Hier, troisième journée de la session ordinaire de l’APW de Bouira, la parole fut donnée aux élus de différentes formations politiques, pour débattre du rapport de la commission de l’investissement (exposé dans l’après-midi d’avant-hier) et sur la situation de ce secteur à travers la wilaya. Les intervenants étaient unanimes à dire que ce secteur tarde à se relancer dans la wilaya, qui dispose pourtant de potentialités qui lui donnent une triple vocation, agricole, touristique et industrielle. Le gel des zones d’extension touristique a par ailleurs été au cœur des interventions. Des élus ont également évoqué le problème du manque de foncier destiné à l’industrie, ainsi que les retards dans la validation des demandes d’investissement. M. Meziane Chaabane, du RCD, s’est interrogé sur «l’absence de suivi» quant aux projets accordés depuis plusieurs années à la wilaya. Il évoquera le cas du complexe thermal de Hammam K’sana, dans la commune d’El-Hachimia, dont les travaux n’ont toujours pas été achevés depuis 2006. M. Chaabane plaidera, également, pour la relance des zones locales d’activités (ZAC) et pour l’implication des responsables communaux dans la gestion du foncier industriel et le choix des investisseurs : «La zone industrielle de Sidi Khaled, dans la commune d’Oued El-Berdi, a été créée en 1980, mais elle n’est toujours pas fonctionnelle. Elle n’est même pas viabilisée. L’on se demande pourquoi les pouvoirs publics ont inscrit une extension de cette zone, sur des terrains agricoles !? Le plus urgent serait de lancer l’ancienne zone et de placer les investisseurs, avant de penser aux extensions qui resteront vide !», a-t-il déclaré. L’élu du RCD plaidera, par ailleurs, pour «la révision de la politique d’investissement dans la wilaya, notamment à travers la création de zones spécialisées dans chaque région, suivant les caractéristiques géographiques de chaque commune, avec l’objectif de protéger l’environnement et les activités économiques existantes». A la fin de son intervention, M. Chaabane a réclamé le déblocage des ZAC au niveau des communes de Haizer, El-Esnam et Saharidj. Pour sa part, M. Ghazi Noureddine, élu du parti TAJ, préconisera «la réduction» du temps consacré à la validation des demandes d’investissement au niveau de la wilaya, ainsi qu’un «recensement» général pour les terrains, nécessitant un déclassement ou un changement de nature juridique. Selon l’élu du TAJ, pas moins de 400 demandes d’investissements dans la wilaya de Bouira n’ont toujours pas été accordées, en raison d’absence de terrain, mais aussi de «lenteurs administratives». M. Ghazi a également insisté pour le lancement de procédures judiciaires, à l’encontre de l’ensemble des investisseurs défaillants ou ayant cédé les terrains pour d’autres activités : «Ces investisseurs malintentionnés doivent répondre de leurs actes. Certains investisseurs, ici à Bouira, ont acquis des terrains avec des actes, contre un dinar symbolique, et ils les ont vendus, en euros, quelques années après !», a-t-il dénoncé. De son côté, le docteur Hamid Chachoua, élu du FFS, préconisera un diagnostic général de la situation du secteur dans la wilaya, en plaidant pour l’adoption d’une stratégie sectorielle et pour l’accompagnement des investisseurs sur le terrain : «Pour la création d’une économie productive à l’échelle locale, il faudra relancer l’industrie et l’investissement agricole et touristique dans la wilaya. Les investisseurs sérieux doivent être accompagnés sur le terrain par les pouvoirs publics, par les élus locaux et par le mouvement associatif. La wilaya pourra créer, à elle-seule, un avantage concurrentiel sur son territoire, notamment à travers une organisation sectorielle et spécialisée », a-t-il expliqué. M. Kamel Nemiche, également élu du FFS, insistera quant à lui sur la nécessité d’une «révision globale de la philosophie de l’investissement» et d’«associer les communes dans la gestion des dossiers». M. Nemiche soulignera, également, le cas de la station climatique de Tikjda et de ses remontées mécaniques, «non-opérationnelles depuis les années 90», a-t-il déploré. D’autres élus du RND ont évoqué le cas de la zone d’activité de la commune de Sour El-Ghozlane, créée durant les années 1980 et qui dispose de plus de 150 lots industriels, mais qui ne regroupe que 4 projets opérationnels.
Zones industrielles, lenteurs administratives… Les réponses du wali
Après les interventions des élus, ce fut au tour du wali de Bouira, M. Limani Mustapha, de prendre la parole et de répondre aux problèmes soulevés. Le premier magistrat de la wilaya plaidera, lui-aussi, pour une meilleure exploitation de la triple vocation de la wilaya, tout en ajoutant que le dossier de l’investissement «connait une avancée» après l’application des nouvelles mesures du gouvernement, visant à céder la gestion des zones d’activités aux walis, au lieu de l’agence nationale ANIREF : «Il est vrai que ce dossier, pourtant si important, connaît un retard flagrant. D’ailleurs, à l’échelle nationale, les grandes zones industrielles ont toutes connu un démarrage difficile. Mais ce dossier connaît une relance, notamment après les nouvelles mesures du gouvernement», a-t-il assuré. M. Limani annoncera également que l’étude pour la viabilisation de la zone industrielle de Sidi Khaled a été achevée par l’entreprise publique COSIDER et que le projet en question sera accordé aux entreprises publiques avec des procédures de gré à gré : «Les entreprises publiques, ADE, ONA, Algérie Télécome, SDC et COSIDER seront directement impliquées. Nous procéderons en établissant des marchés de gré à gré pour les entreprises publiques, afin de réaliser ce projet rapidement», a-t-il affirmé. Le wali annoncera également que la nouvelle zone industrielle Lachouaf, de la commune de Dirah, à l’extrême Sud de la wilaya, a été officiellement accréditée, sur une superficie de 250 hectares, avec possibilité d’extension. Concernant la réalisation d’un parking au niveau de la station climatique de Tikjda, le wali a catégoriquement rejeté la proposition, rappelant que ce site de haute montagne «doit être protégé». M. Limani rendra d’ailleurs hommage aux hommes du PND (Parc national du Djurdjura), «grâce à qui le site est entièrement protégé des différentes agressions», dira-t-il. Pour le volet de la validation des dossiers d’investissement, le wali de Bouira a assuré que les dossiers sont étudiés par un comité au niveau de la wilaya et que «les autorisations seront accordées selon les priorités». Les travaux de la troisième journée des travaux de la session ordinaire de l’APW se sont poursuivis durant tout l’après-midi d’hier. Les élus devaient débattre du bilan des activités de la wilaya et de l’APW de ce premier semestre 2018.
Oussama Khitouche

