La campagne “Diabète et Ramadhan” a été organisée, avant-hier, au niveau du village du diabète qui doit clore ses portes aujourd’hui samedi, après dix jours, au cours desquels plus de 400 personnes par jour sont venues se faire dépister ou consulter des spécialistes afin de connaitre l’évolution de leurs maladies.
Chaque année, la campagne diabète et Ramadhan vise à informer les diabétiques et leurs entourages afin de prendre des précautions d’usage avant d’entamer le jeûne. Un jeûne qui peut parfois apporter des complications à certains diabétiques de type 2. Pour le docteur Saadouni, chef de service médecine interne au niveau de l’EPH de Thenia, à Boumerdès, chaque diabétique doit avoir une conduite à tenir bien spécifique avant d’envisager de jeûner : «Comme nous sommes aux portes du mois sacré du Ramadhan, nous devions aborder cette conjoncture particulière. Le problème qui se pose depuis quelques années est que le Ramadhan intervient dans des périodes de grandes chaleurs. Les Algériens observent le jeûne dans des conditions très difficiles, même si parfois cela peut s’avérer dangereux pour les malades atteints du diabète. Nous sommes aujourd’hui ici pour les accompagner, leur faciliter la tâche et leur expliquer qui doit jeûner et qui ne doit pas jeûner. Pour celui qui doit s’abstenir de faire ce jeûne et qui s’entête à vouloir le faire, nous devons l’accompagner en lui prodiguant des conseils afin de ménager sa santé. Le mois de juin c’est l’été et les journées sont plus longues et le premier problème qui se pose est la déshydratation. Les malades atteints du diabète ne resteront pas cloitrés chez-eux, ils vont marcher, faire des efforts, transpirer et lorsque le diabète est mal équilibré, il va y avoir une polyurie, maladie caractérisée par des urines abondantes et cela va aggraver la déshydratation. Pour le diabétique, de par sa pathologie, il y a également un risque d’hyperviscosité sanguine par hyperagrégabilité plaquettaire ce qui peut engendrer des complications types thromboses et formations de cailloux de sang. Souvent, les malades qui s’entêtent à observer le jeûne sont ensuite hospitalisés pour un AVC, soit pour un syndrome coronaire aigue, et c’est un vrai problème car pendant le Ramadhan, psychologiquement les diabétiques veulent faire comme tout le monde et essayent de dépasser ces obstacles et ensuite ils payent le prix très fort. Ne pas jeûner pour certains malades est conseillé, mais il y a des catégories pour lesquelles on doit stratifier le risque. Ce n’est pas tout le monde qui peut jeûner et nous ne pouvons obliger personne à faire le Ramadhan. Chaque diabétique est un cas et aucun malade ne ressemble à un autre. C’est au médecin traitant d’évaluer les risques et d’interdire ou non le jeûne, selon l’état de la pathologie et donner des conseils. Si le diabétique présente des complications, l’idéal est que son médecin décide s’il doit jeûner ou pas et si le malade s’entête à observer le Ramadhan qu’il y a-t-il lieu de faire ? Voilà en gros la démarche à adopter pour éviter toute complications néfastes sur l’état de santé du malade», indiquera le docteur Saadouni. Interviendra également un imam qui se réfèrera à des hadiths et autres versets du Coran pour expliquer que le jeûne ne doit pas être observé au péril de sa vie. «Jeûner est un acte de foi, il ne doit en aucun cas être considéré comme une obligation mettant en péril sa vie ou en aggravant sa maladie», révèlera le religieux dans son allocution. Pour le docteur Malki, chef de service et représentant de la DSP de Bouira, cette campagne peut convaincre beaucoup de malades à faire preuve de plus de vigilance au cours de ce mois sacré : «Durant l’ouverture du village du diabète depuis le 3 mai dernier, chaque jours entre 400 et 500 patients, diabétiques et non diabétiques, sont auscultés et quotidiennement une dizaine de personnes apprennent qu’elles sont atteintes par cette pathologie. Il s’agit là d’un chiffre effarant qui prouve que cette maladie est devenue un fléau. L’information de ce village de diabétiques a vite fait le tour de la wilaya et des patients sont venus des quatre coins de la région, et parfois nous nous sommes retrouvés dépassés par le flux humain. Nous avons déployé des efforts considérables pour satisfaire tout le monde. Pour les nouveaux cas qui ont été découverts, nous les avons orientés après avoir constaté que leurs bilans étaient perturbés et ils ont été pris en charge par les diabétologues ici présents. La sonnette d’alarme a été tirée suite à cette initiative sur cette maladie qui ravage en silence la santé de notre population et à tout âge.
Hafidh Bessaoudi