S. Ait Hamouda
On dit mauvais temps, pour dire qu’il ne fait pas beau, alors qu’on a besoin de ce temps pour ne pas avoir une mauvaise moisson. En tous cas, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, il fait toujours un temps splendide. Le climat est éternellement au zénith, quelle que soit la météo. Encore faut-il comprendre l’homme et ses exigences de soleil et sa réprobation de la pluie et de tout ce qui va avec. Chez nous, le temps est toujours soit beau, soit mauvais, il n’y a pas d’intermédiaire entre les deux. S’il fait, comme on dit, beau temps, on est heureux, et s’il fait mauvais, on à la mine en berne, triste et malheureux. Et quand l’été arrive, le temps des moissons, on s’enferme dans un mutisme des jours sans, on maudit la saison qui a été sèche et on le reproche au climat, que l’on soit optimiste et que l’on aime le temps quoi qu’il fasse ou pessimiste aimant le beau, le splendide, le radieux, l’ensoleillé et tant pis pour les moissons. Mais en cela, il y a la nature, qu’on l’aime ou pas, elle est là et tant pis pour ce que pense l’être humain, cet éternel insatisfait. L’homme, par nature, n’aime que ce qui est beau, c’est pourquoi il n’est pas agriculteur, de nature, mais paysan. La paysannerie attend de la terre ce qu’elle peut lui donner, tandis que l’agriculteur la fertilise pour qu’elle soit assez forte pour lui donner même ce qu’elle ne veut pas. Au-delà des précipitations, il doit y avoir des astuces pour les deux, l’une n’a pas besoin de travailler outre-mesure les lopins dont elle dispose, et l’autre doit suer, sang et eau, pour que Dame nature le récompense pour ses efforts. Ces panoramas de verdure orgiaque qui doivent tout à l’homo sapiens : amour, affection et attachement, pour qu’à l’issue d’un long processus de maturation, il le récompense en un chromo fleurit et des gerbes de blé d’or. Quoi qu’il en soit, il ne fait ni mauvais, ni beau : il fait le temps qu’il veut…
S. A. H.
