Le défi de l’accessibilité aux soins pour tous, que se sont promis de relever les pouvoirs publics à travers le programme de santé de proximité, relève encore du domaine de l’utopie pour les populations de certaines zones enclavées de l’arrière-pays.
Les villages de la commune d’Ighram subissent au quotidien cette réalité. La couverture sanitaire n’y est pas seulement déficitaire, mais elle y est quasi inexistante. En effet, alors que la population y dépasse allégrement les 12 mille âmes, un seul et unique médecin de santé publique est affecté pour les auscultations. «Le toubib n’officie qu’à hauteur du centre de santé du chef-lieu de la commune, où il exerce dans des conditions lamentables», déplore un membre de l’exécutif communal. En fait de centre de santé, se plaint-on, Ighram dispose d’une bâtisse minuscule, mal éclairée et dépourvue de moyens. C’est ce que nous avons pu vérifier à la faveur d’une récente virée dans la commune. «C’est un appartement qui a été cloisonné pour en faire deux structures, dont l’une fait office de bureau de poste et l’autre de centre de santé. Cette situation dure depuis des décennies, pendant lesquelles aucune opération n’a été réalisée pour améliorer la prise en charge de nos concitoyens», se lamente le responsable de l’APC. «Ce centre de santé n’a, à vrai dire, de centre que le nom, dans la mesure où il manque d’équipements et de personnel, aussi bien médical que paramédical», témoigne un habitant du village Irsen. «Même les praticiens privés boudent notre commune. Ils préfèrent s’installer dans les grandes agglomérations urbaines, comme Akbou et Ighzer Amokrane, en faisant primer la logique rentière au détriment du service public», constate-t-il. Le tableau s’assombrit davantage, à mesure que l’on s’écarte du centre urbain du chef-lieu. «Excepté Taslent et Ighil, où sont implantées des unités de soins, tous les autres villages sont abandonnés à leur propre sort», atteste un jeune d’Ath Amar Ouzegane, un hameau dépeuplé niché aux confins de la commune. «La santé de proximité, dont on ne cesse de louer les bienfaits, est pour nous un concept étranger, pour ne pas dire étrange. Depuis toujours, nous n’avons ni infirmier, ni toubib, ni l’ombre d’une structure de soins», dénonce un citoyen d’Iazounène. La perspective de la réouverture des unités de soins des villages Tizi Maâli et Tighilt Makhouf est, une nouvelle fois, évoquée par l’exécutif communal. «Il est aussi prévu l’ouverture d’un point d’urgence dans un local qui sera aménagé par l’APC», promet-on. Une nouvelle ère porteuse d’espoir ? La population ne demande qu’à y croire. Pour l’heure, elle est réduite à ronger son frein, du moins à prendre son mal en patience.
N. Maouche

