La nouvelle feuille de route de Mohamed Aïssa

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La menace est réelle. L’Algérie est bel et bien confrontée, ces dernières années, à des tentatives d’atteinte à son intégrité territoriale.

Par quelle alchimie peut-on épargner au pays les retombées d’un foisonnement de courants religieux, corollaires du Printemps arabe, diamétralement opposés à l’Islam pratiqué et légué par nos ancêtres ? Tels sont, entre autres, les enseignements à tirer de la conférence nationale des cadres du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs organisée, hier, à l’hôtel Cristal 2 de Béjaïa. S’exprimant devant les imams et les cadres de son secteur, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a indiqué que son secteur s’apprêtait à opérer sa mue. «Cette rencontre a pour objectif de coordonner nos efforts pour accompagner le programme du gouvernement, qui n’est autre que le programme de Son Excellence le président de la République. Nous sommes tenus d’élaborer un plan de travail en harmonie avec l’action du gouvernement. Pour ce faire, en lieu et place d’une rencontre annuelle, nous devons nous réunir chaque trimestre pour évaluer notre action», a-t-il expliqué à son auditoire, tout en donnant la teneur de sa prochaine feuille de route en matière de gestion des mosquées et des biens Wakfs. «Notre nouvelle démarche vise désormais à orienter et à guider les citoyens, notamment les jeunes, pour qu’ils vivent pleinement leur foi. Nous devons les accompagner pendant le mois de Ramadhan pour être le rempart contre l’extrémisme religieux. Nous devons réunir toutes les conditions pour faire en sorte que nos mosquées ne soient pas utilisées par quelques prédicateurs à des fins politiciennes ou autres», a souligné Mohamed Aïssa, en appelant les imams à être «vigilants». «Nous ne voulons pas que nos mosquées soient instrumentalisées pour ne pas, au final, être surpris et pris au dépourvu», leur a-t-il lancé. Dans ce cheminement, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a fait savoir que toutes les autorisations octroyées à des particuliers, par son secteur, seront annulées. «Nous allons mettre en place des critères plus rigoureux pour l’octroi d’autorisations à des particuliers qui s’investissent dans l’acte religieux, la construction de mosquées, l’organisation d’activités cultuelles et culturelles, car quelques parties travaillent pour le compte d’officines étrangères. Nous ne voulons pas que nos mosquées deviennent des tribunes pour prêcher la haine de l’autre, discriminer la femme par rapport à l’homme», a-t-il insisté. Esquissant les grands axes de la nouvelle feuille de route économique de son département, Mohamed Aïssa a révélé que «deux décrets ont été présentés la semaine dernière en Conseil des ministres pour investir dans les biens Wakfs». «Vous devez savoir que les prestigieuses universités européennes ont été construites grâce aux dons des mécènes. Le mécénat est notre tradition. Nous devons utiliser les dons des bienfaiteurs pour créer de l’emploi, aider les nécessiteux et les handicapés. C’est à partir de Béjaïa que je lance un appel aux grosses fortunes à adhérer à notre démarche. D’ailleurs, une rencontre avec les patrons algériens est programmée pour lundi prochain», a-t-il dit. Evoquant les menaces qui guettent l’Algérie, Mohamed Aïssa a indiqué que son département adhère pleinement à la politique sécuritaire des hautes autorités du pays pour «contrecarrer toutes les tentatives d’intrusion, d’invasion sectaire et de déstabilisation venant de l’étranger», dit-il. Dans sa lancée, l’orateur a ajouté que son secteur veille aussi à assurer la sécurité culturelle et cultuelle des Algériens. «Le 21e siècle est celui de la religion par excellence, des courants extrémistes pullulent. En Algérie, il y a eu des tentatives, heureusement déjouées, de création d’entités religieuses extrémistes pour semer la zizanie dans la société, comme ce fut le cas à Ghardaïa. Ces entités veulent saper le moral des Algériens en leur faisant croire que leur référent religieux, l’Islam de Cordoue, est dépassé. Devant ces dangers, nous devons coordonner nos efforts pour faire face à toutes les manœuvres visant à cultiver la haine et la violence. Nous nous devons de préserver l’unité nationale», a-t-il prôné, révélant recevoir des «instructions d’en-haut» pour faire de l’Algérie une terre de communion. Il importe de signaler que le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aissa, a également procédé, dans le cadre de sa visite officielle dans la capitale des Hammadites, à l’inauguration de la mosquée Imam Malek du chef-lieu et de l’école coranique Abou Bakr Essedik à Kherrata. Il a aussi visité le chantier de réalisation d’une mosquée à Aokas. Le projet d’Aokas, estimé à une vingtaine de milliards de centimes et pouvant être réévalué de six à sept milliards supplémentaires, est financé par un industriel de la localité. D’ailleurs, le même industriel finance en parallèle la construction d’une autre mosquée de moindre envergure dans la localité voisine de Baccaro, relevant de la commune de Tichy. Implantée sur un terrain global de 1620 m&sup2,; le total de la superficie bâtie de la mosquée d’Aokas est estimé à 3 220 m&sup2,; englobant deux salles de prière pour hommes, une salle pour femmes, pouvant recevoir plus de deux mille fidèles, et deux logements. Le projet sera réalisé en entresol, rez-de-chaussée et deux étages. Entamé en juin de l’année écoulée, ce projet peut être livré vers la fin de l’année 2020, estime-t-on.

Dalil S. et A. Gana

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