La wilaya de Tizi-Ouzou a «célébré», hier, la Journée mondiale de l’environnement, placée cette année sous le thème «Combattons la pollution plastique !»
Pour l’occasion, des expositions, conférences et autres activités ont été organisées à la maison de l’environnement sise au chef-lieu de wilaya. L’environnement, un enjeu planétaire de taille, est devenu une vraie problématique. Aujourd’hui, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, l’environnement va mal. Sur les 900 tonnes de déchets produits par jour, 50 % vont dans les décharges sauvages ou carrément dans la nature, a-t-on révélé hier à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. Le constat est alarmant et la situation est, le moins que l’on puisse dire, désastreuse. Mais le plus alarmant est l’absence de solutions concrètes à terme, notamment, en raison de l’absence d’une réelle politique de gestion efficace dans la wilaya qui pourrait mettre fin à ce désastre. De la prolifération de décharges non contrôlées aux déchets dans tous les coins de rues, les espaces publics et dans les forêts, Tizi-Ouzou est devenue une décharge à ciel ouvert, sous les regards impuissants des responsables et des élus qui, pourtant, à chaque campagne électorale, en font un cheval de bataille. De nombreuses associations activent aussi dans le domaine. L’on ne devrait, certes, pas éluder les bonnes intentions des uns et des autres, car des efforts ont été consentis, mais force est de constater que la situation n’évolue pas… Elle va même de pire en pire ! Dans le cadre de sa politique de lutte contre les déchets ménagers, l’État a pourtant attribué à la wilaya plusieurs projets structurants. En tout, sept CET intercommunaux ont été accordés. Ils sont localisés respectivement à Oued Falli, Draâ El-Mizan, Boghni, Ouacifs, Mizrana, Fréha et Illoula Oumalou. Seuls les quatre premiers sont fonctionnels. Quant aux trois derniers projets, depuis leur inscription en 2012, ils ont été gelés à cause des oppositions de citoyens. Des problèmes non résolus à ce jour. L’on se demande, d’ailleurs, quel est le rôle des élus dans ce processus, eux qui sont censés apporter des solutions et être le canal de communication entre la population et l’administration. Le plus important CET au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou est celui d’Oued Falli, mis en service en 2009. Il est conçu initialement pour recevoir quotidiennement les déchets ménagers de trois communes, à savoir celle du chef-lieu, Tirmitine et Draâ Ben Khedda. Actuellement, onze autres communes acheminent leurs déchets dans ce centre. Une note de la direction de l’environnement a été adressée à ces communes, les informant que ledit CET ne pourra plus recevoir leurs déchets à partir du 30 juin prochain. La raison de cet arrêt (annoncé) est l’incapacité de ce site d’accueillir une aussi importante quantité de déchets, particulièrement après l’éboulement qu’a subi un des deux casiers, en janvier 2017. Les travaux pour sa réfection, qui sont en cours, s’inscrivent dans le temps, de l’avis des observateurs. Le deuxième casier, mis en fonction depuis, est déjà à 45 %, sachant que 35 % sont les restes de l’éboulement. Cette décision d’arrêter l’acheminement des déchets de ces communes au CET d’Oued Falli a fait couler beaucoup d’ancre et susciter de vives réactions notamment des communes concernées qui se disent sans moyens ni connaissances pour venir à bout de mal. À titre d’exemple, l’opération d’acheminement des déchets à coûté 160 millions de centimes à la commune de Sidi Naamane et 300 millions de centimes pour celle de Maâtkas, d’après les P/APC des deux localités concernées par l’acheminement des déchets au CET d’Oued Falli. La direction de l’environnement a suggéré de régler le problème des CET bloqués ou, à défaut, trouver d’autres sites. Et contre toute attente l’administration wilayale a fini par ceder à la pression des communes mise en demeure. La wilaya a donc décidé de sursoir à la décision de restreindre la liste des municipalités autorisées à jeter leurs déchets à Oued Falli jusqu’à «un nouvel ordre». Bien entendu c’est pour permettre aux autres communes du centre d’acheminer leurs déchets dans ce CET, tel qu’indiqué sur la correspondance envoyée à l’établissement l’EPIC, précisant que la décision est nécessaire «en vue d’éviter le risque de prolifération des déchets ménagers, notamment en cette période estivale». C’est sans doute une démarche louable, mais qui malheureusement ne règle pas le problème. Avoir une vraie politique de gestion des déchets serait la solution. Les CET bien que nécessaires actuellement, ne peuvent constituer la meilleure solution au problème, de l’avis des spécialistes et même des responsables du secteur qui parlent déjà du tri sélectif comme alternative. L’exemple des villages de la commune de Bouzeguène, à l’instar d’Iguersafen, est encourageant. La wilaya de Tizi-Ouzou dispose déjà d’un centre de tri au niveau du site d’Oued Falli. En matière de récupération des déchets plastique et PET au niveau des CET. Mais sur la quantité globale de 180 tonnes/jour acheminée, seul 5 % sont récupérés. Il y a lieu de signaler que deux projets, qui peuvent apporter des solutions à cette problématique, sont sans suites. Concernant le projet du centre de la gestion linéaire des déchets, dont l’étude a été réalisée en 2012, aucune suite n’a été donnée aux sollicitations de la direction concernée pour le lancement du projet pour motif financier. Aussi, se trouvant dans quasiment la même situation, le projet de l’incinérateur des déchets ne voit toujours pas le jour.
Kamela Haddoum.