La tuberculose en manque de médicaments

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Même si des efforts ont été consentis dans le cadre de la lutte et de la prévention, beaucoup reste à faire et à parfaire. Les chiffres avancés lors d’une conférence de presse animée, hier, au ministère de la Santé par des spécialistes en la matière renseignent sur la complexité de la situation. Pas moins de 20 000 cas de tuberculeux sont déclarés chaque année. Selon Dr Ali Halacha, chargé du dossier de la lutte contre la tuberculose, au cours de l’année 2004, il a été enregistré pour 100 000 habitants une incidence de 66% de tuberculose, tous types confondus et 27% de tuberculose extra-pulmonaire. En comparant ces données à ceux transcrites en 2003, il y a lieu de constater une relative hausse. Toujours pour 100 000 habitants, il a été comptabilisé 62,8% de tuberculose et 27,3 % de cas de tuberculose à microscopie positive. En tout il y avait 19 730 cas enregistré en 2003 contre 18 954 en 2002, 19 344 en 2001 et 18 294 en l’an 2000. La région ouest, surtout Oran, est la plus touchée par ce problème suivi du Centre et puis de la région est. Au sud du pays, le problème se pose avec moins d’acuité.

La misère, terreau de la tuberculose D’après Dr Nafti, spécialiste et expert dans le domaine ces dernières sont multiples. La croissance démographique, la pauvreté, l’ignorance, l’urbanisation anarchique et la mauvaise gestion des ressources ont favorisé la « résistance » et la propagation de cette maladie. L’interlocuteur indique qu’en Algérie 25% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. La décennie noire qu’a connue notre pays a ajouté également son lot de problèmes. Même le plan d’action de relance de la lutte contre la tuberculose mis en place en 2000 n’a pas réalisé les résultats escomptés. Pourtant, ajoutera le Dr Nafti, l’équipe médicale à pied, d’œuvre sur le terrain est d’une compétence remarquable. C’est pourquoi d’ailleurs, il leur a été dédié la Journée mondiale de la lutte contre la tuberculose qui coïncide avec le 24 mars. Pour cette année 2005, cette journée a été baptisée sous le slogan « Personnel de santé : héros de la lutte contre la tuberculose ». « Il est nécessaire de les doter de matériels adéquats », lança Dr Nafti de surcroît avant d’insister sur l’urgence d’instaurer une nouvelle organisation sanitaire susceptible d’assurer une gestion intelligente et rationnelle de la prise en charge des malades atteints de tuberculose. Le problème des médicaments a été également soulevé par Dr Nafti. D’après lui, il y a une pénurie remarquable dans les officines, et même dans la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). « Même les antibiotiques produits localement sont introuvables dans nos pharmacies », a-t-il fulminé. Et d’enchaîner à titre d’exemple le Pirazenamid, un antibiotique produit par Saidal est en manque et ce, depuis plus de trois mois. Pis, la PCH ne fait pas de stock de médicaments, d’après toujours le Dr Nafti. Cet état de fait entrave le traitement des tuberculeux et retarde leur guérison. Dr El Hadj, un autre spécialiste en pneumologie, intervenu lors de la même conférence, déplore, quant à lui, le fait qu’il n’ y ait pas de formation continue pour le collectif médical ainsi que des campagnes de sensibilisation. Cela étant, les trois intervenants ont préconisé une panoplie de mesures susceptibles de « réduire de moitié d’ici 2010 le taux annuel de nouveaux cas de tuberculose pulmonaire à microscopie positive, à maintenir à moins de 5% la prévalence de la résistance bactérienne primaire aux antibiotiques, au niveau national et enfin à réduire annuellement de moitié la fréquence des méningites et des miliaires tuberculeuses de l’enfant. » Il s’agit, entre autres, d’améliorer la gestion du programme, par le renforcement des structures spécifiques aux niveaux central, intermédiaire et périphérique, de renforcer le réseau national de laboratoires pour la tuberculose et la relance des activités de supervision à tous les niveaux et bien sûr la mise en œuvre d’un nouveau système d’information sanitaire.

Wassila Ould Hamouda

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