Les faits remontent à l’après-midi du 3 décembre 2004, lorsque ce jour-là, au village agricole de la Soummam, l’accusé Y. M. S., 41 ans à l’époque, rentre chez lui après avoir consommé, déclare-t-il à l’audience, quelques bières dans un hôtel à Akfadou. A la maison, il trouve des invités : 2 femmes et 1 homme qui seraient de la belle-famille de sa fille. Déjà du fait qu’il ne connaisse pas l’homme, la moutarde lui monte rapidement au nez. De plus, l’appareil de téléphone auquel il a enlevé les fiches et coupé les fils, puisqu’il est à l’origine de factures faramineuses qu’il peine à honorer, et surtout de nombreuses blessures causées à sa dignité d’homme, cet appareil, il le trouve rebranché à son insu. Ne se contenant plus, il déclenche les hostilités avec sa femme avec laquelle il est marié depuis 26 ans, et qui lui a donné 5 enfants. L’aîné intervient et sépare les antagonistes. La mère et les enfants se réfugient dans la chambre du grand-père. L’accusé déclare avoir reçu au cours de l’altercation plusieurs coups au visage de la part de sa femme. La nuit, il la passera à circuler dans le couloir et à faire des allers-retours entre sa chambre et la cuisine. A l’audience, il a été aussi beaucoup question de l’arme du crime qui est un couteau ramené du Maroc, à la fin des années 80, et qui a une lame longue de 50 cm. Cet effroyable objet, après avoir disparu de la maison depuis deux ans, refait subitement surface, et l’accusé le retrouve sous le matelas de l’une de ses filles.Le lendemain matin, soit le 4 décembre 2004 à 6 h 30, alors qu’il se prépare à se rendre au marché hebdomadaire d’Akbou, il entend le bruit d’une porte qui s’ouvre. C’était sa femme qui allait aux toilettes. Il se dirige vers elle, le couteau à la main. Et ce fut-là qu’il lui asséna, selon l’accusation, deux profonds coups à la poitrine. Au président du tribunal, il indique qu’il n’avait eu conscience de la gravité de son geste que lorsque sa victime s’est mise à crier. Et juste après, précise le défenseur, il accourt chez les gendarmes pour leur déclarer qu’il venait de tuer sa femme.L’accusation qui a requis la réclusion criminelle à perpétuité s’est surtout attelée dans son intervention, après avoir relaté les détails de l’affaire à rendre toute l’horreur qu’inspire une lame de 50 cm entre les mains d’un criminel.Quant à la défense assurée par deux avocats, dont Maître Benouaret, après avoir mis en avant le fait que l’accusé lui-même est victime de son propre geste, puisqu’il se retrouve du coup veuf avec 5 orphelins de mère sur les bras, s’est surtout évertué à plaider la non-préméditation et à réfuter le guet-apens. Aux termes de la plaidoirie, elle demande au tribunal de faire bénéficier son client de larges circonstances atténuantes.Après délibérations, le président prononce le verdict qui est de 15 ans de réclusion criminelle.
B. Mouhoub
35 affaires enrôlées
n Le tribunal criminel près la cour de Béjaïa aura à examiner au cours de la présente session, qui a débuté le 1er avril et qui prendra fin le 26 du même mois, pas moins de 35 affaires dont la majorité ont trait à des meurtres. Le reste est partagé entre association de malfaiteurs, attentats à la pudeur et dilapidations de deniers publics.
B. M.