Des projets en attente de financements

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Rien ne va plus à Chabet El Ameur, une commune située à 40 km à l’Est de Boumerdès. Cette localité rurale de plus de 40 000 âmes ne survit que grâce aux aides octroyées par l’état, notamment les plans communaux de développement (PCD) et les plans sectoriels (PSD).

Chabet El Ameur fait partie des communes les plus pauvres de la région. Elle n’est toujours pas dotée en zone d’activité qui lui permettrait d’avoir des rentrées d’argent. L’APC a bénéficié récemment d’un montant de 7 milliards de centimes dans le cadre des PCD. Un montant jugé très insuffisant, vu les nombreux problèmes auxquels fait face la localité depuis plusieurs années. Les chemins vicinaux sont complètement dégradés, comme celui reliant Azzouza et Aït Saïd au chef-lieu communal, pourtant revêtu en 2011. En plus des crevasses, la route est exiguë à plusieurs endroits notamment au niveau du tronçon Azzouza – Aït Saïd. Les travaux de raccordement au réseau d’assainissement ont accentué cette dégradation, car les entreprises ne remettent pas en état les lieux après la fin des chantiers, tel que stipulé par les cahiers de charge. Par ailleurs, les branchements anarchiques au réseau AEP font que la route est creusée de partout. La chaussée est également abîmée par le passage des poids lourds des pilleurs de sable. La route reliant le chef-lieu à Aït Brahim est aussi dans un état déplorable au niveau de Tizi N’lvir, en raison d’un affaissement de terrain. Les transporteurs de la région ont d’ailleurs protesté et réclamé la réparation de cet unique accès vers leur localité. Un élu nous dira que «le montant des PCD suffira juste pour achever les travaux à l’arrêt, dont ceux du réseau d’assainissement dans les villages. De nombreux villageois continuent d’utiliser des fosses septiques pour évacuer les eaux usées. Le projet d’assainissement du village Aït Saïd a en effet été relancé après avoir été bloqué en raison d’oppositions de citoyens». D’autres opérations similaires seront lancés dans les autres villages notamment Aït Ali, Aït Boudoukhan, selon notre interlocuteur. Ce dernier ajoute que la commune a bénéficié de 8 milliards de centimes dans le cadre du FCCL, destinés pour la rénovation du réseau AEP défectueux dans plusieurs endroits. Notons que la région fait face à un sérieux problème d’eau potable et plusieurs villages ne sont pas alimentés régulièrement, notamment Aït Mekla qui souffre depuis plusieurs décades de pénurie d’eau. Au niveau du centre-ville, le projet d’aménagement urbain, dont le maitre d’ouvrage est la direction d’urbanisme (DUC), est à l’arrêt, faute d’argent. Il a été touché par le gel au lendemain de la chute des prix du pétrole. Les quelques travaux entamés, dont le terrassement et l’assainissement, ont provoqué d’énormes désagréments au centre-ville. L’arrêt des travaux a causé, faut-il le rappeler, la mort d’un père de famille après avoir été transpercé par des ronds à bétons d’un avaloir creusé à l’entrée de son domicile familial.

Des projets touchés par le gel non encore relancés

Faute d’éclairage public, le défunt était tombé dans ledit avaloir. Suite à ce dramatique accident, les habitants de la commune ont protesté durant plusieurs jours pour réclamer l’achèvement des travaux d’aménagement. L’éclairage public fait en effet défaut au centre-ville ainsi que dans les villages. La rigueur budgétaire a empêché l’APC de recourir au privé pour les réparations. Le projet de l’aménagement du groupement nord, qui date de 2012, est lui aussi à l’arrêt. La politique d’austérité prônée par le gouvernement Sellal l’a gelé. Le projet de la bibliothèque communal n’est toujours pas achevé alors que le montant alloué pour sa réalisation a été consommé. Le lancement de ce projet avait déjà connu beaucoup de retard en raison de l’indisponibilité de terrain. Il a fallu alors démolir une stèle dans la cour du siège de l’APC pour que le projet soit lancé. De même, le secteur de la jeunesse et des sports souffre beaucoup dans cette commune où des athlètes et sportifs ne cessent de s’illustrer en dépit des carences. Le projet de la piscine est gelé, tandis que le stade communal attend son aménagement. Lors de sa dernière visite, le wali de Boumerdès a promis deux stades avec tartan, notamment au village agricole et à Rouaveh. «Le projet du stade synthétique, pour lequel une entreprise réalisatrice a été retenue, est touché par le gel», dira le P/APC, Nordine Mzala. En ce qui concerne le secteur du bâtiment, le projet de 180 logements LPA ne voit toujours pas le jour. Les souscripteurs, qui ont versé la première tranche, sont dans le flou et ne savent plus à quel saint se vouer. Le terrain qui devrait accueillir le projet est occupé par des chalets installés au lendemain du séisme de 2003. Dix habitants de ces chalets ne sont toujours pas relogés. Le P/APC, Nordine Mzala, nous dira : «Une proposition a été faite au wali pour nous aider à reloger les 10 habitants des chalets pour les recaser dans des logements en dur dans le cadre du RHP afin de libérer l’assiette de terrain et lancer le projet des 180 logements LPA». Dans le volet de la santé, les habitants de la commune sont durement pénalisés par de nombreuses carences. La polyclinique de la ville est dépassée faute de personnel, alors que les salles de soins des villages fonctionnent au ralenti. Certains centres de soins sont fermés alors que d’autres sont squattés. A Aït Said, la salle de soin est toujours fermée malgré son achèvement en 2013, un fils électrique qui passe à l’intérieur de la cage d’escalier devrait être supprimé. A Ait Boudoukhane et Amar Asefla, les structures de santé sont fermées depuis les années 90 en raison de l’insécurité. A Aït Ali, le propriétaire de terrain qui abrite la salle de soin a squatté les lieux. La promesse d’une aide dans le cadre de l’auto-construction (Fonal) n’a pas été exaucée, le propriétaire terrien n’a pas trouvé d’autre solution que d’occuper la salle de soin. La collecte des ordures ménagères fait grandement défaut. Les déchets ne sont pas collectés dans les villages et les décharges sauvages risquent de se multiplier un peu partout. Le projet d’une décharge contrôlée n’a toujours pas vu le jour, alors qu’il date de plusieurs années. Les déchets et ordures sont jetés au niveau du centre d’enfouissement technique (CET) de Corso. Le P/APC, M. Mzala, estime que «des lobbies» résistent pour qu’il n’y ait pas de changement dans cette commune : «Nous comptons poursuivre notre action en faveur du développement de la commune, notamment par la lutte contre le squatte d’espaces publics et le lancement des projets de développement afin d’améliorer le cadre de vie des citoyens», nous dira-il encore.

Youcef Z.

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