Entre satisfaction et mécontentement

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L’APC de Darguina a procédé, avant-hier, à la distribution de 45 logements sociaux, sur 53, au profit d’habitants se trouvant dans des situations précaires. L’opération s’est déroulée dans un climat très détendu, en présence du wali de Béjaïa par intérim, M. Toufik Mezhoud, du P/APW, M. Mehenni Haddadou, des directeurs du logement et de l’OPGI, du député Nacer Abdoune et des autorités locales civiles et militaires. Les dits logements ont été achevés en 2014 et les bénéficiaires ont dû encore patienter toutes ces années, malgré leurs situations. La liste a connu plusieurs contestations et c’est pour cette raison que huit logements n’ont toujours pas été attribués. La commission des recours n’a pas encore tranché à leurs sujets. Sur les 100 logements dont avait bénéficié Darguina, 47 ont été délocalisés vers Oued Ghir pour manque d’assiettes constructibles. Avant de procéder à la remise des clés, le P/APC, le P/APW et le wali prirent successivement la parole, félicitant les familles et les remerciant pour leur patience. Le P/APC, M. Rachid Khalef, a saisi l’occasion pour souligner l’insuffisance du quota de logements accordé à sa commune, toutes formules confondues : «Nous avons mille demandeurs pour seulement 53 logements sociaux et 400 demandeurs pour un quotas de 70 logements ruraux. Pour une commune de 82 kms carré et 15 000 habitants, l’offre est vraiment en deçà des espérances de la population», a-t-il expliqué. Il ajoutera : «Je tiens ici à dénoncer la disparité qui existe entres les régions quant aux différents projets octroyés dans différents secteurs. Certaines communes de Béjaïa et ailleurs en Algérie, alimentées à plus de 60% en gaz de ville, continuent à réclamer, cela me laisse pantois ! Non pas que je leur en veuille, mais parce que Darguina est à 00% ! Notre commune, qui a beaucoup souffert pendant la guerre de décolonisation, puis durant la décennie noire, est trop marginalisée». Rappelons que Darguina est une commune rurale dépourvue d’assiettes foncières et que le logement rural reste la seule solution pour faire face à la crise du logement. Il faudra par ailleurs viabiliser les différents villages. Le P/APW, M. Haddadou, rassurera : «Pour satisfaire encore plus de familles, les 47 logements sociaux toujours inscrit à l’actif de la commune de Darguina seront construits bientôt. Nous ferons le maximum pour dégager une assiette». Il évoquera lui aussi le gaz de ville et d’autres projets en hibernation : «Actuellement, nous sommes en train d’essayer de relancer le projet d’alimentation en gaz de ville et j’espère, qu’avec l’aide de tous, nous y parviendrons bientôt», dira-t-il. De son côté, le wali a tenu à rendre hommage à la commune de Darguina et à ses habitants : «Je suis très heureux d’être aujourd’hui avec vous. Vos préoccupations sont les miennes. Darguina est notre commune à tous et il n’est pas normal qu’elle demeure marginalisée. L’Etat a toujours mis les moyens, il a consenti des montants colossaux pour le développement. Bejaia est une wilaya gâtée par la nature, elle compte parmi les reliefs les plus beaux au monde. Elle a réussi à déjouer toutes les manœuvres, avant et après l’indépendance. Elle détient le record dans le nombre de martyrs, de moudjahidine et de sommités intellectuelles. La Kabylie est le cœur battant de l’Algérie. Depuis 1999, Bejaïa a bénéficié de 113 000 logements, 80 000 ont été déjà réalisés et le reste suivra. Après la visite du ministre de l’Intérieur, Béjaïa a bénéficié d’une belle cagnotte pour la viabilisation des logements déjà construits». En marge de la cérémonie, M. Lasmi Laid, un ancien moudjahid et premier P/APC de Darguina, a apostrophé le wali pour lui faire part de «l’injustice» qu’il subit. Le wali lui promettra de le recevoir en tête-à-tête pour mieux cerner le problème. Nous apprendrons que la localité de Lota Ouzemmour, où habite M. Lasmi avec une quinzaine d’autres familles, est, selon ses habitants, abandonnée par les pouvoirs publics. «Depuis les glissements de terrains de 2014, cette localité vit sans route, ni assainissement, ni éclairage public. La zone est considérée comme sinistré mais rien n’a été fait pour y remédier», nous diront certains de ses habitants présents sur les lieux. «Nos bâtisses risquent l’affaissement à chaque période pluvieuse. Personne ne s’occupe de nous, nous ne savons même pas si nous pouvons continuer à y habiter ou si nous devons évacuer nos maisons. Nous sommes vraiment désemparés !», nous diront-ils encore.

Saïd M.

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