recommande un plan et un fonds spéciaux, dans les plus brefs délais, pour le développement du cinéma amazigh. Ils préconisent également la transformation de ce Festival national en un Festival international, entre autres.
Le long métrage, parent pauvre de l’édition
Le coup d’envoi de cette 16e édition a été donné, pour rappel, le 24 février 2018, au niveau du théâtre régional de Tizi-Ouzou, par le ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi qui, lors d’un point de presse, a promis une formation pour les jeunes cinéastes. Sur les 43 productions présentées à la commission de sélection, seuls 17 films ont été retenus pour concourir pour l’olivier d’or. Il s’agit de 3 longs métrages (Amendil, Anekkar n lxir et Tudert), de 7 films documentaires (Taqbilt, Thigherman n l’Aures, Asalay, Tamnadt n Leqbayel, Imeksawen n igenni, Izmulen n Igraren et Izuran n izelwan) et de 7 courts métrages (Tagzemt tamenzut, Human, Lmuja, Lexsas, Tahri deffir n lhid, Tazedjigt n lehla et Taâekkemt n tudert). Le jury du festival était composé de Tahar Boukella, président du jury, Amar Tribeche, réalisateur, Nasser Yami, réalisateur et producteur, Dahmane Aidrous, comédien, Boucetta Rabah, auteur, Samira Sidhoum, journaliste, critique de cinéma et enfin Arezki Larbi, plasticien et scénographe.
Des conférences, des spectacles et des ateliers
En plus des projections de films, des ateliers de formation et des conférences/débats ayant trait à la thématique du festival ont été au menu de cette manifestation culturelle et artistique. Les nombreux cinéphiles qui se sont déplacés à la maison de la culture ont pu joindre, ainsi, l’utile à l’agréable, en assistant aux différentes activités qui se sont déroulées tout au long de ce Festival. Au chapitre conférences/débats, Me Said Chemakh, enseignant-chercheur à l’université de Tizi-Ouzou, et Latifa Lafer, spécialiste du cinéma amazigh, ont parcouru le roman «La Colline Oubliée», de l’anthropologue et savant Mouloud Mammeri, dans une conférence ayant pour thème «La Colline Oubliée, du roman au cinéma». Pour sa part, Dr Ounoughène Mouloud, docteur en médecine, pianiste et compositeur a mis en exergue les compétences et le parcours atypique d’un compositeur hors pair, dans une communication intitulée «Mohamed Iguerbouchène : Un compositeur algérien de musiques de films de renommée mondiale». Pour la clôture de cette série de conférences, le journaliste et réalisateur Salim Aggar mettra en exergue, dans son intervention, l’importance du document dans la promotion de la culture amazighe. En parallèle à ces communications, il y avait 3 ateliers : Master Class, animé par Cherif Aggoune autour de la réalisation des films de cinéma ; Atelier à la Découverte du cinéma, animé par Hakim Abdellatif consacré à la découverte du réalisateur, et enfin Atelier Actorat pour approfondir le rôle et l’importance du comédien dans l’œuvre artistique cinématographique, s’initier et comprendre comment prêter son corps et sa voix à un personnage.
Farida Elharani.

