«Repenser le schéma de gestion de la formation»

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Dans cet entretien, Abdenacer Arab, récemment installé à la tête du secteur de l’enseignement et formation professionnels, revient sur la rentrée de février dernier et évoque les principaux indicateurs de son secteur.

La dépêche de Kabylie : Vous venez d’être installé à la tête du secteur à Bouira. Quel constat en faites-vous ?

Abdenacer Arab : Sur le plan des infrastructures, nous avons constaté une répartition uniforme des structures de la formation, qui sont au nombre de 22 sur le territoire de la wilaya. Nous avons dix-huit CFPA et quatre instituts INSFP, auxquels s’ajoutent dix annexes d’établissements. Ceci s’agissant du secteur public, dans le secteur privé, nous avons treize établissements de formation. Actuellement, les capacités d’accueil dépassent les 8 000 postes en formation présentielles. La plupart des établissements sont suffisamment dotés en équipements technico-pédagogiques. J’ai pu aussi constater que nos annexes sont bien aménagées, et des travaux de réhabilitation ont été lancés dans les différentes structures. J’ai eu également à relever la réalisation d’un d’institut de formation professionnelle (INSFP), à M’chedallah, dédié aux métiers du bâtiment. C’est un établissement qui va certainement contribuer à l’émergence des métiers du bâtiment, non seulement dans la wilaya de Bouira, mais aussi à une échelle plus large. Cet établissement est rentré en service à partir de cette rentrée. Il y a aussi l’institut de Lakhdaria qui est spécialisé dans l’agronomie. Ce centre a été choisi pour être un centre d’excellence, par le ministère de tutelle, parmi sept, à l’échelle nationale. Nous avons aussi un institut à Draa El Bordj et un autre à Sour El Ghozlane et ce dernier est spécialisé dans l’agroalimentaire. Là aussi, c’est un institut qui fonctionne en collaboration avec des opérateurs économiques de Bouira. Je tiens juste à souligner qu’un institut de l’enseignement professionnel a été crée tout récemment. Cet institut a été budgétisé cette année. Il vient en remplacement des lycées techniques relevant de l’éducation nationale. Nous avons tenu cette semaine une réunion avec les conseillers d’orientation de l’éducation nationale pour arrêter une feuille de route en matière de formation, de communication et d’orientation des élèves de 4ème année moyenne et de la 1ère année secondaire.

Qu’en est-il des capacités d’encadrement et d’accueil ?

Pour ce qui de l’encadrement, nous disposons de 650 encadreurs qui veillent au bon déroulement des cours et de la formation au niveau de nos différentes structures. Nous allons recruter incessamment 18 autres enseignants. J’estime que l’encadrement est actuellement suffisant. Ceci dit, nous nous basons sur le redéploiement des personnels d’encadrement. Pour la rentrée de février, nous avons réservé pas moins de 4000 postes de formation en formation diplômante. Cette formation comprend le mode présentiel et celui par apprentissage. Pour ce qui est du premier mode, dispensé exclusivement dans les établissements, nous avons réservé 1 600 postes. Pour l’apprentissage, l’offre de formation est plus importante. Elle est pratiquement du double et nous proposons 2 250 postes. A ce titre, notre politique privilégie plus le mode de formation par apprentissage. A noter que celle-ci garantit un présalaire conséquent, une couverture sociale mais aussi un poste d’emploi en fin de parcours. Nous avons aussi réservé pas moins de 3000 postes de formation qualifiante. 1 040 de ces postes concernent la femme au foyer. Pour les formations en milieu rural, il y a 200 postes et 350 en mode cours de formation. S’agissant de la formation qualifiante initiale dont le cycle se déroule entre 3 et 6 mois, nous avons réservé pas moins de 730 postes. Au total, pas moins de 7 200 offres de formation ont été proposées au cours de cette rentrée de février. Ces stagiaires sont repartis sur 20 branches professionnelles. A rappeler que la nomenclature des métiers contient, elle, 22 branches de métiers. A noter que si l’on prend en compte le chiffre des stagiaires reconduits, le chiffre global des effectifs de stagiaires dans le secteur de la formation avoisine les 13 866.

Comment évaluez-vous la rentrée de février dernier ?

Il y a un engouement certain, mais vous savez, tout dépend de la qualité des formations proposées. Nous, nous avons essayé d’intéresser les candidats en menant une campagne d’information et de sensibilisation à travers les endroits reculés de la wilaya. Nous avons fait dans l’information de proximité, ce qui nous a permis de drainer pas mal de nouveaux inscrits. Là aussi, l’engouement nous l’avons constaté pour certains métiers notamment celui du bâtiment. Je tiens à souligner que nous allons faire l’évaluation de cette rentée de février, ce qui va nous permettre de repenser notre système de formation, mais aussi, notre carte de formation. Ceci dit, l’engouement est palpable sur l’ensemble des métiers que nous avons proposés au titre de cette rentrée. Il reste tout de même beaucoup à faire en matière de réaffectation pédagogique, d’où notre souhait de repenser la carte de formation pédagogique. A ce titre, nous allons procéder au système de transvasement entre les établissements de formation. Nous avons d’ailleurs procédé à ce que nous appelons le zoning des formations pédagogiques. C’est une nouvelle répartition de l’ensemble des établissements de formation de la wilaya. La répartition s’est faite suivant quatre zones. Chaque zone contient cinq ou six établissements et elle est animée par un institut INSFP. Comme nous en avons quatre, les instituts sont bien repartis. Par exemple, l’INSFP de Lakhdaria va englober tous les centres de la région de Lakhdaria. Idem pour les trois autres instituts. A travers cette démarche, nous visons la rationalisation des dépenses publiques et la mutualisation des moyens aussi bien humains que matériels. En fait, il est plus facile de redéployer les moyens dans une même zone qu’entre les différentes zones. A travers cela, nous visons une utilisation commune et rationnelle des moyens matériels comme ceux du transport dans une même zone. Pour le moment, cette démarche a donné de bons résultats.

Quelles sont les nouvelles formations introduites ?

Nous avons introduit de nouvelles spécialités à l’occasion de la rentrée de février. Nous en avons sept nouvelles. Je peux citer entre autres celle de «conduite et moyens d’impression» qui relève des arts graphiques. Il y aussi la spécialité «transformation plastique», «usinage» et «usinage à commande numérique», «contrôle et conditionnement des produits laitiers», «achats et approvisionnements». Nous avons introduit ces spécialités parce qu’en plus de l’intérêt des jeunes pour ces spécialités, il y a aussi la demande des opérateurs économiques qui ont exprimé un certain besoin lié à ces métiers. Ceci dit, pour nous l’élément déterminant dans l’expression des besoins reste toujours la demande des opérateurs économiques. En réalité, c’est le secteur économique qui dicte les grandes orientations en matière d’affectations pédagogiques de nos établissements et du secteur en général. Par ailleurs, je dois vous dire que nous envisageons de revoir et réorganiser le mode de formation à l’échelle de la wilaya en introduisant ce qu’on appelle le centre d’animation et de l‘apprentissage local. Prochainement, il y aura une réunion qui regroupera les chargés des formations par apprentissage et les conseillers à l’orientation, à l’échelle de la wilaya, pour discuter de ce dossier. Nous allons carrément repenser le schéma de gestion de la formation par apprentissage, qui sera pris en charge par le centre d’animation et d’apprentissage local (CAAL), lequel sera implanté au niveau de l’un de nos centres de formation de Bouira. Bien sûr, il y aura toute une structure qui se chargera de la gestion de cette mission. Le CAAL sera géré par un responsable principal et ceux des cellules. Nous aurons à créer trois à quatre cellules en plus d’une cellule mixte, qui se chargera d’entretenir la relation entre les opérateurs économiques et le secteur. Nous aurons une cellule recherche et développement (RD) qui sera composée des experts de la formation par apprentissage issus des établissements de formation, lesquels chercheront les voix et moyens de développer davantage la formation par apprentissage. A coté de cela, il y a la cellule chargée de la régulation des flux d’apprentis au niveau de la wilaya, et de leur répartion par métiers, branches et familles de branches. Par exemple, si nous avons un besoin de formation en apprentissage dans le métier de bijoutier, nous allons choisir un établissement pour assurer à l’ensemble des apprentis la formation demandée. Ainsi nous aurons assuré un travail de régulation. Cette régulation va aussi concerner le redéploiement des enseignants. Nous avons également un autre projet qui concerne le rôle de la formation. A ce titre nous avons pris la décision d’intervenir et de s’impliquer directement dans l’insertion de nos diplômés. On va le faire en amont et en aval. Ce travail nous le ferons lors de l’incorporation des apprenants dans le secteur, pendant et après. Vous savez, c’est très important de choisir des métiers qui répondent aux besoins du marché du travail. Pour se faire, nous allons faire en sorte d’impliquer les services de l’emploi à travers l’AWEM qui possède, comme nous, une nomenclature des métiers. Nous allons aussi assister les apprentis dans le domaine de la recherche de l’emploi tout en impliquant les employeurs. La finalité est d’assurer un contrat d’embauche pour nos diplômés.

Entretien réalisé par Djamel Moulla

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