à moins d’un mois de la tenue de son congrès extraordinaire fixé pour le 20 avril prochain, avec à l’ordre du jour la seule validation de la nouvelle composante de l’instance présidentielle, les tiraillements ne semblent pas s’estomper au FFS, malgré le consensus retenu lors du dernier conseil national qui a tranché cette option.
En effet, quelques jours après cette session houleuse, les deux tendances en conflit n’ont visiblement pas baissé en «activité» encore moins la garde. En témoigne cette très récente «rencontre conviviale d’échange» présidée par le premier secrétaire du parti Mohammed Hadj Djillani à Tizi-Ouzou le week-end dernier. Un rendez-vous vu par des observateurs à l’intérieur comme à l’extérieur du parti comme une manœuvre des pros Laskri. Les auteurs mettent en exergue comme preuve les têtes présentes à ce conclave, quasiment toutes dites proches de Laskri à l’image de l’ex fédéral de la wilaya, M. Bouaziz, l’ex député, Maitre Berkaïne, Maitre Smaïl, Ladaouri,&hellip,; en somme les déçus du parti ; Et en l’absence des éléments influent et présentement considérés «à la manœuvre à l’image de Aziz Baloul, membre de l’instance présidentielle et non moins député de la wilaya, de l’actuel P/APW, Aouchiche… C’est dire que les deux clans n’affichent qu’une trêve de façade au risque de pousser à l’implosion du parti. Mais le conflit est désormais sur la place publique, et des cadres du parti n’hésitent plus à en parler : «Si on a abouti à ce partage de la poire en deux (deal passé lors du dernier Conseil national extraordinaire), c’est qu’on ne veut pas que le parti ne s’en sorte qu’à moitié», concède une voix influente du parti qui avoue par ailleurs que «bien des règlements du parti ont été piétinés et on a laissé faire par crainte de voir le parti sombrer dans la déchirure. Il faut éviter d’accentuer la fracture, il y va de la survie du FFS. Et certains ont pris conscience de ce son danger pendant que d’autres, par inconscience ou omission, s’acharnent à amplifier la crise». Des propos lourds, qui dénotent la profondeur de la crise que vit le FFS. Il est en effet désormais de notoriété publique que les deux tendances qui se déchiraient sur la tenue d’un congrès extraordinaire ou ordinaire sont l’expression de deux clans qui, faute du deal contracté lors du dernier Conseil national, allaient provoquer la scission du parti en deux. Le risque est en effet réel, d’autant que les leaders de ses deux tendances, à savoir d’un côté Baloul et de l’autre Laskri, tous deux membres de l’instance présidentielle, sont des poids lourds qui jouissent chacun d’une adhésion conséquente de militants. D’où,; sans doute, l’intervention in extremis de Jugurtha Aït Ahmed, qui dut lancer un message aux militants, alors que la session du Conseil national se poursuivait ce jour là. En rappelant les souhaits et aspirations du défunt fondateur du parti, il voulait remettre un peu d’affection dans l’atmosphère de tiraillements qui sévit entre les différents protagonistes. Une intervention salutaire du reste, mais ouvertement «contestée par une frange des membres du Conseil national qui n’ont pas hésité ce jour-là à contester cette intrusion en pleine séance», révèle-t-on. Pour un autre cadre du parti, «ce qui laisse craindre le pire à l’avenir c’est que quasiment toutes les décisions prises sont bâties sur des deals. Et de la sorte, on ne fait que reporter les conflits et même les laisser se tasser», redoute notre interlocuteur qui va jusqu’à faire remonter l’origine de la crise que vit l’instance présidentielle du parti à bien avant les dernières législatives. «La radiation de Dr Halet, et le retrait de Mme Ichalamene, en douceur», rappelle-t-il. Deux évènements qui ont été les conséquences, suppute-t-on, d’un consentement entre les décideurs influents à «libérer le chemin pour Chafaâ Bouaïche à Béjaïa et Baloul à Tizi-Ouzou» qui ont d’ailleurs conduit les listes du parti dans ces deux wilayas, au moment où Ichalamène n’a pas été retenue et que Halet a subi le sort que tout le monde connait. C’est du moins la version des pro-Laskri. Ce à quoi réplique l’autre tendance, en chargeant Laskri qui était à ce moment-là (et l’est-il encore ?) «Coordinateur de l’instance présidentielle, donc premier responsable, sans l’aval de qui aucune décision n’aurait été exécutée, y compris la mise à l’écart de Mme Ichalamène ou encore l’exclusion de Halet», précise-t-on.
L’imbroglio Hadj Djilani
On reproche également à cette instance «son laxisme à ne pas remplacer les deux éléments partis. Si ça avait été fait, on n’en serait pas là aujourd’hui». L’un des autres reproches dont est accablée l’instance présidentielle serait, avance une autre voix du parti, la désignation de Hadj Djilani comme premier secrétaire du parti, «alors qu’il n’est même pas membre du Conseil national, mais tout juste membre du secrétariat national». «Mais il fallait sans doute un premier secrétaire hors des wilayas de Kabylie pour entretenir la dimension nationale du parti. En ancien syndicaliste, de plus de Aïn Defla, et discret qu’il était, la direction voyait alors en lui l’homme le mieux indiqué, qui n’allait pas poser de problèmes. Il fut alors désigné pour gérer les affaires courantes, sauf qu’avec le temps, il a visiblement tiré du côté où on l’attendait le moins», avoue-t-on. Au sein des cadres du parti, notamment les pro-Baloul, on reproche en effet à l’actuel premier secrétaire «sa proximité affichée avec Ali Laskri» qui, selon eux, «a failli mettre la vie du parti en péril». Quand on parle de cette proximité, les auteurs citent, entre autres, les déplacements faits par le duo, notamment à Ghardaia ou encore, tout récemment, à Beni Yenni, où ils ont déposé ensemble une gerbe de fleurs sur la tombe de Mouloud Mammeri, sans compter cette fameuse «rencontre conviviale» présidée ce week-end avec les pros Laskri à Tizi-Ouzou. C’est dire que Baloul et ses partisans n’avait pas seulement à faire face à la crise née de la démission annoncée de Laskri, mais aussi à ce premier secrétaire qui semble «échapper au contrôle et qui a rejoint Laskri», se permettant même de procéder à des désignations au niveau des structures régionales au moment où sa démission est «souhaitée», révèle-t-on. C’est dire qu’aujourd’hui l’équilibre reste très fragile au sein de la direction du FFS, malgré ce deal scellé lors du dernier Conseil national et le supposé retour à de meilleurs sentiments de Laskri qui a reconsidéré sa démission en acceptant de rester dans l’instance présidentielle avec Baloul et Mohand Amokrane Cherifi. Ce dernier, qui jusque-là s’est fait discret et est resté en marge des bras de fer engagés à l’intérieur du parti, sera certainement appelé à se mouiller davantage dans les jours à venir, surtout qu’il préside la commission de préparation du congrès national (CPCN), commentent des cadres du FFS. Il aura surtout à jouer les bons offices pour tenter de concilier entre les deux parties en différend, notamment dans cette histoire de désignation des deux autres membres appelés à compléter l’instance présidentielle lors du congrès extraordinaire du 20 avril prochain. En attendant, à en croire ces bruits qui dépassent les murs de la maison FFS, plusieurs noms sont pressentis pour accéder à l’instance suprême du parti. Il s’agit de Mme Tayati, ex député d’Alger, et Brahim Meziani sénateur de Béjaïa, Nora Mahiout, ou encore Hadj Djillani (côté Laskri) ; Djamel Bahloul, député de Bouira, Hocine Haroun, sénateur de Tizi-Ouzou, et Belkacem Benaceur, maire de Nacéria et Salima Ghezali député d’Alger (côté Baloul). Pour rappel, il a été convenu lors du dernier Conseil national du parti, qui a tranché sur la tenue d’un congrès extraordinaire le 20 avril prochain avec pour seul point à l’ordre du jour la validation de la nouvelle composante de l’instance présidentielle du parti, le principe du maintien dans cette instance des Baloul, Laskri et Cherifi. Et les deux autres membres seront à proposer par Baloul pour l’un et Laskri pour le second.
Kamela Haddoum.

