Les marchands des fruits et légumes s’approvisionnent dans les oasis du Sud, où la production de la pastèque est abondante cette saison, coïncidant avec le mois de Ramadhan.
Ainsi, des tonnes de ce fruit très apprécié, avec ses différentes couleurs et volumes, inondent ces jours-ci les marchés et points de vente des fruits et légumes, comme c’est le cas aussi des accotements des routes. Ayant bénéficié d’une aide Ansej qui lui a permis d’acquérir un camion, Hamid, un jeune commerçant des fruits et légumes d’Amizour, est l’un des marchands qui proposent à la vente ce produit. Et pour s’en approvisionner, il est appelé à faire des navettes hebdomadiers vers El Menea ou Hassi lefhal, dans la wilaya de Ghardaïa, donc à plusieurs centaines de kilomètres de chez lui. «Dieu merci, la production de la pastèque est très bonne cette année, on en achète facilement. On arrive à écouler notre marchandise très facilement aussi dans notre région, surtout que son prix est vraiment abordable et sa qualité est excellente», se félicite-t-il. Hamid dira, cependant, préférer vendre sur le bord d’une route nationale, comme c’est le cas d’ailleurs de plusieurs marchands. L’aubaine s’avère attractive vu le nombre d’automobilistes qui s’arrêtent aux bords des routes, où ont été installés les étals des fruits et légumes, pour s’offrir le fruit, sinon un morceau emballé soigneusement dans du papier cellophane. Cette nouvelle tradition répandue dans les marchés offre l’occasion aux petites familles et aussi aux petites bourses de se procurer ce fruit juteux. «Avec les prix exorbitants des autres fruits proposés dans nos marchés, je n’achète ces jours-ci que de la pastèque, surtout que tout le monde chez moi en raffole», estime un habitant du chef-lieu de wilaya. Il est vrai que les prix proposés pour le kilogramme de ce produit sont tolérables, du moins ces jours-ci. Ils sillonnent entre 40 et 55 dinars, devant ceux du melon (130 DA), la cerises (900 DA), la banane (330 DA) et même des abricots (200 DA). «J’ai une famille nombreuse. Donc, vu la cherté de la vie et les nombreuses dépenses qui nous attendent à la veille de l’Aïd, je ne peux offrir comme fruit aux miens que de la pastèque, car avec 300 DA à débourser, j’aurai au moins 6 kg de ce fruit à la place, par exemple, d’un kilogramme de bananes», jugea un autre habitant. A vrai dire, il est presque une habitude de rentrer chez soi avec une pastèque à la main pour une bonne partie des citoyens. Un autre consommateur avoue être un accro de la pastèque, vu ses vertus pour la santé, sa valeur nutritive et sa richesse en eau et en autres vitamines, en sus de sa faible teneur calorique. «Il y a de quoi se désaltérer sans risque de prendre du poids», dit-il. La pastèque, issue de la famille des cucurbitacées, est appelée aussi Citrullus Lanatus ou carrément melon d’eau, en référence à sa richesse en eau (93%). Elle n’est pas seulement convoitée pour ses vertus nutritionnelles, mais aussi pour ses prix des plus abordables. Sa vente est toute une culture, car le consommateur cherche toujours à avoir une pièce bien juteuse et sucrée. Pour cela, il y a beaucoup d’indices qui distinguent une bonne pastèque d’une mauvaise, à défaut de la pratique «Tabaa», qui consiste à en découper un morceau pour assurer le chaland de la bonne qualité de son fruit de saison. Il s’agit là d’une forme de garantie. Chacun utilise son «savoir-faire» pour trouver sa pastèque de choix, et certains jouent même les «maîtres-pastèques» qui, en tapotant le produit, arrivent «diagnostiquer» l’état interne du fruit. Tout cela fait que le melon d’eau reste un fruit de convoitise et fait les affaires des marchands. Parmi tout cet engouement, un point négatif est toutefois à déplorer. Il s’agit des conditions d’hygiène dans lesquelles est vendu ce fuit de saison qui laissent souvent à désirer. Cependant, ce fruit du pauvre qui procure plaisir à ses accros a une histoire dans chaque société. Il reste un produit agricole énigmatique car, bien qu’utilisé et fortement connu comme un fruit, il est classé légume, avec le concombre et la courge.
Nadir Touati

