Par S. Ait Hamouda
C’était le 8 mai 1945, c’était hier, quand le pays des droits de l’homme, tenant à sa promesse de rétablir les Algériens, a procédé à un massacre en règle des «indigènes» comme ils les appelaient alors. Une manifestation pacifique, à Sétif, tourna au sang, au vinaigre, au drame, à la tragédie. Les fours à chaux servirent de fours crématoires, on y jetait les bougnoules par paquets, on les torturait, on les malmenait. C’était la fête de la victoire pour la France et les Algériens, qui se sacrifièrent pour l’hexagone, apprécièrent le goût de cette victoire à la sauce nazie. Sétif, Guelma, Kherata burent le calice jusqu’à la lie en signe de remerciement du colonisateur pour les avoir libéré du pouvoir nazi. Mais les Autochtones ne l’entendirent pas de cette oreille. Ils se révoltèrent et rendirent coup pour coup, malgré la torture, l’emprisonnement et les privations. Soixante-treize ans après, l’Algérie n’a pas oublié. Comment le peut-elle ? L’oubli n’est-il pas synonyme de mort ? C’était un peu le début de la fin, le commencement d’une Iliade aussi cruelle que bienfaitrice pour un peuple qui devrait donner, quelques années plus tard, en 1954, une leçon historique à son colonisateur. Bouzid Sâal fut suivi d’une myriade d’autres, qui donnèrent leurs vies en holocauste au champ d’honneur pour que vive l’Algérie. Les Algériens subirent dans leur chair, dans leurs biens, ou ce qu’ils leur restaient de terres, de richesses, parce que tout leur a été arraché par la force des armes. À leur tour, ils firent parler leurs mousquetons, leurs fusils de chasse, leurs pistolets et tout ce qu’ils arrivaient à prendre aux parachutistes, aux légionnaires, aux harkis et autres milices de pieds noirs. Ce fut une date à marquer d’une pierre blanche dans les mémoires de ce pays en lutte pour son indépendance. Deux souvenirs mémoriels inextricables des mémoires de ceux qui se souviennent. L’indépendance acquise, nous n’arrêtons pas de solliciter le mea culpa de la puissance occupante. Tant qu’elle (la France) n’obtempère pas à cette exigence, elle restera pour nous un pays qui n’a aucune leçon d’égalité, de fraternité, de fraternité à nous apprendre.
S. A. H.
