Le FFS ne semble pas intéressé par l’élection présidentielle de 2019 plus qu’il n’est pris par l’urgence de restructurer le parti. Après un épisode marqué par des houles ayant menacé sa structure dirigeante, le FFS s’attèle à son projet de consensus national pour rebondir.
Hier, le premier secrétaire du plus vieux parti de l’opposition, Mohamed Hadj Djilani, était à Tizi-Ouzou, pour assister au conseil fédéral extraordinaire de cette wilaya. Dans son allocution d’ouverture, le premier secrétaire a mis en exergue la place qu’occupe la fédération de Tizi-Ouzou au sein du parti : «Si le FFS va mal à Tizi-Ouzou, il ira mal sur tout le territoire national. Vos résultats des locales ont rassuré la direction et je peux affirmer que le FFS va bien», dira-t-il à l’adresse des militants. Le premier secrétaire du FFS, reconduit dans son poste le 1er Mai dernier, commentera le projet de règlement intérieur de l’APN proposé par la commission juridique du parlement. Il exprimera le «rejet» de son parti de ce projet, considérant que «c’est une autre régression en termes de liberté de l’action parlementaire». Sur le plan économique, il regrettera que le pays «ne parvienne pas encore à assurer son développement». Pour Hadj Djilani, «s’en remettre au secteur privé étranger n’est pas la solution». Sur le plan social, dira-t-il, «le pays ne dispose plus de ressources suffisantes pour assurer un niveau de vie décent à une population croissante ni une protection sociale aux plus démunis». Il a réitéré la disponibilité de son parti à accompagner les luttes syndicales, les forces de changements, plaidant pour un «Etat social sans ambiguïté». Il a par ailleurs appelé à «choisir» entre le libéral et le social, car pour le FFS, «tenir un discours libéral et parler de justice sociale est incompatible». Le premier secrétaire du parti appellera également à «l’ouverture du débat démocratique» et à la création des conditions nécessaires pour la «reconstruction du consensus national».
«Le consensus national est une feuille blanche»
En marge de la rencontre, interrogé par La Dépêche de Kabylie sur la démarche qu’il compte entreprendre pour rassembler toutes les énergies, notamment dans la wilaya de Tizi-Ouzou où les rangs sont dispersés suite à la crise organique vécue par le parti, le premier secrétaire national du FFS expliquera que sa démarche «ne date pas d’aujourd’hui mais du 30 décembre dernier» où il avait déjà appelé tous les militants au rassemblement de toutes les énergies. Dans le même sillage, le premier secrétaire niera l’existence de clans au sein du parti, reconnaissant toutefois «un dysfonctionnement et des divergences entres camarades», il dira «saluer la leçon de militantisme et de démocratie» donnée par les congressistes du 20 avril dernier. Pour le premier secrétaire du FFS, le parti «a franchi un pas et est actuellement en phase de reconstruction et de restructuration». A propos de sa participation au conseil fédéral extraordinaire, il précisera : «J’ai été installé par l’IP avec une feuille de route qui compte, entre autres, le renouvellement des fédérations et des structures, la préparation d’une conférence d’audit, pour préparer le congrès ordinaire prévu en 2019. Donc, la rencontre d’aujourd’hui, c’est pour renouer avec nos militants, évaluer la situation organique de nos structures, tracer un plan d’action relative à cette fédération». Hadj Djilani lancera ensuite un appel à tous les anciens militants du parti qui n’ont «pas fait de mal au FFS et qui n’ont pas de problèmes avec le parti», pour rejoindre à nouveau «leur parti». Sur la question des perspectives politiques du parti, le premier secrétaire réaffirme son attachement au projet du consensus national. «Il y a eu plusieurs rencontres avec la société civile à cet effet. Et nous continuons d’appeler à ce projet, car convaincus que c’est la seule solution possible à la crise multidimensionnelle que traverse le pays», a-t-il souligné. Le responsable a estimé que si le projet n’a pas eu l’écho escompté au départ, c’est qu’il «n’était pas bien muri», refusant ainsi de parler d’échec du projet. Et d’ajouter : «On est réconfortés de voir d’autres partis, même au sein du pouvoir, appeler à un consensus national. Il y a une évolution et le moment est actuellement propice pour la reconstruction du consensus…». Toujours sur ce projet, il précisera qu’il est «une feuille blanche ouverte aux autres acteurs politiques et sociaux pour l’enrichir». «Comme il y a eu d’autres appels au consens, il ne reste qu’à s’entendre sur les modalités», ajoutera-t-il. Le FFS, notera son premier responsable, tient toujours à son ancienne revendication «la constituante», l’estimant «non-contradictoire avec le consensus national». Sur la présidentielle, il indiquera que «cette échéance ne fait pas partie de l’agenda du parti», qui est «beaucoup plus préoccupé par la situation économique et sociale du pays», précisera-t-il. «La présidentielle n’est pas pour demain, donc le parti a tout le temps pour s’exprimer la-dessus», expliquera-t-il encore. Revenant sur la situation organique, à propos de la direction collégiale du parti, instaurée pour rappel du vivant de feu Hocine Aït Ahmed, son chef historique, Hadj Djilani expliquera que «les congressistes de 2019 auront à décider de la question de la gestion du parti», ajoutant que «chaque mode de gestion a ses qualités et ses défauts et le FFS a toujours privilégié la collégialité».
Kamela Haddoum.