Hommage à Salah Boukrif

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Les printemps se succèdent, les souvenirs aussi, et même si les premiers bourgeons ont éclos avec fracas en 1980, ceux de 2018 se ressourcent de cette sève-mère qui a porté haut et fort des revendications issues d’un combat de plusieurs décennies. Feu Boukrif Salah était l’un de ces militants acharnés pour qui la cause amazigh coulait dans les veines. Déjà dans les années 1970, alors qu’il n’était qu’un lycéen, il se fera remarquer par ses camarades de classe qui voyaient en lui un leader et un meneur acharné. Il se révoltait sans cesse de l’exclusion linguistique dont il disait souffrir. Cette révolte continuera et ponctuera son parcours de militant acharné, animant des discours radicaux alors qu’il poursuivait ses études de droit à la faculté de Ben Aknoun. Son cursus sera interrompu en 1980 lorsqu’il fût arrêté avec 23 de ses camarades de lutte du Mouvement Culturel Berbère pour être déférés devant la cour de sureté de l’État de Médéa. Lui et ses compagnons seront incarcérés dans la tristement célèbre prison de Berrouaghia et cette étape ne fera que renforcer ses convictions. Au printemps 1981, alors qu’il avait été libéré quelques mois plus tôt, il sera de nouveau emprisonné à la prison d’El Harrach à cause de son attachement invétéré à la cause Amazigh. Ces séjours en milieu carcéral lui feront rencontrer et côtoyer d’autres figures emblématiques avec qui, il se nouera d’amitié. Nonobstant la cause amazigh qu’il défendait, le défunt Boukrif Salah s’illustrera dans la lutte pour les droits de l’homme. De ce parcours et de ses études qu’il suivra avec brio, il sera propulsé en 1997 au poste de vice-président de l’APW d’Alger. Jusqu’à sa disparition brutale le 24 avril 2005 suite à une crise d’asthme, maladie qu’il a développée lors de ses différents séjours en prison, Salah Boukrif n’a jamais renoncé à ses idéaux et répondait toujours présent pour honorer de sa présence les dates phares comme celle du 20 avril. Né le 18 novembre 1955 dans le village Ath Ibrahim, commune de M’Chedallah, dans une famille modeste, le défunt militant n’avait jamais coupé les liens avec sa région natale. Aujourd’hui encore, à chaque commémoration du 20 avril, sa stature, son charisme et sa bonté manquent aux militants qui ont eu la chance de le côtoyer, à l’exemple de ses amis M’hend Amarouche, Arezki Ait Larbi, Djamel Zenati, Tarek Mira, Hamid Lounaouci… Connu et reconnu pour ses qualités exemplaires, le militant de la cause identitaire était un homme juste, et a toujours servi des causes justes. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nombreux sont ses amis qui auront une pensée pour celui dont le combat a été un repère pour les générations futures. Un vibrant hommage lui sera rendu demain le 20 avril à M’Chedallah avec le dépôt d’une gerbe de fleurs sur sa tombe et des témoignages vivants sur son parcours de militant infatigable par ses amis M. M’hend Amarouche et Ali Brahimi.

Hafidh Bessaoudi

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