Le CNDIA dénonce une «entrave»

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L’enseignement de tamazight dans la wilaya de Bouira est, encore une fois, confronté à des dysfonctionnements majeurs. En effet et selon M. Hamid Derradj, coordinateur du collectif national pour la défense de l’identité amazighe (CNDIA), huit enseignants de la langue amazighe du palier moyen ont été dégradés, récemment, par la Direction de l’éducation de Bouira vers des postes pour l’enseignement de tamazight au niveau du cycle primaire. Toujours selon M. Derradj, qui est aussi l’un des fondateurs de l’association de wilaya des enseignants de Tamazight, ces enseignants viennent de recevoir des décisions signées par le directeur de l’éducation, portant sur leurs affectations vers des établissements du primaire, sans qu’ils ne soient informés au préalable des motifs de cette décision. M. Derradj explique encore que ces enseignants étaient, à l’origine, des enseignants du primaire mais ils ont été recrutés à partir de 1995 dans des postes pour l’enseignement de Tamazight dans les établissements du moyen, où ils ont exercé durant les 23 dernières années pour leur majorité. Notre interlocuteur ajoute que ces instituteurs, et malgré leurs expériences et leurs anciennetés dans le domaine ainsi que leurs diplômes universitaires, n’ont jamais été confirmés dans leurs postes et se retrouvent aujourd’hui obligés à changer d’établissements et de palier : «Nous avons été surpris par la décision de la Direction de l’éducation qui, au lieu de les installer officiellement dans leurs postes, les a réorientés vers l’enseignement primaire. Ces enseignants attendent actuellement leurs retraites après de longues années passées à enseigner cette langue dans des établissements du moyen. D’autres enseignants, avec le même statut, sont d’ailleurs actuellement en retraite. Aucune justification ni motif administratif n’a été avancé par le responsable de l’académie. Cette décision intervient comme une entrave à la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans la wilaya de Bouira. Pour nous, il s’agit d’une dégradation morale, psychologique et pédagogique inacceptable !», se désole M. Derradj. Et d’ajouter : «Ces enseignants exercent dans des CEM de Bouira, Lakhdaria, Bechloul, Ahnif, Lakhdaria, Haïzer et Aït Laâziz. Nous nous demandons si les postes budgétaires, désormais vacants, seront occupés par d’autres enseignants de Tamazight ou supprimés de la carte de l’éducation de la wilaya ?», s’interroge notre interlocuteur. Le coordinateur collectif national pour la défense de l’identité amazighe, que nous avions reçu hier dans notre bureau, a tenu à dénoncer la «marginalisation» de l’enseignement de Tamazight dans la wilaya de Bouira, particulièrement à travers les concours de recrutement des enseignants organisés chaque année par l’académie. Il estime que le nombre de deux postes budgétaires accordés pour cette langue, en prévision du concours de recrutement du mois de juin prochain, est «insignifiant et dérisoire» vu l’engouement et la forte demande que suscite Tamazight à travers l’ensemble des communes de la wilaya : «Au moment où la ministre de l’Éducation parle de généralisation de l’enseignement de Tamazight sur le territoire national, dans la wilaya de Bouira, elle continue d’être victime d’une marginalisation sans nom. Pour preuve, le nombre de deux postes réservés à cette matière pour le prochain concours de mois juin est insignifiant, dérisoire et inadéquat face à la forte demande de la population locale. La Direction de l’éducation de Bouira, et au lieu de répondre favorablement à cette demande, minimise le nombre de postes budgétaires et les moyens qu’elle accorde à sa généralisation», a-t-il aussi ajouté. Pour rappel, la Direction de l’éducation de la wilaya de Bouira a annoncé, récemment, la tenue d’un concours pour le recrutement de nouveaux enseignants de différents paliers au mois de juin prochain. L’enseignement de Tamazight n’aura droit qu’à deux postes budgétaires. Il faut dire que les postes accordés à Tamazight dans la wilaya de Bouira n’ont jamais été en nombre suffisant, contrairement à l’engouement et à la demande qui ne cessent de s’amplifier. Tout le monde se souvient du concours de recrutement organisé en 2014, avec l’ouverture d’un seul poste budgétaire pour l’enseignement de Tamazight. Un état de fait qui avait suscité beaucoup de réactions, notamment de la part des étudiants de l’université de Bouira qui ont mené, à cette époque, une grande marche suivie d’une grève ouverte pour réclamer l’augmentation du nombre de postes budgétaires accordés pour Tamazight. Une revendication qui se pose toujours pour ces étudiants.

Oussama Khitouche

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