Hommage au commandant Si H’mimi

Partager

Fedal Ahmed, dit commandant Si H’mimi, faisait partie de ces hommes qui ne reculaient devant aucun sacrifice quand il s’agissait de défendre sa patrie.

Né en 1923 au village Aguemoune, dans la commune de Béni Maouche, dans la wilaya de Béjaïa, il était aussi parmi les premiers maquisards qui ont pris les armes lors de la grande révolution de 1954/1962, qui a conduit le peuple algérien à se libérer du joug colonial. Décédé le 26 mars 2003, il a été enterré le 28 du même mois au carré des martyrs, à El-Alia. A l’occasion du 15e anniversaire de sa mort, le musée du moudjahid de Béjaïa lui rendra un vibrant hommage aujourd’hui. Il est opportun donc de dire aujourd’hui qu’on ne peut parler des événements de la guerre d’Algérie dans la vallée de la Soummam, sans évoquer la mémoire de ce moudjahid authentique qui a voué toute sa vie à la patrie. Ceux qui l’ont connu, notamment ses compagnons d’armes avec lesquels il a partagé des joies et des peines, disent, sans équivoque, que le commandant Si H’mimi était incrusté de la fibre nationaliste dès son jeune âge, en témoigne son activisme précoce dans le mouvement national. A 22 ans, il commence à faire parler de lui, en participant au soulèvement du 8 mai 1945. Il fut arrêté par l’armée coloniale qui l’incorpora d’office au service national. A la caserne, il se forgea davantage, devenant un fervent nationaliste en faisant la connaissance de jeunes Algériens de sa trempe, animés des mêmes convictions. Libéré une année plus tard, il reprend immédiatement du service dans la vallée de la Soummam en rejoignant le PPA/MTLD. Une stèle à son effigie a été érigée au cimetière communal. L’on n’a jamais oublié le sacrifice d’un patriote infatigable et hors du commun en lui rendant chaque année un vibrant hommage, en se recueillant sur sa tombe, au carré des martyrs, à chaque commémoration. Lors de son parcours de militant au PPA, il rencontre Si Larbi Oulebsir, responsable du parti dans la vallée de la Soummam, qui lui a confié la mission de propagandiste. Si H’mimi s’adonnait à une débordante activité de sensibilisation des citoyens à adhérer à la cause nationale. Le qualifiant d’homme de confiance, Si Larbi avait beaucoup compté sur lui pour la constitution des groupes armés qui devaient déclencher le 1er Novembre.

Première rencontre

à Ighil Ouadhou…

Si H’mimi accepta la mission qui lui a été confiée en préparant la première rencontre qui eut lieu le 18 août 1954 à Ighil Ouadhou, dans la commune de Béni Maouche, à l’issue de laquelle ils ont décidé de la formation de quatre groupes de quatre Moudjahidine chacun. Fin connaisseur du terrain, Si H’mimi était désigné à la tête d’un groupe qui a donné du fil à retordre aux soldats français. Un groupe qui a à son actif plusieurs embuscades tendues à l’ennemi, souvent matérialisées par des accrochages jalonnés de succès. Il a entamé par la tentation d’assassinat du caïd Nacer de Béni Mouhli. Ayant buté sur un problème qui les l’a empêché de le descendre, son groupe s’était rabattu sur le parc communal où il a incendié tous les engins des travaux publics. Il jouissait d’une grande estime de la part du colonel Amirouche qui fit de lui son homme de confiance dans la vallée de la Soummam. Malgré son handicap en matière de niveau scolaire très faible, Si H’mimi a, néanmoins, accédé au grade de commandant, grâce à son héroïsme et à son amour pour la patrie. Le 18 juillet 1955, une rencontre avait eu lieu avec Amirouche à Ath Ouizegane, où si H’mimi a été félicité pour son combat héroïque sur le terrain et exhorté à continuer à traquer l’ennemi. Le 18 août 1955, sur des renseignements que leur a fournis la population concernant le passage d’une personnalité politique française (al hakam), le groupe de Si H’mimi lui a tendu une embuscade au lieu-dit Délaga. Et dans l’accrochage qui s’en était suivi, deux Moudjahidine ont trouvé la mort. Malgré cette perte humaine, le colonel Amirouche a félicité les deux chefs pour leur bravoure et leur a signifié que cet accrochage-là était un acte politique important pour la révolution. Continuant son offensive contre les troupes armées ennemies, le 17 septembre 1955, le groupe avait attaqué un convoi de gendarmerie au lieu-dit Sahel, dans la commune de Seddouk. L’endroit porte à ce jour le nom de «Pont de gendarmerie». Le 15 février 1956, dans la région de Bordj Bou-Arreridj, le groupe, composé de 130 Moudjahidine, a tendu un filet à une patrouille française. L’embuscade bien planifiée a fait subir à l’ennemi des pertes humaines et matérielles incommensurables. Beaucoup de paras tués, 18 armes de guerre récupérées et 3 soldats français capturés. Lors de l’organisation du congrès de la Soummam, qui s’était tenu à Ifri Ouzellaguen, le colonel Amirouche avait fait appel à son groupe pour assurer la sécurité des congressistes. Le 17 août 1957, il a été blessé dans une bataille que son groupe a livrée à l’ennemi au lieu-dit Iamourène, dans la région d’Akbou. Elle a duré de 6 heures du matin jusqu’à 21 heures. Lors de l’opération Jumelles, où toute la Kabylie a été passée au peigne fin par les paras français, son groupe a pu passer entre les mailles du filet que lui a tendu le général Massu. Le 7 août 1959, son groupe a donné du fil à retordre aux paras français sur un champ de bataille entre Tansaouth et Bouhamza. A l’indépendance, Si H’mimi, n’ayant pas eu un bon niveau d’instruction, n’avait pas occupé de fonctions importantes, hormis un mandat de député. Mais il avait toujours répondu présent lorsqu’on le sollicitait pour des conférences sur la glorieuse révolution.

F. A. B.

Partager