L’ancien maire de Béjaïa, Abdelhafid Bouaoudia, est décédé dans l’après-midi d’avant-hier des suites d’un malaise. Élu sur la liste FLN en 2005, le défunt a occupé le poste de maire pendant deux ans. Il a été suspendu par l’ancien wali de Béjaïa, Rachid Fatmi, par arrêté suite à sa condamnation par le tribunal d’Amizour dans une affaire de droit commun l’opposant à un co-élu de la liste FLN. Importateur bien en vue de produits carnés qui s’était forgé une solide image dans l’action caritative, Abdelhafid Bouaoudia, auquel on ne connaît aucun passé politique particulier, a été “enrôlé” par le FLN dans sa liste pour les élections municipales partielles de novembre 2005. Une «manœuvre» qui s’avéra payante, puisque le FLN parviendra à remporter beaucoup de suffrages chez les milieux populaires les plus déshérités auprès desquels M. Bouaoudia était perçu comme une sorte de néo-Robin des bois. Pratiquant une politique «sociale» des prix, l’importateur de viandes congelées se présentait volontiers- un slogan qui colle à toutes ses initiatives de commerçant et, plus tard, d’homme politique- comme le «père des petites bourses», en kabyle “babas imeghban”. Mais le mariage Bouaoudia – FLN ne va pas tarder à montrer ses limites. Celui-ci s’était montré irrité par les aspects procéduriers de la fonction et les limites de ses pouvoirs. Son caractère entier et “pratique” cadrait mal avec la culture du parti. L’opposition «indépendante» persiflait sa gestion «folklorique». Le FFS et le RCD jouent le pourrissement. Rapidement, il est désavoué par la Mouhafadha. Des clashs à répétition surviennent avec ses colistiers. Il entend qu’il n’a nullement besoin de leur collaboration pour mener à bien sa mission de P/APC. Dans une réunion chaotique, il traite un de ses pairs de tous les noms d’oiseaux. Il sera condamné pour injures par le tribunal d’Amizour. Le verdict tombe comme une divine surprise pour beaucoup. Le wali le saisit au vol et procède à la «suspension» d’un élu d’un parti de la coalition gouvernementale en se lavant ainsi des suspicions d’utilisation politicienne de la loi, lui qui avait déjà révoqué pour les mêmes motifs le maire FFS de Tichy. Comme pour montrer toute leur «solidarité» à l’égard du P/APC déchu, les élus FLN procèdent, sitôt connue la nouvelle, à l’élection d’un nouveau maire. Dans un ultime sursaut d’orgueil, Bouaoudia va au-delà de ce qu’il encourt : il abandonne complètement son mandat et jure même de ne plus se faire prendre au jeu politique. D. S.