Menaces permanentes sur la santé publique

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Tous les moyens sont bons pour se faire quelques pièces en ce mois sacré, et certains n’hésitent pas à recourir au commerce informel, exposant la vie des consommateurs au danger. Aussi bien aux abords des marchés que dans les enceintes de ces aires de négoce, des gosses ou des vieux proposent à la vente des denrées alimentaires sensibles, parfois à même le sol, faisant fi des règles d’hygiène les plus élémentaires. C’est le cas pour les feuilles de diouls traditionnelles, vendues dans des sachets non hermétiques. Les commerçants ne semblent nullement se soucier des bactéries et des moisissures, proliférant en ces périodes de chaleur, qui risquent d’altérer les denrées étalées. Plusieurs personnes s’adonnent ainsi à la vente de ces produits faits-maison en jouant au chat et à la souris avec les policiers, qui effectuent, pourtant, régulièrement des patrouilles au niveau du marché couvert de la ville de Bouira. Mais malgré les rondes policières, les vendeurs de diouls et autres produits périssables trouvent toujours le moyen d’écouler leurs marchandises, quelques mètres plus loin. Pour les herbes aromatiques, indispensables pour la chorba et autres mets, c’est le même topo. Si l’on se fie à leur couleur bien verte, elles semblent fraîches, mais leur origine serait douteuse, à en croire certains initiés. «Les jeunes qui revendent ces herbes se sont préparés depuis bien longtemps pour avoir assez de marchandise, tout au long de ce mois de Ramadan. Et si vous faites un tour à la périphérie de la ville de Bouira, vous verrez que ces herbes poussent à profusion à proximité d’un cloaque, formé à quelques mètres d’Oued D’hous», affirme un adolescent qui soutient que les herbes qu’il propose, lui, sont issues du jardin familial. Argument de vente ou réalité ? Il est impossible de distinguer une herbe aromatique de jardin de celle provenant de terrains se trouvant à proximité d’Oued D’hous.

Des conditions d’hygiène inadmissibles !

Les confiseries sont également revendues dans des conditions d’hygiène qui laissent à désirer, d’autant plus que la plupart des vendeurs à la sauvette de la zlabia, à titre d’exemple, affirment que leurs marchandises provient «à 100% de Boufarik». C’est, en effet, la nouvelle formule usitée pour ce mois de Ramadhan, pour indiquer l’origine de la zlabia vendue à Bouira. Cependant, si l’on se fie aux dires des jeunes vendeurs de zlabias, et en admettant que ces confiseries soient réellement acheminées de Boufarik, on peut, dès lors, se demander dans quelles conditions elles l’ont été. Parfois, dans des fourgons vétustes, sales et poussiéreux, comme il est aisé de le constater lorsque les zlabias «en provenance de Boufarik» «débarquent» à Bouira, recouvertes d’un film cellophane pour le plat du dessus et sans autres formes de protection pour les autres cageots, sur lesquels dégoulinent du miel. A peine les friandises exposées, elles sont aussitôt «recouvertes» de nuées de mouches, guêpes et abeilles. Les éléments de la Police sont pourtant à cheval lors de leurs contrôles de routine pour débusquer les vendeurs de zlabia qui n’ont pas l’autorisation requise pour ce genre d’activité. De grandes quantités de marchandises sont d’ailleurs souvent saisies. Il faut dire signaler qu’aux alentours de l’ex-gare routière de Bouira, les zlabias sont exposées à quelques mètres des canalisations d’eaux usées qui s’écoulent sur les trottoirs. Des odeurs pestilentielles, mélangées aux doux relents sucrés, émanent des lieux, ce qui dissuaderait la plupart des chalands d’en acheter. Cependant, ces odeurs n’incommodent pas outre mesure certaines personnes qui font la queue dans des flaques nauséabondes, pour se faire servir un kilo de zlabia auprès des revendeurs qui, eux, disposent d’une autorisation spéciale. A signaler également qu’à moins d’une semaine de l’Aïd El Fitr, d’autres étals ont fait leur apparition, en sus de ceux des jouets, pétards, feux d’artifice et autres produits pyrotechniques, qui envahissent les rues et les marchés. Il s’agit de confiseries turques et orientales qui sont exposées au soleil, entre des nuées de mouches, parfois recouvertes d’un papier cellophane poussiéreux. Ces confiseries sont coupées à l’emporte-pièce avec un ustensile ressemblant à une truelle. Les revendeurs, jeunes pour la plupart, ignorent eux-mêmes d’où proviennent les produits qu’ils exposent. Des nougats d’importation qui doivent pourtant être conditionnés et stockés dans des endroits frais et à l’abri du soleil, à des températures n’excédant pas les 18°. Au final, ce mois de Ramadhan demeure toujours aussi sensible pour la santé du consommateur. «Consommons sain, moins sucré, moins salé en évitant le gaspillage», le slogan adopté par le ministère du Commerce pour ce mois de Ramadhan, sonne creux et n’aura, au bout du compte, réussi à convaincre ni le consommateur, ni encore moins les opportunistes profitant de la moindre occasion, pour satisfaire leurs «boulimie ramadanesque».

Hafidh Bessaoudi

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