Depuis plus de six ans, Fares Idir sillonne les contrées et les villages dans l'unique but de transmettre quelque chose de noble aux enfants : le conte.
Un legs précieux de notre patrimoine immatériel de plus en plus menacé, car dans les maisons kabyles, les vieilles gens ne racontent point des histoires comme c’était le cas, jadis. C’est ce qui a poussé Fares Idir à se reconvertir en conteur, lui qui est poète ayant composé plusieurs poèmes par le passé. Avec une tenue expressive, Fares monte sur scène et commence à raconter des contes anciens qu’il a appris par cœur. De Tafunast n yigujilen (La vache des orphelins) jusqu’à Mhend uccen (Mhend le chacal), le jeune conteur a pratiquement touché à tous les contes de la mythologie amazighe, lors des différents spectacles qu’il anime un peu partout. Parfois, pour le plaisir de son public, il aborde des contes africains qu’il a pu découvrir, nous dit-il, grâce à ses amis conteurs issus de plusieurs pays d’Afrique. Le secret de Fares dans ce monde des insouciances, c’est que son public n’est pas composé d’enfants uniquement. Avec l’art et la manière, il a réussi au fil des années à gagner des hommes et des femmes dans son public. À ce propos, il nous dira: «Je n’ai pas de préférence dominante par rapport à la composante de mes fans, bien que les enfants et les femmes représentent le public idéal pour tout conteur. D’abord parce que les enfants sont les premiers à qui on transmet les leçons et la sagesse des contes. Quant aux femmes, c’est un plaisir de plus de se retrouver en face d’elles, d’autant plus que ça nous rappelle cette période où nos grands-mères et nos mères nous racontaient des contes autour du «kanoun». Une époque quasi révolue malheureusement. Sans vous parler de ce sentiment qui m’envahit lorsque, en plein spectacle, j’aperçois dans un coin une vieille dame qui me tend bien l’oreille». Jusque-là notre jeune conteur natif d’Ait Smail, âgé d’une trentaine d’années, s’est produit dans presque toutes les wilayas d’Algérie où il a été invité. Des institutions, des établissements scolaires, des associations lui font appel à chaque festivité culturelle. « J’ai visité plusieurs wilayas du pays à la rencontre des enfants. Du Sahara à l’Ouest, en passant bien sûr par le Centre. Là où je suis passé, j’ai eu droit à un accueil chaleureux. C’est tout ce que le public peut vous rendre en contrepartie. Avoir un public fidèle qui vous écoute, c’est l’égal d’un trésor qui ne s’épuise jamais», estime Fares Idir.
M. K.

