“Nous réclamons un plan spécial pour Béjaïa”

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La Dépêche de Kabylie : La première session ordinaire de l’APW vient de s’achever. Les dossiers traités étaient lourds. Quel bilan tirez-vous des travaux ?Bettache Mohamed : Concernant la première session ordinaire, je dis bien ordinaire, puisque nous avons déjà tenu des sessions extraordinaires, nous l’avons consacré à des secteurs qui nous paraissent névralgiques et très sensibles : les routes, les ZAC, les ZET, l’électrification ou le gaz, l’après-séisme de Laâlam… Un seul point inscrit à l’ordre du jour, celui de l’habitat a été ajourné pour manque de consistance du rapport présenté par la DLEP. Premier enseignement tiré : le laxisme de l’administration concernant la prise en charge de ces secteurs et bien sûr les doléances des citoyens.Les débats ont été à la hauteur des dossiers traités et ont convergé vers une identité de vue car nous partageons tous en commun l’idée selon laquelle tout est lié et que tous les secteurs de l’activité humaine sont interdépendants. Le développement ne peut être qu’intègré !Sachant que notre wilaya accuse un retard énorme dans tous les secteurs, nous interpellons l’administration pour savoir si ses demandes en matière de programmes de développement sont conséquentes. La mise à niveau de notre wilaya s’impose. Notre vision va au-delà de l’idée étroite, étriquée et confinée dans le cadre étroit national. Elle va au-delà et prétend aspirer à une intégration dans un cadre extra-national, méditerranéen. Pour cela, il faut d’abord réduire le retard et rattraper les autres. C’est une question de survie car la mondialisation est nos portes. Les pouvoirs publics savent que notre région a accumulé un retard certain. Cela nous incite à penser que notre région est le dernier souci des décideurs, renforçant ainsi notre nette impression qu’il y a quelque part une volonté manifeste de déclasser notre wilaya, de la mettre en marge du développement.

La fermeture de l’aéroport est encore revenue sur le tapis et décision a été prise de lui consacrer une session extraordinaire. Est-ce à dire que rien n’est encore tranché ?Pour nous, l’aéroport est un point clé du développement. Ce dossier, dès que l’information se rapportant à sa fermeture, de surcroît en pleine saison estivale, a été confirmée, a été pris en charge par l’APW. Nous avons fait tout ce qui est nécessaire pour attirer l’attention des responsables sur les retombées négatives que pourrait induire une fermeture en été… La piste, un fait avéré, est dégradée, mais nous nous sommes dit, n’y a-t-il pas moyen de sauver la saison estivale et de démarrer les travaux juste après ? Ce qui est parfaitement réalisable ! D’autre part, nous avons demandé à ce que les délais fixés soient revus à la baisse. Enfin, nous avons arrêté le principe d’une session extraordinaire pour avoir de plus amples informations. Autre chose, le reclassement de cet aéroport est une nécessité impérieuse et nous n’aurons de cesse qu’une fois le titre de classe A, international soit attribué à l’aéroport Abane-Ramdane. Pour réparer une injustice, une hérésie !

Quelle est votre appréciation de la prise en charge du séisme de Laâlam ?Aux premières heures, disons que l’administration loin d’être prise de court, a répondu présent. Nous étions ensemble, le wali et moi, la nuit même du séisme sur les lieux. Tous les services étaient mobilisés. Notre satisfaction nous l’avons aussi exprimé, à l’arrivée des 3 ministres, venus constater de visu la situation non seulement du village sinistré, mais aussi celle précaire des autres communes. La situation dramatique que vivent la plupart de nos communes mérite bien une visite de haut niveau ! Nous venons d’installer une commission de suivi pour veiller à ce que tous les secours parviennent à destination. Nous avons aussi fait état des manques et insuffisances signalés par les sinistrés.

Béjaïa, ville trois fois millénaire, chef-lieu de wilaya, se dégrade un peu plus chaque jour. Peut-on avoir votre point de vue sur la question ?La ville de Béjaïa, malheureusement, connaît beaucoup de problèmes d’hygiène, de propreté, de fuites d’eau, de coupures d’électricité de transport. Bref, toute la panoplie des villes montrées du doigt et boudées par le moins regardant des touristes. La dégradation de l’environnement ne nous incite guère à l’optimisme. Les conditions d’accueil laissent à désirer, dans le sens où aussi bien en matière d’infrastructures que de comportement, tout reste à faire. La manière dont la cité est gérée, ce n’est pas la joie, passez-moi l’expression.

Vous avez évoqué le touristes. Parlons-en ! Qu’en est-il exactement de la vocation touristique que d’aucuns se plaisent à accoler à la région ?Il est difficile de parler de Béjaïa sans avoir une pensée pour la saison estivale, les touristes… Nous demandons aux responsables, particulièrement ceux en charge des villes balnéaires de prendre toutes les mesures d’assainissement propres à assurer au moins la propreté des plages et des lieux publics. Nous ne leur demandons pas la lune, mais tout simplement de bien accueillir l’estivant en lui assurant toute la sécurité requise. Un estivant ne se contente pas du trajet plage-hôtel. Loin s’en faut ! Il a surtout besoin d’aller à la rencontre de l’autre, de sa culture, de son patrimoine. Les activités nocturnes et leur indispensable corollaire, la sécurité doivent reprendre. Je ne peux clore ce chapitre sans m’inquiéter de ce que la circulation sur l’axe Tichy-Aokas soit devenue infernale avec ce véritable goulot d’étranglement que représente la traversée de Tichy.

Un mot, Monsieur le président, sur le Conseil consultatif qui subit déjà des attaques avant même son installation ?Une clarification s’impose : il s’agit du Conseil consultatif de l’ensemble des citoyens de la wilaya de Béjaïa. Nous avons toutes les compétences, toutes les bonnes volontés pour engager une réflexion sur les programmes de développement.Pour faire de notre wilaya une wilaya moderne, modèle, la conjugaison des efforts de tous n’est pas de trop. Je profite de cette opportunité pour interpeller les pouvoirs publics pour que notre région puisse bénéficier d’un plan spécial de développement. C’est le moins que l’on puisse léguer à nos enfants, une région prospère dans un pays développé et un ensemble géographique équilibré.

Entretien réalisé par Mustapha Ramdani

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